mardi 24 août 2010

Pauvres footballeurs

L'image du football se détériore depuis plusieurs mois. En cause une profonde rupture entre le footballeur et la société.


Le football se perd dans ses méandres, dans son luxe, dans sa bêtise. L'argent n'est pas la seule cause de cette dérive. Le "tous pourris" entonné dans les manifestations est un raccourci trop facile, aussi bien pour les politiques, les artistes, les patrons ou les sportifs. Le principal danger du footballeur est un lien indirect de l’abondance financière, l'isolement. Pendant que les autres sportifs sont accessibles, vivent dans la vraie vie, le footballeur est dans son Versailles, comme Louis XVI avec les courtisans, maîtres es flatterie.
Un entourage si important chez le footballeur avec pêle-mêle, l'agent, la famille et les amis. Pour certains, car d’autres, heureusement, restent les pieds sur terre avec des bases solides. Mais ces bases se détériorent rapidement, trop actuellement. Une accélération depuis des mois, où le bus de la honte de Knysna fut la loupe, le point de non retour, mais pas une prise de conscience. A tel point que l’on préfère voir Ribéry, Anelka ou Evra sur le terrain face à la Biélorussie et sa génération extraordinaire… plutôt que de montrer l’exemple, de se racheter une certaine virginité. Si c’est un tantinet possible. Jacquet, Blanc et Hidalgo sont contre les sanctions individuelles dans un sport si collectif dans les mentalités. Contre les sanctions tout court. Après tout la grève est un droit comme la sottise une vertu si rependue dans le petit monde du foot, français principalement.

L'entourage en cause

Alors le footballeur a une confiance absolue en son cercle qui lui scande à l'envi qu'il est le plus beau, le plus fort, que son entraîneur est un con, que son coéquipier n'est qu'un jaloux. Le footballeur croit tout cela, prend tout au premier degré. Alors la critique l'énerve et il gifle le journaliste ayant eu l'indigence de lui opposer une critique. Il se croit supérieur puisqu'il est meilleur que tout le monde et c'est fiable, c'est son pote de 10 ans, à qui il a acheté une voiture qui lui dit. Du fiable quoi.
Le club dans lequel je suis ne joue pas la Coupe d'Europe ? Mais ce n'est pas ma faute. Je suis tellement irréprochable sur le terrain. Un petit tour dans le bureau du président avec mon avocat la veille d'un match capital et hop direction un club plus huppé.
Un coéquipier a un salaire plus important que moi? Quel scandale. "Augmentation ou au revoir". Ultimatum normal.
Je conduis en état d'ébriété ou sans permis? Et alors, je sais conduire. je ne suis pas n 'importe qui.
Une fille est jolie. Il suffit de sortir le chéquier pour se l'offrir. Pour l'âge de la demoiselle, on repassera.
Alors oui, le footballeur se croit tout permis. Il est au dessus de la masse qui se saigne pour se payer un abonnement annuel pour les matches de son équipe favorite. Une masse sans respect, qui siffle lorsque les défaites s'enchaînent. Alors que les dirigeants et l'entraîneur font le recrutement. Le pauvre joueur n'a pas de chances d'être entouré de baltringues.
Mais sachez le, messieurs les footballeurs, à force d'être dédaigneux avec le peuple, Le bon Louis XVI a fini guillotiné. A bons entendeurs...

mercredi 11 août 2010

Première à Blanc

Laurent Blanc commence sa seconde histoire avec l'équipe de France par une défaite en Norvège (0-2). Les enseignements sont restreints.

L’attente était immense et les conclusions absentes. La première de Laurent Blanc ne restera pas dans les annales du football, un mois après la finale de la Coupe du monde. Juste, rejoint-il Platini et Houiller dans le cercle fermé des sélectionneurs ayant perdu leur première rencontre, lors des vingt-cinq dernières années. Seulement les deux compères, qui avaient barré la porte de la maison France à Didier Deschamps il y a deux ans, avaient dû se coltiner le Brésil (0-2, le 26 août 1992) pour l’actuel DTN et la Yougoslavie (2-3, 19 novembre 1988) pour le président de l’UEFA. L’excuse est plus consistante que de tomber en Norvège, au stade Ullevaal, un 11 août face à une équipe correcte, au plus. Mais Laurent Blanc pourra toujours arguer qu’il a récupéré une sélection et non pas une équipe. Et surtout une sélection sans joueurs, à sa demande. Avec huit neo-bleus au cours du match dont six au coup d’envoi, les automatismes étaient forcément quelconques, notamment au sein d'une défense chancelante. Mais la punition est passée et la Coupe du monde sud-africaine soldée, dans l'esprit du nouveau patron du moins. Par contre, Blanc poursuit la série des défaites engendrée lors du Mondial. Hier, une troisième est venue s'associer aux piètres souvenirs du Méxique (0-2) et de l'Afrique du Sud (1-3).

Huit nouveaux et deux schémas

Le Cévenol avait exprimé l’idée de tester deux schémas différents au cours de la partie. Il a suivi sa pensée, utilisant les deux organisations tactiques de son ère bordelaise. Le 4-4-2 d’abord, avec Nasri à la pointe et M’Vila au bas de son fameux losange. Hoarau étant utilisé "à la Chamakh". Ainsi, la France fut solide et appliquée sans être féerique. Le jeu passait principalement sur les ailes et Nasri, dans les habits de Gourcuff a montré qu'il pourra tenir les rênes du jeu pendant les deux prochaines rencontres, au moins, avant d'entrer en concurrence avec le Breton. Comme avec Bordeaux, la domination était sienne, mais comme avec le Bordeaux du premier semestre 2010, l’attaque manqua de consistance. Alors, la fameuse génération 1987 (Ben Afa et Menez ont rejoint Nasri à la mi-temps, puis Benzema quelques minutes après) a pris le pouvoir en même temps que le 4-2-3-1. Et le sempiternel problème avec ces joueurs est que l’on gagne en folie ce que l’on perd en solidité. Alors oui, sur un pétard du gauche, le Marseillais de moins en moins paria sur la Cannebière a ouvert le score (47e) et proposé de belles séquences, comme il sait le faire quand il le veut. Au fond, HBA a plutôt gagné des points, comme M’Vila, pendant que Menez a montré de l’envie. En revanche Lassana Diarra, présent hier soir au prix d’une drépanocytose déclarée à Tignes en mai dernier, pourrait connaître une sanction ne provenant ni d’une commission ni d’une fédération. Avec plusieurs pertes de balles et passes aux Norvégiens le train Blanc pourrait partir sans lui, quand N'Zogbia et Sisokho se sont montrés solides.
Pour connaître les réels gagnants et perdants il faudra être encore patient. Certains mutins remplaceront des nouveaux qui auront eu un survêtement, voire des minutes. Mais qu'ils le sachent, dans cinq mois, la tenue officielle de la sélection tricolore va changer. Il ne leur restera qu'à travailler pour retrouver le Bleu dans des habits légitimes. D'autres survivront à la prochaine sélection.
Dans deux semaines, donc, Laurent Blanc donnera sa première vraie liste. Et cette fois-ci les excuses ne tiendront pas, face à une opposition chétive (la Bielorussie, le 3 septembre) et une modérée (la Bosnie-Herzegovine, le 7 septembre). Et les regards seront plus aiguisés.