mardi 6 décembre 2011

Après la L1, Al-Jazira s'offre la C1

Al-Jazira a acheté presque l'intégralité de la Ligue des Champions pour la période 2012-2015, privant Canal+ d'un produit phare.
Contre un chèque annuel de 61 millions d’euros, le groupe Al-Jazira a acheté les droits de 133 des 145 matches des éditions 2012-2013 à 2014-2015 de la Ligue des Champions (1). Des rencontres assorties de magazines. Soit l’offre actuellement proposée par le groupe Canal+.
Justement, les plus optimistes diront que Canal + va économiser 31 millions d’euros lors des trois prochaines années et ainsi abaisser le coût de sa grille. Une opération déjà entamée avec la Ligue 1 (420 millions de 2012 à 2016 contre 465 millions actuellement), ou alors développer son pôle cinéma et série. Les plus pessimistes répondront que cette économie devrait être attribuée à combler la perte d’abonnés qui risque de découler de la privation de la plus grande compétition continentale de football. Avec cette somme, Canal peut supporter un déficit de 600 000 abonnés environ. Même si le fait de conserver deux matches de Ligue 1 par journée, dont l’affiche du dimanche soir, devrait retenir les amoureux du ballon rond, dans un premier temps.
Car les Qataris ne devraient pas s’arrêter à la C1. Ils lorgnent avec gourmandise sur la quasi totalité du catalogue de droits de la chaîne cryptée. D’ailleurs, la Liga et le Calcio sont en vente pour la saison prochaine. Il apparaît plus que plausible que Canal+ diffuse l’un de ses derniers clasicos ce samedi (22h) tant Al-Jazira est intéressé par ce produit, acheté 6,5 millions d'euros. L’Europa Ligue, aussi diffusée par le groupe Canal, à l’exception du meilleur match (groupe M6) suscite également l’intérêt de la future chaîne dirigée par Charles Biétry. Et la Premier League sera en vente dans un an (Canal dispose de l’intégralité des droits pour plus de 15 millions). Et puis il y a l’Euro 2012 de football qui pourrait échoir en partie à Al-Jazira, certainement aux côtés de TF1.
Bref, c’est une razzia qu’espère opérer le groupe qatarien sur les droits du football, voire du sport puisque la chaîne sera omnisports. Ainsi, les masters de tennis, actuellement détenus par Orange Sport pourraient également atterrir dans l’escarcelle du groupe présidé par Nasser Al-Khelaïfi. Autant de compétitions pourvoyeuses d’abonnements.

Canal+ pillé?
En fait, Al-Jazira est en train de distordre ou de relancer la concurrence sur le sol français, touché par la crise et les échecs successifs de TPS et Orange, laissant jusque-là Canal dans une position de quasi-monopole. L’erreur de Canal+ se situe peut-être là, justement. A trop signaler qu’il allait baisser sa contribution au football français, le groupe préside par Bertrand Meheut a mis la Ligue de Football Professionnel en alerte, obligée de chercher une solution miracle, face au retrait d’Orange. Alors le président de la LFP, Frédéric Thiriez, a quémandé aux Etats-Unis, en Angleterre, à l’Élysée, puis finalement dans le Golfe.
Il a trouvé, dans la foulée du projet de reprise du PSG, le miracle que beaucoup n’imaginaient plus. Mais Nasser Al-Khelaïfi, aux moyens aussi illimités en télévision que sur le marché des transferts, doit encore peaufiner son arrivée sur le marché de la télévision française. Il a nommé Charles Biétry, ancien directeur des sports de Canal+ de 1984 à 1998, à la direction de la future chaîne sportive, qui devrait être baptisée « avec un nom occidental » selon Biétry, d’ici la fin de l’année.
D’ailleurs, les Qataris envisagent de lancer un bouquet complet, s’attaquant donc au cinéma, l’autre source d’abonnements du groupe Canal. Néanmoins, actuellement, Al-Jazira n’a pas de source de diffusion. La reprise d’Orange Sport devient de plus en plus improbable, Stéphane Richard, le président d’Orange, se montrant réticent. Il y a aussi l’option Eurosport, détenue par TF1, compliquée juridiquement à cause de la présence de la chaine sportive sur la TNT payante. Les pistes Ma Chaîne Sport (Numéricable) voire CFoot (LFP) sont encore plus floues. Si la future chaîne devait démarrer de zéro, elle devrait rapidement trouver des accords avec les fournisseurs d’accès internet pour être diffusée dès mai ou juillet 2012. Quant à la télévision par satellite, le monopole de CanalSat rend improbable l’installation d’Al-Jazira sur le bouquet, à moins que Canal ne prenne un risque supplémentaire pour gonfler son parc d’abonnés sur cette offre.
Il reste donc de nombreuses zones d’ombres autour du projet de télévision mené par les Qataris. Un peu comme sur l’avenir de Canal + qui risque de s’assombrir dans les mois à venir s'il ne trouve pas une parade.  

(1) La meilleure affiche de chaque journée, dont la finale, reste à acquérir. Les chaînes en clair sont privilégiées. TF1 (25M par an actuellement) est favori. A moins que le groupe Canal, via sa future acquisition Direct 8 ou directement via Canal+, ne se positionne.

mardi 22 novembre 2011

Lyon au bord du précipice

En concédant un nul 0-0 contre l'Ajax d'Amsterdam, Lyon a presque dit adieu aux huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Il faudra un miracle le 7 décembre.
Les huitièmes de finale de la C1 se sont éloignés
 pour Yoann Gourcuff et les Lyonnais. 
Comme à l’aller, Lyon et l’Ajax n’ont pas su se départager, ni même prendre à défaut la défense adverse. Du coup, 0-0 + 0-0 = la tête dans la le sceau. Et dans la calculette. Pour un total lui aussi proche du néant. Oui le total de chances d’entendre la célèbre musique en février à Gerland est presque nul à l’issue de cette cinquième journée. Mais l’espoir subsiste, malgré tout. Alors, il faudra marquer encore et encore en Croatie le 7 décembre. Cela tombe bien puisque les Gones n'ont su le faire que contre le Dinamo Zagreb dans cette phase de groupes. 
Seulement, contrairement à Lille pour qui un succès même 1-0 serait suffisant contre Trabzonspor, ce sera sans certitudes. Ni du nombre, ni de la nécessité. Car Lyon, pour se qualifier en huitièmes de finale pour la neuvième fois de rang doit remonter trois points et sept buts. Soit l’écart entre sa différence de buts (-4) et celle de l’Ajax d’Amsterdam (+3). Et encore, les Néerlandais ont inscrit six buts contre deux pour Lyon (30e attaque de la compétition). Et comme la meilleure attaque et le critère départageant les formations à égalité aux confrontations directes et au goal average, c’est peut-être même huit buts qu’il faudra effacer. Avec l’aide indispensable du Real Madrid qui se rendra à Amsterdam pour la dernière journée. 

Symbole du déclin?
Un Real étrillant tout le monde, restant sur douze victoires. Ce mardi, ce fut au tour du Dinamo Zagreb (6-2) avec une équipe très remaniée puisque Varane et Diarra étaient titulaires en défense et que devant Higuain et Benzema étaienr associés, ce qui est rare. Ronaldo et Casillas étaient remplaçants et malheureusement pour les Lyonnais, ils devraient également être préservés, comme beaucoup d’autres, le 7 décembre, pour un match sans enjeu puisque le Real a déjà validé la première place. Mourinho a évoqué « le respect » à propos de ce futur match. Oui mais à trois jours du Clasico à Bernabeu, l’ordre des priorités sera vire fait. Lyon devra donc compter sur son ancien joyau, Karim Benzema, pour marquer ou motiver ses camarades à le faire.
D’ailleurs, pour rester sur le sujet merengue, au moment de faire le bilan de cette campagne européenne, les Lyonnais pourront regretter d’avoir affronté les Espagnols au cœur du calendrier, quand ils n’étaient pas encore qualifiés et donc affamés. Mais depuis huit ans, Lyon a toujours su contourner ou profiter du calendrier. Pas cette saison. Comme le symbole d’une équipe sur le déclin, qui pourrait encore s’alléger cet hiver de Källström, Cissokho ou Gourcuff pour résorber un déficit sans fin. En attendant Bastos, Lovren ou Lisandro l’été prochain. D’une équipe qui reste sur quatre matches sans victoire. D’une équipe qui n’a battu « que » Saint-Etienne, à deux reprises en quatre jours, depuis cinq semaines (1-2 en Coupe de la Ligue; 2-0 en Championnat).

