mardi 21 septembre 2010

Arles-Avignon, la galéjade permanente

Depuis trois mois, Arles-Avignon offre un spectacle indigne pour un club qui s'est construit d'exploits permanents. Après six matches, leur saison parait déjà gâchée.

Arles-Avignon est parti à la chasse à Grenoble en cette saison 2010-2011. Comme pour le GF 38 il y a un an, le début d’exercice des sudistes est calamiteux. Zéro point en six matches et zéro but marqué à domicile en trois rencontres, le constat est amer, forcément. Voici les Avignonnais à mi-chemin du record grenoblois arrêté à 12 défaites un samedi soir automnal à Monaco (0-0, le 7 novembre). Mais quand Mecha Bazdarevic transmettait de la pitié, devant un bateau coulant, sans raison apparente, si ce n’est un niveau insuffisant agrémenté d’une malchance chronique, Arles-Avignon pousse à une moquerie, un brin cynique, certes. Mais qu’il est rassurant, plaisant presque, d’observer que l’incompétence et l’ingratitude amène à l’échec. Car, outre le bilan comptable, qui ne signifie pas encore une relégation dans quelques mois, le petit club qui a monté de quatre divisions en cinq saisons a eu un discernement proche du néant.
Certes, Marcel Salarno, en reprenant le club en juin dernier l’a sauvé d’une probable lourde chute, face au problème de trésorerie. Au bord du gouffre financier, son arrivée accompagnée de ses deniers a permis à l’ACA de découvrir la Ligue 1. Mais avec un léger recul, était-ce nécessaire ?
Depuis la reprise de l’entraînement, en juin, Arles-Avignon fait sourire l’ensemble du football français. Avec le départ de Michel Estevan dès la reprise, finalement réintégré, puis un mercato « hallucinant » achevé avec 18 joueurs, chômeurs pour la plupart et non souhaités par un entraîneur à l’influence inexistante. Le Pôle Emploi de l’Europe s’est ainsi offert une défense made in Real Madrid avec Pavon et Meija et un secteur offensif champion d’Europe avec Basinas et Charisteas. Mais ces trophées sont anciens. Et à vouloir collectionner des vieilles gloires, au lieu de conserver un petit noyau des exploits passés, Arles a perdu ce qui faisait sa force, son âme, encore plus avec la récente mise à l’écart, définitive cette fois, de l’entraîneur, Michel Estevan, lâché par un vestiaire composé de joueurs meilleurs dans les complots que sur un terrain. Preuve du climat malsain, Robert Duverne a quitté le navire à la nage, préférant reprendre un rôle e préparateur physique à Aston Villa, plutôt que d'être second à Arles.

Fin forcément tragique ?

Désormais, alors qu’un entraîneur est recherché et que, étrangement, des kamikazes sont prêts à définitivement ternir leur réputation dans un projet déjà fou, qu’est le maintien de l’ACA, un seul souhait vient à l’esprit, que le vent de fraîcheur distribué depuis des années ne se termine pas en disparition pure et dure. Comme les supporters l'ont écrit " Estevan, cinq ans pour construire. Salerno, 3 mois pour tout détruire. "
En tout cas, pour l’instant, on rigole, mais dans quelques mois, c’est une région entière qui pourrait pleurer et revenir en arrière en délimitant son cœur à l’OM, qui ne craint dégun. A Arles on respecte dégun, c'est toute la différence.

mardi 7 septembre 2010

Le début de quelque chose

La France a dominé la Bosnie-Herzégovine mardi soir (0-2) et a retrouvé la route du succès après sept matches sans victoire. Un renouveau prometteur.

La fameuse expérience devant le but tant décriée par Laurent Blanc a trouvé un écho favorable en un mardi soir aux aspects de renouveau, de révolution même si on osait oublier en une heure et demie à Sarajevo tout ce qui s’est passé récemment. Mais avant de conclure au début d’une nouvelle épopée, attendons une confirmation comptable contre la Roumanie (le 9 octobre) et le Luxembourg (le 12 octobre) et footballistique face à l’Angleterre (17 novembre) et le Brésil (le 9 février). Mais plus que le talent entrevu avec parcimonie, le mental, si friable vendredi dernier, est rassurant. Ces bleus sont jeunes mais ont décidé de ne pas couler avec ce lourd fardeau frappé du coq sur les épaules. Mais que les deux meilleurs buteurs de la sélection offrent un succès mérité n’est qu’un symbole que la reconstruction passera aussi avec un pan du passé, si pesant soit-il.

