mardi 6 septembre 2011

Un point et c'est tout

Sans idée, l'équipe de France a concédé le match nul en Roumanie (0-0) et n'a plus qu'un point d'avance sur la Bosnie à deux journées de la fin des éliminatoires à l'Euro 2012.
Bucarest, National Arena, le 6 septembre
Laurent Blanc avait choisi de laisser Ribéry à gauche et d'envoyer Malouda sur le banc.
Sans réussite puisque ses Bleus ont concédé le nul avec la Roumanie.
Remarque liminaire : si la toute nouvelle National Arena est magnifique, la pelouse qui était aussi inaugurée avec ce quinzième Roumanie - France de l’histoire (le cinquième en trois ans) est rapidement devenue déplorable. Indigne d’une partie départementale. Ce qui excuse certaines erreurs techniques mais pas l’affligeant manque de spectacle (3 tirs cadrés, dont un français par Rami de 35 mètres, quand la moyenne de la compétition est de dix), ni que le premier soupçon d'occasion tricolore n'intervienne qu'à la 63e minute avec une frappe au-dessus de Cabaye, ni le manque d'imagination tricolore, bien imagé par cet entêtement à tirer les corners à deux.
Avec ce match nul ramené de Bucarest, les Bleus de Laurent Blanc ajoutent une treizième perle à leur collier d’invincibilité. La seule « bonne nouvelle » de la soirée. Car là, contrairement à vendredi dernier, le sélectionneur ne pourra pas rétorquer « rassurez-moi, on a gagné ? ». Un succès en Albanie (1-2) ayant perdu un peu plus de prestige encore avec la défaite de l’équipe de Lorik Cana au Luxembourg (2-1, ce mardi soir). Néanmoins, l’objectif public était de ramener au moins quatre points de ce double déplacement. La mission est remplie, donc. Celle d’assurer les barrages, non. Car les Roumains sont à cinq points des Bleus, à deux journées de la fin des éliminatoires. La réception de l’Albanie, le 7 octobre, devrait permettre, à minima, d’obtenir ce petit point manquant.
Pour la première place, en revanche, il convient désormais de se méfier de la Bosnie, vainqueur de la Biélorussie (1-0, Misimovic, 87e), auteur de trois succès de rang, et revenue à une unité de la France. Les Bosniens qui seront les derniers adversaires des Bleus (sans compter un éventuel barrage) sur la route de l’Euro 2012, le 11 octobre au stade de France.
Pendant que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sont déjà en Ukraine et en Pologne - alors que les Pays-Bas et l’Angleterre y sont quasiment - la France est partie pour souffrir jusqu’au bout. Comme d’habitude, en fait, puisque depuis 1995, elle ne s’est qualifiée avant l’ultime journée que pour l’Euro 2004. Mais depuis 1995, elle s’est toujours qualifiée.

Pas une occasion française

Un match nul face à une Roumanie sur le déclin, privée de Mutu et Chivu notamment, qui n’est pas un si mauvais résultat puisque jamais les Bleus n’ont inquiété Tatarusanu. Alors que Lloris a dû sortir deux parades en première période, sur deux coups francs et autant d'abandons de sa défense (5e, 28e). Le gardien lyonnais porteur du brassard pour la deuxième fois de l’ère Blanc. Car Alou Diarra, qui alterne entre le banc et le capitanat, faisait partie des cinq joueurs écartés de l’équipe de départ après la victoire en Albanie (1), pourtant convaincante selon les dires des Tricolores. La réelle modification apportée par le sélectionneur concernait l’animation offensive.
Pas dans l'animation puisque le 4-2-3-1 était conservé, alors que le 4-3-3 était attendu. Le virage à 90 degrés touchait les hommes. Florent Malouda, omniprésent lors des rencontres qui comptent (titulaire lors des sept premiers matches), et Samir Nasri, rapidement proclamé meneur de jeu indiscutable avant de décevoir d'être critiqué et de se rebeller, étaient ainsi invités à regarder Ribéry à gauche, Valbuena à droite et Martin dans le cœur du jeu. Des changements qui n’ont rien apporté. Ce très jeune et inexpérimenté milieu de terrain (M’Vila, Cabaye et Martin totalisaient 19 sélections au coup d’envoi) n’a jamais réussi à mettre le jeu français dans le bon sens. Pas plus que les ailiers. Ribéry a une nouvelle fois déçu, n'apportant le danger que sur un geste de classe (66e), alors que Valbuena, préféré à Rémy (pendant que Gameiro était en tribune), a été transparent.
Même Adil Rami de retour en défense centrale a été coupable de moments d’égarements inquiétants et souvent colmatés par Eric Abidal. Le Barcelonais, positionné dans l'axe pour la troisième partie consécutive, étant une des rares satisfactions de la soirée avec les deux seules certitudes bleues depuis des mois : Hugo Lloris et Karim Benzema, trop isolé ce mardi et décidément le seul atout d'une formation incapable de marquer sans son apport (1 but et 2 passes décisives sur les 3 buts de la France cette saison). Un gardien et un avant-centre comme deux piliers d’une reconstruction qui semble à l’arrêt en ce début de saison.

Toujours pas de meneur indiscutable

En effet, à part aux deux extrémités, il y a du travail. Au milieu notamment. Si les candidats ne manquent pas, personne ne semble indispensable. Adulé à ses débuts, Marvin Martin, trop timide malgré une qualité indéniable pour accélérer le jeu, n’a pas réussi à lancer sa carrière internationale en match officiel comme l’avait fait Yoann Gourcuff en 2008 à quelques kilomètres de Bucarest (2). Ce qui n’est pas rédhibitoire pour le Sochalien. D'ailleurs, Gourcuff, malgré son départ canon, est en difficulté depuis bientôt deux ans. Mais personne n’a pris la place du meneur lyonnais, actuellement en phase de reprise. Au point qu'il pourrait revenir dans le groupe pour les matchs décisifs du mois d'octobre.
Une preuve, parmi d’autres, que les Bleus manquent cruellement de certitudes. Et à force de ne plus avancer, cette équipe de France va finir par reculer. Attention à ne pas revenir en 1993, tout de même.