Des regrets en fin de match
Alors certes, les Gones auraient pu arracher la victoire ce mardi soir. Ils ont terminé très fort, c’est certain. Ils ont tout donné, enflammé Gerland, mais trop tardivement. Que ce soit Lisandro (9e), Bastos (81e) ou Lacazette (90e), ils trouvèrent un excellent Vermer qui avait portant pris huit buts en deux rencontres avant de venir à Gerland. Enoh déséquilibra aussi Ederson dans la surface (89e) alors que Gourcuff manqua le cadre dans la continuité. Néanmoins, dans l’ensemble, l’OL a montré trop d’insuffisance, trop peu de maîtrise technique et collective pour emballer ce match et la qualification qui aurait été certainement avec. 
Les Néerlandais, dans leur 4-3-3 classique, ont su monopoliser la balle, sans être particulièrement dangereux si ce n'est au début du second acte par Sulejmani (51e, 66e). Normal pour une équipe restant sur trois victoires en treize rencontres, dont la double confrontation contre le Dinamo (0-2, 4-0).
Lyon a trop souffert à la récupération. Gourcuff, comme contre Rennes vendredi (1-2), était devant la défense, à côté de Källström. Et comme contre leur ancien club, leur association en l’absence de Gonalons a été insuffisante même si le Suédois a livré un gros travail. Parce que l’on ne voyage pas en Europe sans un pur milieu défensif, ou alors contre des formations largement inférieures. L’Ajax a Enoh dans ce rôle. Il l’a plutôt bien fait. En revanche, Amsterdam n’avait pas d’avant-centre puisque Lodeiro, meneur de jeu, était seul en pointe. Et, là aussi, ça s’est vu.
Garde avait aussi titularisé Lisandro - très combatif - et Bastos, en phase de reprise. Et ça, ça s’est senti. Mais il n’avait guère le choix puisque le banc, avec Fofana, Lacazette et les autres revenants, Grenier et Ederson, était trop tendre. Comme si Lyon, plus proche de l’Europe League que de la Champions League était à sa place, dix huit mois seulement après avoir disputé la demi-finale de la C1, face au Bayern Munich, qui s’est qualifié pour les huitièmes de finale, devançant Naples et Manchester City dans le groupe de la mort. Ce que Lyon n’est pas. Encore…


lundi 7 novembre 2011

Paris stagne... au sommet

Paris pouvait prendre cinq points d'avance en tête de la L1. En ramenant un match nul assez heureux de Bordeaux, il garde une victoire de marge.
Kevin Gameiro n'a pas réussi à passer la défense bordelaise,
dimanche soir, ici Sané et Chalmé.
Toutes les séries ne se sont pas arrêtées ce dimanche soir à Bordeaux. Les sept victoires d’affilée du PSG en Ligue 1, si. En revanche, les six matches sans victoire à domicile pour Bordeaux, non. Elle est désormais de sept, dont six partages des points. Un bilan plaçant les Girondins à la 19e place du classement à domicile et comme étant la seule formation toujours sans succès dans son stade.
Mais, ce n’est pas le plus important, pour une fois. Si les Bordelais rééditent de telles prestations, ils devraient bien finir par vaincre à Chaban-Delmas, que ce soit face à Caen ou Nancy prévus successivement dans trois semaines et un mois. Et ils devraient même réussir à éviter une descente en Ligue 2. Car, un peu comme face à Montpellier (2-2 le 1er octobre), Bordeaux a montré du cœur, de la solidarité et même du talent, parfois. D’ailleurs, le duo Trémoulinas - Maurice-Belay s’impose comme le moteur des offensives girondines. Une aile du désir ayant amené presque toutes les occasions. Et notamment le but de Yoan Gouffran, son quatrième en trois matches. Soit l’intégralité des réalisations bordelaises en championnat ces 36 derniers jours… Les Marine et Blanc semblent s'être trouvé un buteur. Voire une équipe type puisque le onze aligné par Gillot était identique à celui à Ajaccio (0-2). 

Pastore transparant
Le but de Gouffran, de la tête (14e) sur un centre parfait de Trémoulinas, répondant à un autre coup de tête de Sissoko qui reprit un corner de Nene (11e) pour inscrire son premier but sous les couleurs parisiennes. Le problème pour Paris, c’est qu’à part une frappe de Nene, boxée par Carrasso, il n’y eut guère d’autres occasions franches. Pis, si ce n’est l’entame de la seconde période, le leader du Championnat a subi. Notamment au milieu où Nguemo et Plasil, bien aidés par une équipe jouant enfin en bloc, ont fourni un gros travail de harcèlement pendant que Pastore marchait et râlait, jusqu'à prendre son premier carton jaune en Ligue 1 pour contestation. La star argentine, fatiguée depuis quelques matches, n’a pas sauvé sa partition d’un but, comme contre Bratislava jeudi en Europe League (1-0). Comme Ménez à droite, aussi absent défensivement qu’effacé offensivement. Les deux recrues ont laissé s’épuiser Gameiro à la pointe de l’attaque, à multiplier les appels dans un axe composé de Planus et Sané rarement pris à défaut. Ce qui est rare à Bordeaux cette saison. Même Nene, malgré de la volonté, n’a pas réussi le geste de génie faisant basculer un match.
Et ce ne sont pas les entrées de Jallet et Bahebeck qui ont modifié la léthargie parisienne. Mais, en sauvant un point, alors que dans l’après-midi Lyon et Toulouse s’étaient inclinés et que Montpellier, Rennes et Lille, la veille, avaient concédé des nuls, Paris a conservé sa marge de trois unités sur le MHSC, à défaut d’envoyer un signe à ses concurrents. Alors oui, après treize journées, la Ligue 1 n’est pas terminée, elle est juste en pause deux semaines. 

lundi 24 octobre 2011

Et si Bordeaux était à sa place?