Milieu renforcé

Quatrième schéma en trois rencontres, Laurent Blanc n’est pas l’homme d’un système, ce n’est pas nouveau. En revanche, ce n’est plus l’homme de deux systèmes comme lors de sa vie girondine. Ce mardi, ce fut le temps du 4-3-3 aux aspects davantage lyonnais que barcelonais pour ce qui est des attentes offensives demandées aux latéraux.
Ainsi, dans la nouvelle équipe de France, on passe du banc au capitanat en quatre jours. Tel fut le destin d’Alou Diarra, troisième joueur à porter le brassard - après Mexès et Malouda - cette saison. D’ailleurs, comme prévu le Bordelais a apporté du muscle dans un entre jeu dominé par les Français et notamment par Abou Diaby percutant et détonateur en chef. L’esthétique jeu désiré mais déficient contre la Bielorussie (0-1) devait reporter son arrivée face à la nécessité de marquer des points, ou même un, au moins. Finalement, la prestation d’ensemble fut indéfiniment moins fade. Sur ce point, l’adversaire n’y fut pas pour rien.
Le sélectionneur bosnien, Safet Susic, sous ses palabres respectueuses, n’a pas pris la France comme une équipe différente du Luxembourg. Les mêmes onze que sur le duché (0-3) dans une configuration identique, un 4-4-2 en losange qui fit le bonheur des 45 premières minutes de l’ère Blanc en Norvège (2-1) avant de disparaître. Mais s’il ne changea pas, c’est aussi par manque de solutions. La Bosnie était décrite comme aussi robuste offensivement que chétive défensivement. La vérité est un brin plus nuancée. Comme son statut d’ogre de la poule, si rapidement récolté, est déjà écorné. Car si les locaux eurent des difficultés, ils ne concédèrent que peu d’occasions nettes en première période, contrairement aux corners (sept quand les Bosniens ont attendu la 65e pour en avoir un sur la seule occasion sur un coup franc de Pjanic). Alors Benzema a frappé (5e, 19e, 26e) sans être dangereux ni virevoltant dans l’axe de l’attaque, la faute aux autres notamment qui ne suivirent qu’avec parcimonie ses accélérations. Diaby et Malouda tentèrent aussi leur chance, sans être plus décisifs.
Benzema, le retour

Comme il était peu aidé, Benzema s’est débrouillé. Sur un centre de Clichy il préféra une demi-roulette et donc l’action individuelle à la passe pour Malouda. Présomptueux peut-être, mais somptueux surtout. Spahic ne bougea pas et Hasagic ne toucha que légèrement le ballon n’empêchant pas le neuvième but en Bleu de Karim Benzema (0-1, 73e).
Les Bosniens sortirent de leur réserve, créant des espaces pour des Français gourmands. Diaby servit Valbuena, qui en une touche de balle et en tombant, décala parfaitement Florent Malouda dans la surface et doubla la mise (0-2, 78e). Ce fut alors aux supporters locaux de se distinguer en lâchant des fumigènes et un pétard en direction de Mexès, par ailleurs parfait comme chef d’une défense restée inviolée pour la première fois en neuf matches.
Benzema était proche d’un doublé (87e) et Diarra trop court pour couper le centre de Matuidi (88e) qui fêtait sa première sélection.
La perfection attendra, comme la prise de contrôle d’un groupe D définitivement abordable et mené par l’Albanie et la Biélorussie. Mais l'Euro en Ukraine et en Pologne n’est qu’à un point. L'espoir est de retour. Et c'est si bon...


Réactions
Laurent Blanc (sélectionneur de L'équipe de France) :
"Laurent Banc, il s'agit de votre première victoire en tant que sélectionneur. Que ressentez-vous ?
Après la Biélorussie, j'avais dit aux joueurs qu'ils n'avaient, malheureusement, pas su traduire les bonnes choses qu'on avait pu voir pendant le stage, que c'était dommage. Ce soir, on ne peut plus le dire. Ils ont été irréprochables non seulement dans le jeu, mais aussi au niveau de l'état d'esprit. On a été récompensés. Avant le match, on s'était dit qu'il fallait au moins ramener un point. Finalement, on en a pris deux de plus. Je suis très heureux, mais on n'était pas non plus dans le désespoir. Après notre défaite au Stade de France (0-1), j'avais lu que c'était «catastrophique». Ce soir, je ne vais pas dire que c'est fantastique. Mais ça peut être le départ de quelque chose de bien.

La clé du match a-t-elle été de priver la Bosnie de ballons ?
On s'attendait à être malmenés offensivement. L'objectif, c'était de barrer la relation entre les milieux de terrain et les attaquants bosniaques. C'est pour cette raison qu'on avait décidé de muscler le milieu de terrain, pour qu'ils ne se trouvent pas dans la facilité. Ça a été une clé, mais ce n'est pas la seule. On a aussi été très bons dans l'utilisation du ballon. Contrairement à vendredi soir, on s'est très vite projeté vers l'avant. Le fait d'évoluer plus bas nous a permis de créer plus d'espaces, de prendre la profondeur. C'est ce qu'aime Karim (Benzema).

