mercredi 26 janvier 2011

Bordeaux sans berger?

Bordeaux traverse une crise - de résultat et de confiance - qui ne cesse de s'aggraver, faute de sérénité dans la gouvernance.
Le Haillan a perdu de sa splendeur tranquillité. Le nid imperméable à la mièvre pression médiatique a pris feu. Comme si la présence quotidienne du président Jean-Louis Triaud et de la moitié de l’effectif dans les journaux pour convaincre Kévin Gameiro de rejoindre les Girondins avait retourné la Garonne. Le Lorientais a poliment décliné l’enterrement au cœur des vignes. Et avec ce refus, la machine s’est emballée un soir de défaite sur la Cannebière. Le match de la dernière chance perdu, le vestiaire s’est ouvertement fracturé. Les brouilles entre des égos surdimensionnés ont explosé et tout un effectif, ou presque, s’est carrément désolidarisé de son entraîneur pour sortir piteusement en Coupe de France à Angers. Entre deux revers, Moussa Maazou a avoué qu’il se « battait les couilles » du mécontentement des supporters et que ses coéquipiers ne lui donnaient pas de bons ballons.
Alors que Paris, Lyon, Saint-Etienne et Marseille tiennent leurs rangs, les médias ont tourné leurs caméras vers le Sud-Ouest. Logique. Surtout quand le club ne sait pas gérer les crises depuis si longtemps.
Alors tout sort. Que Michel Pavon, l’adjoint et accessoirement directeur sportif, a retourné le vestiaire du FCGB contre l’entraîneur principal, Tigana. Pourquoi ? Pour prendre sa place, pardi. Son cuisant échec de 2003 à 2005 (12e et 15e) n’a pas suffit. Il attend depuis que le train repasse. Triaud y est favorable. Pas Nicolas De Tavernost, le PDG de M6, actionnaire du club. Alors le président a pensé à Courbis, au casier judiciaire trop lourd pour l’actionnaire. Baup, alors. Les longs mois de procédures aux prud’hommes ont irrité M6, qui préférerait Ricardo. Soit quatre des six derniers entraîneurs Girondins. Que d’imagination. Surtout que Blanc est pris et ne reviendra jamais et que Stéphan est désormais adjoint de Deschamps à Marseille.
Du coup, comme pour le recrutement d’un attaquant, faute d’accord, on mise sur le statu quo assumé.


Les supporters deviennent chèvres


Seulement les supporters sont entrés en résistance. Contre Maazou, qui est désormais exclu du groupe. Et contre les joueurs en général. Pas forcément l’entraîneur. Jean Tigana aime Bordeaux. Il n’a jamais triché avec ce maillot sur les épaules. Il est revenu pour aider son club. Certes, c’est un échec sportif et son départ paraît inévitable tant la fracture avec son groupe est profonde. C’est peut-être même ses méthodes, trop froides et rigides, qui sont révolues. Mais entendre Diarra vouloir un « déclic » et dire qu’il ne veut pas rester deux ans sans jouer la Ligue des Champions est insupportable. Qu’il soit irréprochable sur le terrain. Il la jouera peut-être même à Bordeaux. Ciani rêve d’Arsenal et des Bleus deux jours après avoir offert deux buts à Marseille. C’est au mieux drôle. Au pire pathétique. Alors, les supporters ont tagué le centre d’entraînement. Ils l’ont rebaptisé la "bergerie". La seule réponse du club fut d’instaurer un huis clos généralisé. Pour le dialogue et les excuses, veuillez repasser.
En début de saison, Lyon a traversé une crise bien plus violente. Les plus fidèles supporters demandaient le départ de l’entraîneur à chaque match, même à l’extérieur. Le journal L’équipe a visé Puel. Aulas s’est énervé, trop sûrement. Mais depuis 13 matches en L1, Lyon ne perd plus. Et l’OL pourrait bien remporter le titre en mai prochain. C’est bien connu, on apprend plus de ses échecs. Bordeaux s’est découvert des failles à tous les étages. Dans le haut de la bergerie, surtout…