lundi 24 octobre 2011

Et si Bordeaux était à sa place?

Après deux saisons compliquées achevées aux 6 et 7e places, Bordeaux poursuit sa chute et se retrouve dans la zone rouge depuis deux journées. Crise de résultat ou simple déclin?
Benoit Trémoulinas avait subi la foudre de Nicolas de Tavernost, président de M6,
pour avoir jugé son équipe incapable de viser la qualification européenne.
Trois mois plus tard, Bordeaux est relégable...
Les semaines se suivent et les mots restent inchangés. Après chaque nouvelle désillusion, les joueurs passent devant la presse pour affirmer le désir collectif de remonter la pente. Et après les rares soubresauts, pas de doute, le match du déclic, c’est reparti. Depuis près de deux ans, le constant est invariable. Cet effectif a de la qualité, n’est pas à sa place. Alors, les excuses s’enchaînent. La finale de la Coupe de la Ligue, d’abord, où les habituels titulaires avaient été préférés aux remplaçants, à trois jours du quart de finale aller de la Ligue des Champions, ce qui aurait cassé le groupe en deux au printemps 2010 (1-3 contre Marseille). Puis le départ de Laurent Blanc à la fin de la saison 2009/2010, tellement prévisible qu’il n’a pas été anticipé. Ensuite, c’était la faute de Jean Tigana, trop rigide au point de sanctionner financièrement les retards à l’entraînement ou d'obliger ses internationaux à revenir le lendemain du dernier jour du rassemblement, comme dans tous les clubs. Un coach accusé de ne pas être assez chaleureux avec ses joueurs et de ne pas s’entendre avec son adjoint, Michel Pavon, qui lui s’entendait trop bien avec certains cadres du vestiaire.
Et maintenant que l’équipe est relégable depuis deux journées dans une indifférence presque générale, quelles sont les excuses ? Des défaillances individuelles, un manque de chance, des erreurs arbitrales, un moral touché… Tout y passe, avec mauvaise foi, dans les bouches de ceux qui acceptent encore de parler plus de 48 secondes en conférence de presse.
Chamakh, Gourcuff et Cavenaghi le trio offensif du titre de 2009,
 ont été remplacé par Modeste, Ben Khalfallah et Diabaté...
Sauf une, que Francis Gillot ose suggérer depuis sa prise de fonction. Cette équipe est peut-être juste à sa place. Que Lamine Sané, malgré des premiers matches encourageants en 2010 dans une défense qui fonctionnait encore bien, n’a pas le niveau. Ni en défense centrale, ni à droite ni au milieu. Que Michaël Ciani, malgré des atouts physiques indéniables, a des difficultés de concentration trop fréquentes pour être un cadre de la défense. Il doit avoir un « cerveau » à côté de lui. Que Marc Planus, ce cerveau libéro, n’a plus réalisé deux bons matches de rang depuis deux ans parce que son corps le lâche trop souvent. Et qu’en plus, il accumule les fautes grossières, handicapant lourdement son équipe (contre Marseille l'an dernier, Montpellier récemment), quand l'arbitre le voit. Que Mathieu Chalmé livre des matches d’une telle indigence que Gillot a préféré utiliser le jeune Krychowiak au poste de latéral droit à Nice (0-3) alors qu’il est milieu défensif, voire défenseur central de formation. Que Fahid Ben Khalfallah et Anthony Modeste, les deux « remplaçants » de Marouane Chamakh et Yohan Gourcuff étaient bons à Angers, en Ligue 2. Mais, que c’était de la Ligue 2, justement. Que la cellule de recrutement, depuis le départ de Charles Camporo en 2006, remplacé par Michel Pavon puis Jérôme Bonnissel, n’a pas un trouvé un bon joueur, laissant les entraîneurs utiliser leurs propres réseaux pour sauver les apparences (Fernando, Alonso et Wendel par Ricardo ; Gourcuff et Plasil par Blanc ; Maurice-Belay et Nguemo par Gillot) ou se tromper.
Que la formation bordelaise, depuis le départ de Guy Hillion, est incapable de sortir un bon joueur au point que les deux plus grands espoirs au Haillan se nomment Sala et Castro, issus du Proyecto Crecer, club filial des Girondins en Argentine. Que l'entraîneur essaye un peu tout et n'importe quoi à force, comme Krychowiak latéral alors qu'il n'était pas à l'entraînement les deux semaines précédentes ou Modeste et Diabaté associés devant, le tout à Nice. Gillot a déjà utilisé 25 joueurs dont 21 comme titulaires (seuls Ciani et Sané n'ont raté aucune minute) mais n'a dégagé que peu de certititudes. Sauf Nguemo, déjà indispensable à la récupération.