(1) Outre Diarra remplacé par Cabaye, Réveillère a laissé sa place à Sagna, Kaboul à Rami, Malouda à Valbuena et Nasri à Martin.
(2) 2-2, le 11 octobre 2008 en éliminatoires du Mondial 2010, à Costanta, 1 but de 30 mètres et 1 passe décisive pour le bordelais de l’époque.


Temps forts :
5e : Coup franc roumain qui traverse toute la surface. Goian, totalement oublié, feinte la déviation avant de laisser passer. Lloris intervient d'une parade exceptionnelle.
28e : Nicolita tire le coup franc depuis les 25 mètres. Lloris va chercher la balle sous sa transversale.
63e : Benzema perd le ballon à l'entrée de la surface en initiant un une deux mais les Bleus sont au pressing et cela profite à Cabaye qui jaillit aux vingt mètres pour frapper. La balle s’envole. C'est la première frappe dangereuse française.
66e : Les Bleus poussent et obtiennent un nouveau corner. Ce dernier est tiré à deux. La défense intervient mais le ballon revient sur Sagna qui le glisse à Ribéry. L’ailier gauche, dans le coin droit de la surface, réalise une talonnade et frappe. Mais le cuir passe devant le but et va mourir en six mètres.
71e : Sagna oublie Stancu sur un centre venant de la gauche. Le Roumain centre de volée pour Marica qui est repris in extremis par Abidal.
77e : Marica prend Abidal de vitesse et accélère le long de la touche. Il centre fort devant le but pour Stancu dont le tacle n’est pas cadré.


Bucarest, National Arena, le 6 septembre.
Yann M'Vila tacle Costin Lazar et arrache une nouvelle bande
de la toute neuve et déjà dégradée pelouse roumaine.
Réaction:
Laurent Blanc (sélectionneur de l'équipe de France):
«Etes-vous déçu par le résultat ?
Oui, dans la mesure où on prépare toujours les matches pour les gagner et quand on n'y arrive pas on est déçu. Je suis encore plus déçu au vu de la physionomie du match, même si on ne s'est pas créé beaucoup d'occasions de but. Le nul est le minimum qu'on pouvait prendre ce soir.

Voyez-vous ce match contre la Bosnie comme une finale ?
Oui, on l'avait plus ou moins préparé. On pensait que les deux matches à domicile seraient décisifs, ce sera le cas. On a un petit avantage car on est quand même premier au classement avec un point d'avance sur la Bosnie et on reçoit lors des deux derniers matches. C'est plus envisageable de gagner à domicile qu'à l'extérieur. On a vu ce soir que c'était difficile de gagner à l'extérieur.

Vous avez en tout cas quasiment l'assurance d'être au moins barragiste...

C'est vrai qu'on prend un point de plus. On avait l'ambition de prendre six points à l'extérieur et c'est quand même très ambitieux. On sait très bien que ce n'est jamais facile à l'extérieur, surtout dans un stade neuf et 55 000 Roumains qui poussent leur équipe. J'ai vu une équipe de France dominer les Roumains mais malheureusement le terrain ne nous a pas favorisés. Je ne dis pas que la pelouse est la faute de tout mais sur certaines actions, elle nous a plus gênés que l'équipe de Roumanie.

«Il faut prendre des décisions»

Etes-vous satisfait des changements effectués dans l'équipe-type ?
Sur deux matches, avec l'effectif de 23 joueurs, il est normal quand on n'est pas satisfait des joueurs de pouvoir en changer. On avait décidé d'avoir la maîtrise du jeu et il fallait avoir des joueurs capables techniquement d'avoir cette maîtrise. Au niveau de la maîtrise, il n'y a pas eu photo entre la France et la Roumanie. Les Roumains ont couru après le ballon et n'ont que défendu, mais ils nous a manqué un petit truc devant pour marquer un but. Ce soir, ce qui nous manque, c'est de marquer un but.

Mettre Samir Nasri et Florent Malouda sur le banc, ce sont des choix forts...

Ce sont des choix. C'est le travail du sélectionneur de faire la meilleure équipe possible. Quand il fait des changements, c'est pour donner une chance à certains et amener de l'émulation au niveau de la concurrence dans le groupe. Je n'avais rien dit mais je n'en pensais pas moins. Il y a des joueurs qui ont démontré ce soir qu'ils pouvaient prétendre à une place de titulaire en équipe de France.

Etait-ce un gros risque ?
Si prendre une décision, c'est prendre un risque, on ne fait pus rien et on espère, on espère. Il faut prendre des décisions, elles ne sont pas faciles à prendre. Cela a été des choix difficiles mais c'est le rôle du sélectionneur de faire ces choix, mais il faut les faire si on veut créer ce qu'on veut créer en équipe de France.

Etes-vous prêt à reconduire cette équipe sur une bonne pelouse ?
J'aurais aimé voir cette équipe sur une bonne pelouse. Mais la vérité de ce soir ne sera peut-être pas celle du mois d'octobre, avec toutes les échéances qui attendent les joueurs avec leurs clubs, la Ligue des champions etc. Il y aura certainement, et malheureusement, des blessures, d'autres peut-être reviendront, j'en doute mais on sera attentifs. Le groupe ne sera pas identique mais sera à peu près le même que celui présent sur les deux derniers matches.»  
(AFP)