Après deux saisons compliquées achevées aux 6 et 7e places, Bordeaux poursuit sa chute et se retrouve dans la zone rouge depuis deux journées. Crise de résultat ou simple déclin?
Benoit Trémoulinas avait subi la foudre de Nicolas de Tavernost, président de M6,
pour avoir jugé son équipe incapable de viser la qualification européenne.
Trois mois plus tard, Bordeaux est relégable...
Les semaines se suivent et les mots restent inchangés. Après chaque nouvelle désillusion, les joueurs passent devant la presse pour affirmer le désir collectif de remonter la pente. Et après les rares soubresauts, pas de doute, le match du déclic, c’est reparti. Depuis près de deux ans, le constant est invariable. Cet effectif a de la qualité, n’est pas à sa place. Alors, les excuses s’enchaînent. La finale de la Coupe de la Ligue, d’abord, où les habituels titulaires avaient été préférés aux remplaçants, à trois jours du quart de finale aller de la Ligue des Champions, ce qui aurait cassé le groupe en deux au printemps 2010 (1-3 contre Marseille). Puis le départ de Laurent Blanc à la fin de la saison 2009/2010, tellement prévisible qu’il n’a pas été anticipé. Ensuite, c’était la faute de Jean Tigana, trop rigide au point de sanctionner financièrement les retards à l’entraînement ou d'obliger ses internationaux à revenir le lendemain du dernier jour du rassemblement, comme dans tous les clubs. Un coach accusé de ne pas être assez chaleureux avec ses joueurs et de ne pas s’entendre avec son adjoint, Michel Pavon, qui lui s’entendait trop bien avec certains cadres du vestiaire.
Et maintenant que l’équipe est relégable depuis deux journées dans une indifférence presque générale, quelles sont les excuses ? Des défaillances individuelles, un manque de chance, des erreurs arbitrales, un moral touché… Tout y passe, avec mauvaise foi, dans les bouches de ceux qui acceptent encore de parler plus de 48 secondes en conférence de presse.
Chamakh, Gourcuff et Cavenaghi le trio offensif du titre de 2009,
 ont été remplacé par Modeste, Ben Khalfallah et Diabaté...
Sauf une, que Francis Gillot ose suggérer depuis sa prise de fonction. Cette équipe est peut-être juste à sa place. Que Lamine Sané, malgré des premiers matches encourageants en 2010 dans une défense qui fonctionnait encore bien, n’a pas le niveau. Ni en défense centrale, ni à droite ni au milieu. Que Michaël Ciani, malgré des atouts physiques indéniables, a des difficultés de concentration trop fréquentes pour être un cadre de la défense. Il doit avoir un « cerveau » à côté de lui. Que Marc Planus, ce cerveau libéro, n’a plus réalisé deux bons matches de rang depuis deux ans parce que son corps le lâche trop souvent. Et qu’en plus, il accumule les fautes grossières, handicapant lourdement son équipe (contre Marseille l'an dernier, Montpellier récemment), quand l'arbitre le voit. Que Mathieu Chalmé livre des matches d’une telle indigence que Gillot a préféré utiliser le jeune Krychowiak au poste de latéral droit à Nice (0-3) alors qu’il est milieu défensif, voire défenseur central de formation. Que Fahid Ben Khalfallah et Anthony Modeste, les deux « remplaçants » de Marouane Chamakh et Yohan Gourcuff étaient bons à Angers, en Ligue 2. Mais, que c’était de la Ligue 2, justement. Que la cellule de recrutement, depuis le départ de Charles Camporo en 2006, remplacé par Michel Pavon puis Jérôme Bonnissel, n’a pas un trouvé un bon joueur, laissant les entraîneurs utiliser leurs propres réseaux pour sauver les apparences (Fernando, Alonso et Wendel par Ricardo ; Gourcuff et Plasil par Blanc ; Maurice-Belay et Nguemo par Gillot) ou se tromper.
Que la formation bordelaise, depuis le départ de Guy Hillion, est incapable de sortir un bon joueur au point que les deux plus grands espoirs au Haillan se nomment Sala et Castro, issus du Proyecto Crecer, club filial des Girondins en Argentine. Que l'entraîneur essaye un peu tout et n'importe quoi à force, comme Krychowiak latéral alors qu'il n'était pas à l'entraînement les deux semaines précédentes ou Modeste et Diabaté associés devant, le tout à Nice. Gillot a déjà utilisé 25 joueurs dont 21 comme titulaires (seuls Ciani et Sané n'ont raté aucune minute) mais n'a dégagé que peu de certititudes. Sauf Nguemo, déjà indispensable à la récupération.

10 millions d'euros cet hiver?
Alors, le stade se vide. Face à Brest, Chaban-Delmas n’a même pas affiché 50% de taux de remplissage. 16000 personnes se déplacent encore pour voir Bordeaux ne jamais gagner et rarement convaincre, si ce n’est par bribes de matches, quant il y avait 16000 abonnés pour contempler le FCGB, il y a deux ans. Et en plus, les joueurs prennet mal les reproches des plus fidèles. Bellion a critiqué la banderole du virage sud ("Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB ou dégagez"), signalant « qu’une supporter devait supporter son équipe » samedi soir.
Des rumeurs, relayées par France 3 Aquitaine, annoncent un bilan des dirigeants sur l’action de Francis Gillot dans deux matches, après la réception du Paris Saint-Germain, un soir de grève annoncée par les supporters, quant ces mêmes dirigeants oublient de faire leur propre bilan. Jean-Louis Triaud a prolongé les contrats, avec augmentation salariale (Planus, Bellion, Henrique, Jussiê, Chalmé) pour ne pas revivre l'épisode Chamakh, parti librement (comme Trémoulinas en 2013?). Il a certifié que son équipe avait du talent, puis a critiqué encore et encore ces jeunes gens. Désormais, il s'efface, comme s'il était totalement dépassé par ce football peut être trop professionnel pour lui. 
L’hiver dernier, l’actionnaire principal, M6, avait accordé 12 millions d’euros pour recruter un attaquant, si possible Gameiro et atteindre le podium final. Le Lorientais de l’époque voulait aller à Valence et avait poliment décliné l’offre girondine. Mais Bordeaux a insisté sur cette piste, n’en a creusé aucune autre avant de s’en prendre publiquement à l’attaquant international et d’obtenir dans l’urgence le prêt payant (2 millions d’euros) du jeune Brésilien André, certainement très bon, mais hors de forme.
Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB ou dégagez,
tel est le dernier message de protestation
des supporters girondins, samedi.
Et voilà que l’histoire se répète. Après un mercato estival historique (0 euro dépensé, seul club de Ligue 1 dans ce cas), 10 millions d’euros sont murmurés pour renforcer dans l’urgence une équipe à la dérive et ainsi sauver le club de la relégation.
Seulement, pour obtenir un attaquant, un latéral droit voire un milieu, la somme pourrait être un peu étriquée. Surtout que Diabaté, Sané et Traoré seront absents plus d'un mois à cause de la CAN (Coupe d'Afrique des Nations). 
Car c’est connu, le marché d’hiver est plus cher. Les bons joueurs son installés dans leurs clubs et les autres, à court de forme et de confiance n’ont pas forcément le profil pour lutter pour le maintien. Il faut des cadres, des battants autant que de bons joueurs. Un latéral ? Pourquoi pas Jeunechamp. On plaisante bien sûr. Sauf que si Bordeaux prend des cartons (21 jaunes et 3 rouges), elle manque de caractère, comme l'atteste son incapacité à conserver un score. Si les matches s'arrêtaient à la mi-temps, Bordeaux serait septième. Mais ils durent 94 minutes et Bordeaux est dix-huitième, avec une seule victoire arrachée avec chance à Valenciennes (2-1, le 27 août), en plus. Costa, Smertin, Jemmali, Jurietti, Fernando voire Diarra ces dernières années étaient ces cadres prêts à insuffler l’envie de se battre aux autres. Même Plasil s’efface, après avoir forcé sa nature. Il parle moins sur le terrain, est moins décisif, comme résigné par tant d’efforts inutiles depuis des mois. La résignation. Le mal qui peut être fatal aux Girondins. Il reste 27 matches. C’est largement suffisant pour se sauver et même terminer au milieu d’un Championnat très moyen où Dijon, Ajaccio, Brest, Valenciennes, Nancy, Evian, Nice et Caen n'ont pas beaucoup plus de talents que Bordeaux. Sauf que le maintien est dans les gènes de ces équipes et de leurs joueurs. Ils ne pensent qu'à cela depuis début juillet. Or il ne l’était pas dans ceux de Nantes, Lens ou Monaco. Et il n’est pas à Bordeaux qui parlait encore d'Europe cet été...

mardi 11 octobre 2011

Seule la qualification est belle

La France a obtenu sa qualification pour l'Euro 2012 ce mardi soir en concédant dans la douleur un nul face à la Bosnie-Herzégovine, qui devra passer par des barrages promis aux Bleus de la 40e à la 78e minute.