10 millions d'euros cet hiver?
Alors, le stade se vide. Face à Brest, Chaban-Delmas n’a même pas affiché 50% de taux de remplissage. 16000 personnes se déplacent encore pour voir Bordeaux ne jamais gagner et rarement convaincre, si ce n’est par bribes de matches, quant il y avait 16000 abonnés pour contempler le FCGB, il y a deux ans. Et en plus, les joueurs prennet mal les reproches des plus fidèles. Bellion a critiqué la banderole du virage sud ("Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB ou dégagez"), signalant « qu’une supporter devait supporter son équipe » samedi soir.
Des rumeurs, relayées par France 3 Aquitaine, annoncent un bilan des dirigeants sur l’action de Francis Gillot dans deux matches, après la réception du Paris Saint-Germain, un soir de grève annoncée par les supporters, quant ces mêmes dirigeants oublient de faire leur propre bilan. Jean-Louis Triaud a prolongé les contrats, avec augmentation salariale (Planus, Bellion, Henrique, Jussiê, Chalmé) pour ne pas revivre l'épisode Chamakh, parti librement (comme Trémoulinas en 2013?). Il a certifié que son équipe avait du talent, puis a critiqué encore et encore ces jeunes gens. Désormais, il s'efface, comme s'il était totalement dépassé par ce football peut être trop professionnel pour lui. 
L’hiver dernier, l’actionnaire principal, M6, avait accordé 12 millions d’euros pour recruter un attaquant, si possible Gameiro et atteindre le podium final. Le Lorientais de l’époque voulait aller à Valence et avait poliment décliné l’offre girondine. Mais Bordeaux a insisté sur cette piste, n’en a creusé aucune autre avant de s’en prendre publiquement à l’attaquant international et d’obtenir dans l’urgence le prêt payant (2 millions d’euros) du jeune Brésilien André, certainement très bon, mais hors de forme.
Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB ou dégagez,
tel est le dernier message de protestation
des supporters girondins, samedi.
Et voilà que l’histoire se répète. Après un mercato estival historique (0 euro dépensé, seul club de Ligue 1 dans ce cas), 10 millions d’euros sont murmurés pour renforcer dans l’urgence une équipe à la dérive et ainsi sauver le club de la relégation.
Seulement, pour obtenir un attaquant, un latéral droit voire un milieu, la somme pourrait être un peu étriquée. Surtout que Diabaté, Sané et Traoré seront absents plus d'un mois à cause de la CAN (Coupe d'Afrique des Nations). 
Car c’est connu, le marché d’hiver est plus cher. Les bons joueurs son installés dans leurs clubs et les autres, à court de forme et de confiance n’ont pas forcément le profil pour lutter pour le maintien. Il faut des cadres, des battants autant que de bons joueurs. Un latéral ? Pourquoi pas Jeunechamp. On plaisante bien sûr. Sauf que si Bordeaux prend des cartons (21 jaunes et 3 rouges), elle manque de caractère, comme l'atteste son incapacité à conserver un score. Si les matches s'arrêtaient à la mi-temps, Bordeaux serait septième. Mais ils durent 94 minutes et Bordeaux est dix-huitième, avec une seule victoire arrachée avec chance à Valenciennes (2-1, le 27 août), en plus. Costa, Smertin, Jemmali, Jurietti, Fernando voire Diarra ces dernières années étaient ces cadres prêts à insuffler l’envie de se battre aux autres. Même Plasil s’efface, après avoir forcé sa nature. Il parle moins sur le terrain, est moins décisif, comme résigné par tant d’efforts inutiles depuis des mois. La résignation. Le mal qui peut être fatal aux Girondins. Il reste 27 matches. C’est largement suffisant pour se sauver et même terminer au milieu d’un Championnat très moyen où Dijon, Ajaccio, Brest, Valenciennes, Nancy, Evian, Nice et Caen n'ont pas beaucoup plus de talents que Bordeaux. Sauf que le maintien est dans les gènes de ces équipes et de leurs joueurs. Ils ne pensent qu'à cela depuis début juillet. Or il ne l’était pas dans ceux de Nantes, Lens ou Monaco. Et il n’est pas à Bordeaux qui parlait encore d'Europe cet été...

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