Justement, un mot sur sa prestation.
Même si on sait qu'il n'est pas encore en totale possession de ses moyens, il reste un joueur important. Il fait partie de ceux qui ont le potentiel pour marquer buts. Dans ce groupe, à part lui, il n'y en a pas tellement. Il a fait perdre confiance à notre adversaire en même temps qu'il nous a fait du bien.

Avez-vous douté à la mi-temps lorsque le score en était encore à 0-0 ?
On a encore pu se rendre compte combien il est difficile de marquer des buts... A la mi-temps, j'ai dit aux joueurs de ne pas se satisfaire de ce qu'ils avaient fait. Le minimum, c'était de faire la même chose, voire aller de l'avant parce qu'on n'avait pas ouvert le score. Après le but, j'ai senti les joueurs en confiance. On s'était fixé pour objectif de ne pas prendre de buts. C'est très bien. Il fallait que ça tourne."
(L'équipe.fr)

Safet Susic (sélectionneur de la Bosnie) : « Je ne suis pas surpris, la France c'est une grande équipe, je ne les vois pas ne pas être dans les deux premières équipes. Même si les Français avaient perdu ce soir, ils auraient fini dans les deux premiers. C'est une grande déception. On a respecté un peu trop les Français. On était trop timide.» (AFP)

dimanche 5 septembre 2010

Que vaut la France ?

La France traverse une grave crise de résultat depuis des mois et la défaite face à la Bielorussie ne fait qu'aggraver le constat. Laurent Blanc avec quatre victoires en six mois poursuit son annus horribilis.

La question peut paraître simpliste. Que vaut l’équipe de France ? Mais déjà, il convient de définir quelle équipe de France ? Entre celle appelée par Laurent Blanc et qui n’est même pas capable de résister à la Biélorussie, celle souhaitée par ce même sélectionneur avec Ribéry, Nasri, Gourcuff et Evra en renforts ou celle imaginée par l’opinion publique, privée de mutins pour une longue durée, l’équation devient ardue.
Alors, parlons de ce qu’il nous a été autorisé de contempler au stade de France. Une équipe de France dans une configuration presque optimale. En tous cas, défensivement. Et c’est là que le constat est le plus inquiétant. Bakary Sagna parait être la seule solution à droite. Face à ses fades prestations à répétitions, il convient d’imaginer des alternatives même saugrenues de prime abord. Pourquoi pas un Christophe Jallet ou un Anthony Reveillère, rarement appelé. La remarque vaut aussi pour Gaël Clichy d’une détresse défensive sur le but biélorusse et d'une qualité de centre donnant à Benoit Trémoulinas des allures de caid (dans le bon sens du terme). Justement, le mutin en chef, depuis Manchester, a dû être rassuré quant à son avenir en bleu pour 2011. Il faudrait qu’un jour une licence tamponnée par Arsenal n’ouvre pas les portes de l’équipe de France directement. Ou allons au bout de la logique avec un 11 : Lloris - Sagna, Koscielny, Squillaci, Clichy - L.Diarra, Diaby, Nasri - Ribéry, Benzema, Malouda. Devant, ce n’est pas assez Gunner ? Mais le jeune Sunu arrive, patience.

Un chateau de sable

En évoquant la patience, il faut pondérer les premières impressions entrevues au stade de France dans les deux sens. La communication est en marche, Laurent Blanc parle, parle, parle, parle et… parle. Comme les cinq conférences de presse données en une semaine. Record battu. Oui, la nouvelle génération des Bleus chante La Marseillaise avec enthousiasme, n’a pas de casques sur les oreilles, signe des autographes et répond poliment aux questions de la presse, Zidane et Barthez sont les nouveaux psys. Mais sur le terrain, un air de déjà vu frappe. L’entraîneur n’est plus le même, une partie des joueurs a changé mais le fond de jeu reste irrémédiablement proche du néant.
Laurent Blanc reconstruit sur du sable, il en avait conscience. Nous aussi. Mais ce sable semble mouvant. A force de s’enfoncer dans la plus grande catastrophe du foot français des trente dernières années, au moins, la peur d’être définitivement englué apparaît. Et c’est bien connu, se débattre ne fait qu’accélérer l’enfoncement. Alors, il faut peut-être faire le deuil définitif d’une France victorieuse et repartir de zéro. Vraiment zéro, comme le nombre de victoire française en trois mois et demi égalant le négatif record de 1937. Chiche.