Inexistant en première période, Samir Nasri s'est réveillé
dans la dernière demi heure et a qualifié les Bleus
en obtenant et marquant un penalty. (photo Eq)
Avant toute chose, la France est qualifiée pour son huitième championnat d’Europe des nations, le sixième de rang. Elle avait besoin d’un point pour ne pas avoir à passer par les barrages, dans un mois. Elle a obtenu ce point, par un penalty transformé par Samir Nasri, suite à une faute aussi évitable, incontestable qu'à la limite de la surface du capitaine bosnien, Emir Spahic, sur le meneur de jeu des Bleus (78e). L’essentiel est donc assuré pour la bande à Blanc. Elle sera en Pologne et en Ukraine en juin prochain au milieu des seize meilleures nations du vieux continent. Et des anciens vainqueurs notamment, puisque seule la République Tchèque n'est pas encore qualifiée parmi des anciens lauréats représentant huit des dix qualifiés via les éliminatoires. D'ailleurs, tous les groupes ont été remportés par des anciens vainqueurs. La preuve que la hiérarchie ne bouge pas tant que cela. 
Mais franchement, heureusement que l’Euro ne débute pas dans quelques jours. Car le niveau de l’équipe de France fut clairement inquiétant, en première période, ce mardi soir au stade de France. Au point que l’on peut se demander si sans Karim Benzema elle ne serait pas satisfaite de passer par les barrages. Si contre l’Albanie, les Bleus peuvent peser offensivement sans le Madrilène, contre des nations consistances, en revanche…
Ce mardi soir, les Tricolores n’ont réellement inquiété les Bosniens que sur des coups de pied arrêtés et des contres en fin de match emmenés par des accélérations impressionnantes de Ménez, lorsqu'il était à gauche. Par contre, la fébrilité affichée lors du premier acte pose des questions sur ce groupe en construction depuis 14 mois. Alors qu'une défaite n'était pas éliminatoire, les Tricolores étaient comme inhibés par la peur d'un fiasco. Pourtant, le sélectionneur avait rappelé dans la semaine que ces jeunes gens n'étaient pas en âge, pour la plupart, de se souvenir du fameux France - Bulgarie de 1993.

Les Bleus dépassés au milieu

Sans les ratés de Dzeko (18e, 24e), les mauvais choix de Lulic et les arrêts du toujours bon Lloris, l’histoire de la course à la qualification aurait pu se poursuivre pour un mois encore. Rami, coupable d’avoir parlé avant, en traitant Pjanic de "pleureuse", a constamment été dépassé par l'avant-centre bosnien. Et sur le but, il se fait effacer en un mouvement avant que l’attaquant ne déclenche une frappe pure (40e). Un vingtième but en quarante sélections pour le grand Dzeko qui qualifiait les hommes de Safet Susic.
Le principal souci de la France aura été au milieu où Pjanic, Medunjanin, Mismimovic et Rahimic ont régné. Pourtant, Blanc avait opté pour un retour à un milieu à trois entre 4-2-3-1 et 4-3-3 avec M'vila, Cabaye et Nasri dans des positions variables. Partout parfois, nulle part souvent. Mais, privé de Diaby, une énième fois en phase de reprise et ayant laissé sur le banc Diarra, qui n'est plus que l'ombre de la sentinelle indispensable qu'il fut lors d'un passé assez lointain désormais, il n'avait pas les armes pour imposer un impact physique si important dans le succès de la France en Bosnie (le 7 septembre 2010, 0-2). Blanc avait donc choisi d'autres profils à la récupération, plus joueurs. Sans doute parce qu'il ne pensait pas être autant dominé par des joueurs encore plus joueurs, justement, puisque Susic avait aligné une formation offensive dès le coup d'envoi.
Même après la pause, les Bleus peinaient à sortir de cette léthargie collective. Finalement, le double changement à l’heure de jeu allait lancer cette équipe. Comme face à l’Albanie (3-0), quatre jours plus tôt, Marvin Martin a été intéressant lors de son entrée en jeu. Il fait partie de ces individualités qui devraient être testées lors des trois parties amicales qui vont s’enchaîner entre novembre (les USA sont évoqués pour l’un des deux matches) et février (contre l’Allemagne). Comme Ménez, Debuchy, Gameiro ou Rémy, sur un côté où il est tellement plus à l'aise que dans l'axe. Nasri s'est réveillé aussi et a pris les responsabilités propices à un cadre technique et mental, en obtenant et en tirant le penalty. Son troisième but en bleu, en 27 sélections, seulement. Gameiro aurait même pu faire gagner la France mais il était un peu court pour reprendre un centre de Ménez (87e) et ne cadrait pas sa frappe devant le très bon gardien bosnien entré après la pause, Begovic (88e). Comme Spahic aurait pu obtenir un penalty pour avoir été ceinturé (84e).
Ah, au fait, les Bleus en sont à quinze matches sans défaite et devraient aller à l’Euro avec Mexès, Benzema et, espérons-le, quelques certitudes engrangées d’ici là. D'autant que le quatrième chapeau leur est promis lors du tirage au sort (si le Portugal et la Croatie passent les barrages). Celui des "petits". Oui, des petits comme M'vila, Rami, Rémy, Ménez, Cabaye, voire Réveillère, tous titulaires avec moins de 15 sélections avant cette "finale", mais qui ne demandent qu'à grandir ensemble.



Le film du match
6: Réveillère a du mal à se dégager et est contré par Lulic dans sa surface. Le joueur de la Lazio se présente face à Lloris mais frappe dans le petit filet extérieur.
9: Idéalement lancé dans le dos de la défense adverse, Rémy peut filet seul face au but. Le Marseillais se présente face à Hasagic mais pousse un peu trop son ballon au moment de frapper.
19: Dzeko fait parler son physique et résiste à Rami, à l'entrée de la surface française, côté droit. L'attaquant se met finalement sur son pied gauche pour armer une frappe croisée qui file directement dans les bras de Lloris.
40: Sur un coup franc rapidement joué par Papac, côté gauche, le Bosnien sert Dzeko à l'entrée de la surface adverse. L'attaquant pivote et se met sur son pied droit pour ouvrir la marque d'une superbe frappe enroulée dans le petit filet opposé ! 0-1
58: Rémy hérite du ballon sur la gauche de la surface adverse. Le Marseillais se met sur son pied droit et arme une frappe croisée, à ras de terre, qui passe à gauche du but de Begovic.
66: Sur le coup franc, Pjanic recherche Dzeko au second poteau et la déviation du crâne du joueur de Manchester City passe juste à côté du but de Lloris.
70: Sur un coup franc, Martin arme une frappe enroulée du pied droit, parfaitement placée, qui oblige Begovic à s'allonger sur sa ligne de but.
72: Nasri se charge d'un coup franc aux 25 mètres, plein axe. Le joueur de City enroule son ballon du pied droit et la balle est repoussée par Begovic sur sa transversale avant d'être poussée en corner par un défenseur adverse.
76: Nasri est à la lutte avec Spahic dans la surface, Nasri s'écroule au contact du défenseur. Samir Nasri prend ses responsabilités et se présente face à Begovic. L'ancien Gunner choisit de frapper sur la droite du portier, parti à contre-pied ! 1-1
85: Ménez, idéalement lancé côté gauche, se joue de Maletic. Le Parisien se met sur son pied droit aux 20 mètres et arme une frappe enroulée qui passe juste à côté du but adverse.

vendredi 7 octobre 2011

En pole position

En battant l'Albanie (3-0) ce vendredi soir au stade de France, les Bleus ont conservé la tête du groupe D avant la "finale" pour la qualification à l'Euro 2012 face à la Bosnie, mardi, 21 heures.
Saint-Denis (stade de France). Nasri, Malouda, M'vila et Evra félicitent Rémy auteur du deuxième but français.
L’équipe de France a gagné le droit de ne pas gagner, mardi soir face à la Bosnie, pour le dernier match de poule qualificatif à l’Euro 2012. C’est une bonne chose, sans doute, même si elle devra obligatoirement ne pas perdre, pour ne pas se rajouter deux matches de barrage, en novembre. En fait, la tête du Groupe D a connu un statu quo, ce vendredi soir. En dominant l’Albanie 3-0, pendant que la Bosnie battait le Luxembourg 5-0, la France a conservé la première place, avec une unité d’avance sur la sélection dirigée par Safet Susic. Les deux pays ont déjà assuré leur survie, au pire, puisque la Roumanie et la Biélorussie, troisièmes, ne peuvent plus les rattraper.
Seulement, si arithmétiquement la soirée fut parfaite, des points sont venus noircir les songes de Laurent Blanc. La sortie d’Evra à la mi-temps puis celle de Cabaye, quelques secondes plus tard, pour des gênes musculaires laissant craindre deux nouveaux forfaits, alors que Benzema, Ribéry, Matuidi et Sagna sont déjà indisponibles et qu’Abidal, Gameiro mais aussi Rami sont incertains pour mardi. À ce rythme, Thierry Henry va être rappelé de New York pour dépanner…

14e match sans défaite

Encore que, face à l’Albanie, les absents n’ont clairement pas manqué. Il s’agissait de l’Albanie, certes, elle même diminuée et déjà éliminée. Mais Debuchy, préféré à Révéillère pour ses repères avec Rami et Cabaye, sans doute, a été convaincant à droite. Comme Nasri et Rémy devant lui. Car, comme prévu, les Bleus évoluaient dans un 4-4-2 imparfait, en première période. Avec Nasri en faux milieu droit, naturellement attiré par l’axe, laissant le couloir à Debuchy et Rémy. Ce dernier, heureux de créer des brèches pour Bafetimbi Gomis, aussi maladroit à Saint-Denis qu’à Paris, cinq jours plus tôt. D’ailleurs le duo a fait la différence. Rémy passeur pour Malouda (11e), puis buteur, sur un travail de Nasri (38e). Malouda buteur et à gauche. En difficulté aussi bien chez les Bleus que chez les Blues, il a démontré, par ce septième but en sélection, qu’il savait être décisif, même si son match fut très discret, encore une fois.
Quant à l'inédite charnière centrale, composée de deux stoppeurs, Kaboul-Rami, elle n’a pas rassuré, puisqu’elle fut trop peu testée par les Albanais. Contrôler Salihi et Hyka est une chose. Dzeko, Ibisevic, Pjanic en est une autre. Au moins, que ce soit un axe Rami-Kaboul, Rami-Abidal ou même Varane-Koscielny, il sera protégé par M'vila. Le Rennais, propre dans le jeu, a réussi à éviter de prendre un carton qui l'aurait privé de la finale face aux Bosniens. Vu l'état de forme actuel de Diarra, c'est à classer parmi les bonnes nouvelles. D'ailleurs, Lloris a pour la troisième fois (et la seconde de suite) remplacé le milieu marseillais, de plus en plus remplaçant en Bleu, dans le rôle de capitaine.
La victoire rapidement assurée, Blanc a demandé à son équipe de passer en 4-3-3 et de ralentir le rythme. Nasri a continué à orienter le jeu (116 passes réussies, son record en Bleu était de 69 jusque-là, ndlr) et les remplaçants se sont invité à la fête. Martin a décalé Réveillère, buteur depuis la gauche et… du gauche (3-0, 67e). Et pour compléter la fête, à la demande du public, Cissé est entré.
Bref, tranquillement, l’équipe de France a ajouté une quatorzième rencontre à sa série d’invincibilité. Une quinzième l’enverrait en Ukraine et en Pologne en juin 2012 avec l'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Italie et l'Angleterre, déjà qualifiés. 


Le film du match
7e: Après une belle attaque en triangle, Gomis est lancé par Nasri plein axe. L'attaquant tente de piquer son ballon et lober Ujkani mais il ne cadre pas.
11e: Rémy s'échappe sur le côté droit et centre vers Gomis, trop court. Malouda reprend de volée du gauche et trouve le chemin des filets. Le tir est légèrement dévié par Daliku. 1-0
25e: Corner côté gauche tiré par Cabaye. Rami plus prompt qu'Ujkani, place sa tête des 5,50 mètres mais expédie le cuir à quelques centimètres des montants.
38e: Nasri perfore et fixe la défense puis lance Rémy dans l'intervalle. L'attaquant frappe de l'intérieur du droit vers le petit filet opposé. Ujkani aide le Marseillais en déviant le ballon dans ses propres filets d'une Madjer ! 2-0
40e: Suite à un arrêt de Lloris, sur une frappe de Lika, l'Albanie obtient un corner. Duro le tire au premier poteau. Lila ne parvient pas à reprendre de la tête et Lloris s'empare, avec un peu de chance, du ballon.
62e: Nasri chercher Gomis dans la surface d'une superbe passe lobée. L'attaquant essaye de reprendre l'offrande en pivot et de volée du gauche mais manque le cuir. Ujkeni s'empare du ballon.
66e: Suite à une belle séquence collective, Martin lance Réveillère dans le dos de la défense. Le latéral reprend de l'intérieur du gauche en direction du premier poteau. Le tir effleure le poteau et finit sa course au fond des filets ! 3-0

lundi 3 octobre 2011

Paris prend la tête


Grâce à des réalisations de Pastore et Jallet, Paris a remporté le duel au sommet qui l'opposait à Lyon (2-0), ce dimanche soir au parc des Princes.

Ce dimanche soir, le PSG a tranché la question de l’égalité absolue entre lui et l’Olympique Lyonnais ; co-leaders du Championnat avec des parcours identiques (5 victoires, 2 nuls et 1 défaite) et les mêmes nombres de buts marqués (14) et encaissés (7). On a d’abord pensé que le trône de la Ligue 1 resterait partagé. Parce que la différence entre les deux formations fut infime lors d’une agréable première période. Deux équipes préférant la contre-attaque à l’attaque placée et aimant s’illustrer par des raids solitaires de leurs solistes favoris (Bastos, Pastore et Ménez principalement). Les occasions se succédaient, sans que l’une des deux formations ne réussisse à prendre le dessus.
Pourtant, Rémi Garde avait prévu une petite surprise en préférant Lacazette à Pied pour épauler Gomis. Un choix plutôt judicieux puisque le jeune homme (20 ans), qui honorait sa première titularisation de la saison, a réussi à semer le trouble entre les lignes parisiennes, sans être décisif. Comme sur une tête non cadrée (22e). Mais l’inefficacité lyonnaise du soir est plutôt à reprocher à Gomis. En état de grâce cette saison, l’avant-centre aux huit buts toutes compétitions confondues, rappelé par Blanc en sélection pour les deux matches décisifs, a constamment péché dans le dernier geste, ne trouvant pas le cadre, alors qu’il était dans des positions enviables et servi par son fournisseur attitré de caviars, Michel Bastos (50e et 71e principalement). Le concurrent de Gomis pour occuper la pointe de l’attaque tricolore face à l’Albanie en cas de forfait de Benzema n’était pas davantage en réussite. Gameiro trouva Lloris sur la trajectoire de ses frappes puissantes (5e, 20e).

Pastore, évidemment

Seulement, la différence fondamentale entre les deux équipes est que l’une pouvait compter sur son Argentin. Pas l’autre. Lisandro, qui aime tant ce genre de matches, était absent, toujours blessé. Javier Pastore, lui, était bien sur la pelouse du Parc des Princes. Et s’il a gâché quelques munitions en première période, se montrant parfois un brin trop individualiste, il a surgi alors que l’intensité de la partie était tombée depuis l’entame de la seconde période. À la 65e, il déposa Koné, auteur d’un bon match, et profita de la seule petite erreur de Lloris. Le potier de l’OL anticipa un centre du numéro 27 du PSG pour Ménez ou Gameiro et laissa un espace entre son premier poteau et lui. L’Argentin saisissait cette chance, en force.
Pastore, en six titularisations en Ligue 1, c’est déjà cinq buts et deux passes décisives. Et justement, décisif, il l’est. Par ses réalisations, qui font de lui le 3e meilleur marqueur du Championnat (à égalité avec son coéquipier Gameiro), il a apporté un bonus de cinq points, soit le quart du total du PSG ! À ce rythme, les 11 buts inscrits par « El Flaco » la saison dernière sous le maillot de Palerme vont être atteints avant la fin de l'année civile.

Lyon sans solution de rechange

Le parc des Princes, comble, pouvait exulter après le nouvel exploit de son si cher meneur de jeu. Même si Lyon avait des opportunités de revenir, l’absence de banc de touche compétitif a semblé annihiler les chances lyonnaises. Malgré la faillite d’un milieu de terrain lyonnais très bon en première période, seul Belfodil a été lancé par Garde, pour remplacer Lacazette, dont l’endurance est le principal manque. Dans le temps additionnel, d’une volée sur un coup franc tiré par Nene, Jallet (qui venait de sortir d’un banc parisien plus fourni puisque Sissoko et Chantôme sont aussi entrés alors qu’Erding est resté assis) n’a fait qu’entériner la prise de pouvoir du club de la Capitale sur la Ligue 1, avec trois points d’avance sur Montpellier, Toulouse et Lyon.
Des Lyonnais, sur deux défaites de rang en Ligue 1 à l'extérieur (à Caen, 1-0) et qui n’ont signé que deux succès à l’extérieur en sept matches, toutes compétitions confondues. Après avoir battu Marseille (2-0), qui a encore prouvé ce dimanche après-midi qu’il avait d’autres soucis que celui de penser au titre, la jeune et en reconstruction formation de Rémi Garde n'a pas manqué son premier grand test, malgré la défaite, en étant ambitieux et dangereux. Mais alors que le Championnat va dépasser son premier quart dans deux semaines, l’OL a désormais trois unités à rattraper sur le PSG. C’est peu, mais ce Paris Saint-Germain n'est pas encore au point et se repose surtout sur ses individualités, notamment Sirigu et Pastore. Cette première place est donc une promesse formidable.

Le film du match

5: Ménez décale Gameiro aux 16 mètres grâce à un petit pont sur Cissokho. La frappe en force de l'avant-centre parisien est repoussée des poings par Lloris.
20: Gameiro s'infiltre dans la surface, décale Pastore qui est un peu court et ne peut que pousser le ballon du bout du pied. Kallstrom détourne le cuir sur son poteau avant que lloris, battu dans un premier temps, récupère le ballon.
22: centre tendu de Cissokho pour Lacazette, seul au premier poteau. Sa reprise de la tête est passe au-dessus.
29: Pastore s'approche des 18 mètres, se débarrasse de Lovren d'un crochet intérieur puis enchaîne avec un petit pont sur Briand qui le touche légèrement. L'Argentin s'écroule dans la surface ... mais l'arbitre donne un coup franc sur la ligne des 16,50 mètres. Le coup-franc ne donne rien.
42: Lugano avance et, n’étant pas attaqué, il frappe de 30 mètres. Lloris détourne en corner.
50: Bastos, décalé à gauche, lève la tête et voit Gomis au 2e poteau. Camara est trop court pour couper la trajectoire du ballon, mais le tête croisée de l'attaquant passe à 20 centimètres du poteau opposé.
60: combinaison Pastore-Nene qui décale Bodmer aux 18 mètres. Légèrement excentré le milieu de terrain décoche une frappe lourde qui passe à côté du but de Lloris.
65: Pastore débloque la situation en enrhumant Koné sur le côté gauche de la surface d'une feinte de corps avant de battre Lloris d'une frappe du gauche précise. Le portier avait sans doute anticipé un centre et ferme mal son angle. 1-0
70e : contre-attaque parisienne avec un deux contre un Pastore-Gameiro face à Lovren. L'Argentin sert parfaitement son coéquipier qui bute sur une sortie parfaite de Lloris en face à face.
71: sur l'action suivante, Bastos se joue de Ceara sur le côté gauche avant d'offrir sur un plateau le ballon de l'égalisation au point de penalty à Gomis mais celui-ci ne trouve pas le cadre d'une tête placée qui termine à quelques centimètres.
75: Pastore sert Ménez dans la profondeur. L'ancien Romain, au duel avec Reveillère, ouvre trop son pied et manque le cadre.
79: Nene sert Gameiro dans la surface, qui tente une reprise instantanée qui passe au dessus.
90: sur le coup franc tiré par Nene, le ballon survole la défense lyonnaise et arrive au deuxième poteau où Jallet surgit et marque du pied droit. 2-0

mardi 6 septembre 2011

Un point et c'est tout

Sans idée, l'équipe de France a concédé le match nul en Roumanie (0-0) et n'a plus qu'un point d'avance sur la Bosnie à deux journées de la fin des éliminatoires à l'Euro 2012.
Bucarest, National Arena, le 6 septembre
Laurent Blanc avait choisi de laisser Ribéry à gauche et d'envoyer Malouda sur le banc.
Sans réussite puisque ses Bleus ont concédé le nul avec la Roumanie.
Remarque liminaire : si la toute nouvelle National Arena est magnifique, la pelouse qui était aussi inaugurée avec ce quinzième Roumanie - France de l’histoire (le cinquième en trois ans) est rapidement devenue déplorable. Indigne d’une partie départementale. Ce qui excuse certaines erreurs techniques mais pas l’affligeant manque de spectacle (3 tirs cadrés, dont un français par Rami de 35 mètres, quand la moyenne de la compétition est de dix), ni que le premier soupçon d'occasion tricolore n'intervienne qu'à la 63e minute avec une frappe au-dessus de Cabaye, ni le manque d'imagination tricolore, bien imagé par cet entêtement à tirer les corners à deux.
Avec ce match nul ramené de Bucarest, les Bleus de Laurent Blanc ajoutent une treizième perle à leur collier d’invincibilité. La seule « bonne nouvelle » de la soirée. Car là, contrairement à vendredi dernier, le sélectionneur ne pourra pas rétorquer « rassurez-moi, on a gagné ? ». Un succès en Albanie (1-2) ayant perdu un peu plus de prestige encore avec la défaite de l’équipe de Lorik Cana au Luxembourg (2-1, ce mardi soir). Néanmoins, l’objectif public était de ramener au moins quatre points de ce double déplacement. La mission est remplie, donc. Celle d’assurer les barrages, non. Car les Roumains sont à cinq points des Bleus, à deux journées de la fin des éliminatoires. La réception de l’Albanie, le 7 octobre, devrait permettre, à minima, d’obtenir ce petit point manquant.
Pour la première place, en revanche, il convient désormais de se méfier de la Bosnie, vainqueur de la Biélorussie (1-0, Misimovic, 87e), auteur de trois succès de rang, et revenue à une unité de la France. Les Bosniens qui seront les derniers adversaires des Bleus (sans compter un éventuel barrage) sur la route de l’Euro 2012, le 11 octobre au stade de France.
Pendant que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sont déjà en Ukraine et en Pologne - alors que les Pays-Bas et l’Angleterre y sont quasiment - la France est partie pour souffrir jusqu’au bout. Comme d’habitude, en fait, puisque depuis 1995, elle ne s’est qualifiée avant l’ultime journée que pour l’Euro 2004. Mais depuis 1995, elle s’est toujours qualifiée.

Pas une occasion française

Un match nul face à une Roumanie sur le déclin, privée de Mutu et Chivu notamment, qui n’est pas un si mauvais résultat puisque jamais les Bleus n’ont inquiété Tatarusanu. Alors que Lloris a dû sortir deux parades en première période, sur deux coups francs et autant d'abandons de sa défense (5e, 28e). Le gardien lyonnais porteur du brassard pour la deuxième fois de l’ère Blanc. Car Alou Diarra, qui alterne entre le banc et le capitanat, faisait partie des cinq joueurs écartés de l’équipe de départ après la victoire en Albanie (1), pourtant convaincante selon les dires des Tricolores. La réelle modification apportée par le sélectionneur concernait l’animation offensive.
Pas dans l'animation puisque le 4-2-3-1 était conservé, alors que le 4-3-3 était attendu. Le virage à 90 degrés touchait les hommes. Florent Malouda, omniprésent lors des rencontres qui comptent (titulaire lors des sept premiers matches), et Samir Nasri, rapidement proclamé meneur de jeu indiscutable avant de décevoir d'être critiqué et de se rebeller, étaient ainsi invités à regarder Ribéry à gauche, Valbuena à droite et Martin dans le cœur du jeu. Des changements qui n’ont rien apporté. Ce très jeune et inexpérimenté milieu de terrain (M’Vila, Cabaye et Martin totalisaient 19 sélections au coup d’envoi) n’a jamais réussi à mettre le jeu français dans le bon sens. Pas plus que les ailiers. Ribéry a une nouvelle fois déçu, n'apportant le danger que sur un geste de classe (66e), alors que Valbuena, préféré à Rémy (pendant que Gameiro était en tribune), a été transparent.
Même Adil Rami de retour en défense centrale a été coupable de moments d’égarements inquiétants et souvent colmatés par Eric Abidal. Le Barcelonais, positionné dans l'axe pour la troisième partie consécutive, étant une des rares satisfactions de la soirée avec les deux seules certitudes bleues depuis des mois : Hugo Lloris et Karim Benzema, trop isolé ce mardi et décidément le seul atout d'une formation incapable de marquer sans son apport (1 but et 2 passes décisives sur les 3 buts de la France cette saison). Un gardien et un avant-centre comme deux piliers d’une reconstruction qui semble à l’arrêt en ce début de saison.

Toujours pas de meneur indiscutable

En effet, à part aux deux extrémités, il y a du travail. Au milieu notamment. Si les candidats ne manquent pas, personne ne semble indispensable. Adulé à ses débuts, Marvin Martin, trop timide malgré une qualité indéniable pour accélérer le jeu, n’a pas réussi à lancer sa carrière internationale en match officiel comme l’avait fait Yoann Gourcuff en 2008 à quelques kilomètres de Bucarest (2). Ce qui n’est pas rédhibitoire pour le Sochalien. D'ailleurs, Gourcuff, malgré son départ canon, est en difficulté depuis bientôt deux ans. Mais personne n’a pris la place du meneur lyonnais, actuellement en phase de reprise. Au point qu'il pourrait revenir dans le groupe pour les matchs décisifs du mois d'octobre.
Une preuve, parmi d’autres, que les Bleus manquent cruellement de certitudes. Et à force de ne plus avancer, cette équipe de France va finir par reculer. Attention à ne pas revenir en 1993, tout de même.


(1) Outre Diarra remplacé par Cabaye, Réveillère a laissé sa place à Sagna, Kaboul à Rami, Malouda à Valbuena et Nasri à Martin.
(2) 2-2, le 11 octobre 2008 en éliminatoires du Mondial 2010, à Costanta, 1 but de 30 mètres et 1 passe décisive pour le bordelais de l’époque.


Temps forts :
5e : Coup franc roumain qui traverse toute la surface. Goian, totalement oublié, feinte la déviation avant de laisser passer. Lloris intervient d'une parade exceptionnelle.
28e : Nicolita tire le coup franc depuis les 25 mètres. Lloris va chercher la balle sous sa transversale.
63e : Benzema perd le ballon à l'entrée de la surface en initiant un une deux mais les Bleus sont au pressing et cela profite à Cabaye qui jaillit aux vingt mètres pour frapper. La balle s’envole. C'est la première frappe dangereuse française.
66e : Les Bleus poussent et obtiennent un nouveau corner. Ce dernier est tiré à deux. La défense intervient mais le ballon revient sur Sagna qui le glisse à Ribéry. L’ailier gauche, dans le coin droit de la surface, réalise une talonnade et frappe. Mais le cuir passe devant le but et va mourir en six mètres.
71e : Sagna oublie Stancu sur un centre venant de la gauche. Le Roumain centre de volée pour Marica qui est repris in extremis par Abidal.
77e : Marica prend Abidal de vitesse et accélère le long de la touche. Il centre fort devant le but pour Stancu dont le tacle n’est pas cadré.


Bucarest, National Arena, le 6 septembre.
Yann M'Vila tacle Costin Lazar et arrache une nouvelle bande
de la toute neuve et déjà dégradée pelouse roumaine.
Réaction:
Laurent Blanc (sélectionneur de l'équipe de France):
«Etes-vous déçu par le résultat ?
Oui, dans la mesure où on prépare toujours les matches pour les gagner et quand on n'y arrive pas on est déçu. Je suis encore plus déçu au vu de la physionomie du match, même si on ne s'est pas créé beaucoup d'occasions de but. Le nul est le minimum qu'on pouvait prendre ce soir.

Voyez-vous ce match contre la Bosnie comme une finale ?
Oui, on l'avait plus ou moins préparé. On pensait que les deux matches à domicile seraient décisifs, ce sera le cas. On a un petit avantage car on est quand même premier au classement avec un point d'avance sur la Bosnie et on reçoit lors des deux derniers matches. C'est plus envisageable de gagner à domicile qu'à l'extérieur. On a vu ce soir que c'était difficile de gagner à l'extérieur.

Vous avez en tout cas quasiment l'assurance d'être au moins barragiste...

C'est vrai qu'on prend un point de plus. On avait l'ambition de prendre six points à l'extérieur et c'est quand même très ambitieux. On sait très bien que ce n'est jamais facile à l'extérieur, surtout dans un stade neuf et 55 000 Roumains qui poussent leur équipe. J'ai vu une équipe de France dominer les Roumains mais malheureusement le terrain ne nous a pas favorisés. Je ne dis pas que la pelouse est la faute de tout mais sur certaines actions, elle nous a plus gênés que l'équipe de Roumanie.

«Il faut prendre des décisions»

Etes-vous satisfait des changements effectués dans l'équipe-type ?
Sur deux matches, avec l'effectif de 23 joueurs, il est normal quand on n'est pas satisfait des joueurs de pouvoir en changer. On avait décidé d'avoir la maîtrise du jeu et il fallait avoir des joueurs capables techniquement d'avoir cette maîtrise. Au niveau de la maîtrise, il n'y a pas eu photo entre la France et la Roumanie. Les Roumains ont couru après le ballon et n'ont que défendu, mais ils nous a manqué un petit truc devant pour marquer un but. Ce soir, ce qui nous manque, c'est de marquer un but.

Mettre Samir Nasri et Florent Malouda sur le banc, ce sont des choix forts...

Ce sont des choix. C'est le travail du sélectionneur de faire la meilleure équipe possible. Quand il fait des changements, c'est pour donner une chance à certains et amener de l'émulation au niveau de la concurrence dans le groupe. Je n'avais rien dit mais je n'en pensais pas moins. Il y a des joueurs qui ont démontré ce soir qu'ils pouvaient prétendre à une place de titulaire en équipe de France.

Etait-ce un gros risque ?
Si prendre une décision, c'est prendre un risque, on ne fait pus rien et on espère, on espère. Il faut prendre des décisions, elles ne sont pas faciles à prendre. Cela a été des choix difficiles mais c'est le rôle du sélectionneur de faire ces choix, mais il faut les faire si on veut créer ce qu'on veut créer en équipe de France.

Etes-vous prêt à reconduire cette équipe sur une bonne pelouse ?
J'aurais aimé voir cette équipe sur une bonne pelouse. Mais la vérité de ce soir ne sera peut-être pas celle du mois d'octobre, avec toutes les échéances qui attendent les joueurs avec leurs clubs, la Ligue des champions etc. Il y aura certainement, et malheureusement, des blessures, d'autres peut-être reviendront, j'en doute mais on sera attentifs. Le groupe ne sera pas identique mais sera à peu près le même que celui présent sur les deux derniers matches.»  
(AFP)

dimanche 19 juin 2011

Les nouveaux maillots de la Ligue 1

Alors que les joueurs sont en vacances, souvent très loin, que les dirigeants planchent sur le recrutement, les équipementiers ont déjà livré les maillots pour la saison 2011-2012. En voici quelques-uns.

Lille
Marseille


LyonPSG extérieur
Rennes
Bordeaux

Caen
Auxerre

samedi 28 mai 2011

Légendaire

Le FC Barcelone a conquis, avec brio, sa quatrième Ligue des Champions, ce samedi soir, à Wembley, face à Manchester United (3-1).
LionelMessi est le meilleur joueur du monde. Ce n’est pas nouveau, certes, mais c’est juste magnifique pour le football. Ce petit jeune homme discret, jovial et travailleur ne cesse de repousser un peu plus haut le baromètre de sa légende, alors qu’il n’a que 23 ans. Pour la troisième saison de rang, il termine meilleur marqueur de la Ligue des Champions (12 buts). Et pour la troisième année consécutive, il devrait recevoir le Fifa Ballon d’Or en décembre prochain. Ce samedi, il a livré une prestation exceptionnelle. Encore une, lors d’une rencontre importante. Toujours en mouvement par ses appels fuyants, Messi, via ses accélérations et ses passes, a noyé Manchester United, comme ce fut le cas pour le Real Madrid en demi-finale. Il ne lui manque que quelques fulgurances en sélection pour épaissir, encore plus, la trace maximale qu’il est en train de poser dans l’histoire du football. La Copa America cet été sera une belle opportunité.
Surtout, Barcelone est la meilleure équipe du monde. Ce qui n’est pas davantage une nouveauté. Mais lorsque les Catalans atteignent un tel niveau de perfection dans leur jeu de passes, dans leur pressing et dans leur mouvement, ils sont juste injouables. Même pour le récent champion d’Angleterre, totalement dépassé.

Un tir cadré pour Manchester, douze pour Barcelone

Le manque de rythme dans le sport est un débat bien vaste à la réponse toujours confuse. Guardiola y a apporté sa contribution, ce samedi. En laissant dix-sept jours de repos à presque tous ses titulaires, le technicien espagnol avait pris un risque, calculé. Car ses joueurs semblaient en deçà physiquement depuis plusieurs semaines et marqués par les quatre clasicos en dix-huit jours. Alors, ils ont eu droit à un programme spécifique. À titre d’exemple, Xavi a touché plus de 80 ballons en première période, en donnant des balles de but, en plus. Il commença par servir Pedro qui manqua le cadre (16e). Villa enchaîna en frôlant la cage des vingt mètres (20e) puis en trouvant Van der Sar qui s’allongea sur sa droite (21e). Finalement, Xavi décala Pedro à la droite de la surface. Messi se chargea d’aspirer Vidic et Evra et le petit ailier espagnol plaça une frappe sèche au ras du poteau gauche de Van der Sar, immobile (27e).En fait, les Catalans n’ont semblé en difficulté que dix minutes et trente secondes.
Les dix premières minutes, d’abord, comme en 2009. Avec un pressing haut, les Mancuniens monopolisaient plutôt bien le ballon et visaient avec réussite un axe défensif blaugrana parfois
fébrile. Une stratégie ne se limitant pas à cette séquence de la partie. Et puis, il y eut ces trente secondes bien plus dérangeantes. Alors que le Barça était en plein récital, Abidal, auteur d’un match très solide, laissa une balle sortir en touche dans ses vingt mètres. S’en suivit une touche sans conviction du latéral français, préféré à Puyol à gauche, vers des barcelonais peu concernés par le cuir. Rooney, lui, l’était. Il accéléra, servit Giggs, à l’entrée de la surface et légèrement hors-jeu, qui lui remit à vingt mètres. L’Anglais arma et égalisa sur la première et même la seule occasion de Manchester (1-1, 33e). Ce qui, au fond, ne changea pas grand-chose.
Barcelone reprit son emprise sur la partie et continua à se créer des occasions. Iniesta frappa de loin (39e), puis Messi fut à dix centimètres de reprendre un centre de Villa (43e) qui essaya de retrouver son génial coéquipier qui venait d’effacer Vidic sur une accélération et une feinte magistrales.

Un Barça MVP

Même la mi-temps ne dérégla pas Barcelone. Venu de la droite pour son énième débordement, Alves tenta une frappe alors que Pedro attendait en retrait (52e). Presque dans la foulée, Iniesta servit Messi. L’Argentin accéléra, comme toujours, et d’une frappe sèche à vingt mètres surprit Van der Sar (54e). Un but magnifique, le 53e de sa saison. Et le premier en Angleterre de sa carrière. Prouvant qu’aucune statistique ne l’arrête. Comme pour les défenseurs, en fait. Il aurait même pu signer un doublé sans un réflexe de Van der Sar (63e) et une talonnade imprécise (65e). Alors, Villa a terminé le travail d’un lob de l’extérieur de la surface à la suite d’un nouveau déboulé de Messi et d’une passe en retrait de Busquets. Van der Sar ne put rien y faire. Une triste fin, à 40 ans, ne récompensant pas une carrière remarquable.
Le trio MVP (Messi-Villa-Pedro) a encore frappé. A eux trois, ils ont inscrit 98 buts cette saison. Et puis les passeurs de Wembley sont Xavi, Iniesta et Busquets, les créateurs de cette formation, tous issus de la Masia, le centre de formation. Une équipe complète, magnifique, qui restera dans l’histoire. Pour une partie d’entre eux, c’est leur troisième Ligue des Champions (2006, 2009, 2011) s’ajoutant à un Euro et une Coupe du Monde pour les Espagnols.
Pour Guardiola, c’est aussi la troisième. La deuxième en tant qu’entraîneur (2009 et 2011), accompagnant la première du club, conquise à Wembley, déjà, en 1992, lorsqu’il était le subtil milieu de l’équipe de Cruyff. Certains, dont son mentor néerlandais, lui pensent l’envie de quitter le club à l’apogée, alors qu’il a tout gagné, plusieurs fois, en trois ans. Il reste une chose à glaner tout de même. Le titre honorifique de meilleure équipe de l’histoire. De 1956 à 1960, le Real Madrid - de Di Stefano - avait enchaîné cinq C1 et l’Ajax - de Cruyff - trois de 1971 à 1973. L'équipe de Xavi et Messi est au cœur d’une dynastie magnifique doublée d’un esprit admirable. Laisser Abidal, remis de son opération pour une tumeur au foie, soulever la Coupe aux grandes oreilles en premier en est un nouveau signe.
Ferguson, avant le match, avait parlé de « finale de la décennie ». Et si le vainqueur était le club du siècle ?
Réaction
Alex Ferguson (entraîneur de Manchester United)
Le Barça était-il trop fort pour vous ?
C'était une bonne équipe avant le match. On s'est bien préparés, on a joué comme on pouvait. Mais avec leurs passes, ils vous laissent atones, ce n'est pas nouveau. Quand on a quelqu'un comme Rooney, j'attendais quelque chose de mieux en deuxième période, mais c'est comme ça. On a fait notre jeu habituel mais on n'a pas assez dominé le milieu pour l'emporter. Jouer contre le Barça n'est pas facile, mais c'est un défi, et il faut affronter les défis, pas les fuir. Nous sommes à chaque fois meilleurs, c'est une sorte de trampoline, on avait progressé déjà après le 4-0 (encaissé au Camp Nou en 1994, ndlr). On s'améliorera la saison prochaine, et c'est un défi pour tout le monde, pas seulement Manchester. Mais être vice-champions ne nous console pas ; avec notre histoire, nous voulons être les meilleurs.

Le Barça est-il plus qu'une bonne équipe ?
Les grandes équipes ont des cycles, le leur est le meilleur en Europe actuellement, il n'y a pas de doute. Combien de temps cela va-t-il durer, vont-ils pouvoir continuer avec la même philosophie, on ne le sait pas... Ils pourront trouver encore des joueurs comme Xavi et Messi, ou peut-être pas. C'est la meilleure équipe que j'aie vue, et tout le monde le reconnaît, et je l'accepte. Ce n'est pas facile de subir cette défaite, personne ne nous avait donné une telle raclée, et ils savourent leur jeu.
Pourquoi Berbatov ne figurait-il pas sur la feuille de match ?
C'était une décision difficile de choisir l'équipe, il s'agissait de se concentrer sur le milieu, où le Barça domine. Je devais choisir entre Owen et Berbatov, et j'ai pensé que si on a besoin de quelqu'un pour marquer dans les dernières minutes, Owen a de l'expérience, et je l'ai choisi». (AFP)