mardi 29 mars 2011

Pas plus de certitudes

La France a interrompu sa série de six succès par un match nul peu brillant face à la Croatie, ce mardi au stade de France.

C’est officiel, un maillot ne fait pas tout. En bleu ou en marinière, le sentiment global ne change guère en l’espace de cinq jours et 180 minutes de jeu.
Sans aller jusqu’au voyage au bout de l’ennui de vendredi dernier au Luxembourg (2-0), ce France - Croatie a revêtu bien des caractéristiques du match amical a effet limité.
À se demander s’il ne serait pas mieux de laisser les joueurs au repos, à Clairefontaine, à travailler et à vivre ensemble. Après le succès face à une Angleterre décimée (1-2) et un Brésil peu concerné et en infériorité numérique durant une mi-temps (1-0), la France n’a pu s’extirper des filets de la Croatie, 8e mondiale mais battue par la Géorgie samedi dernier (1-0). Elle a même vu sortir Benzema en se tenant la cuisse et Rami sur une civière, l’épaule gauche en souffrance.
Pourtant, le profil croate était prometteur. Et il l’a été, par moments. Cette équipe a des joueurs de ballon comme Modric, Kranjcar, Srna, Ratikic. Mais après avoir bien débuté la partie, elle est tombée dans le faux rythme général de ce match, jusqu’à souffrir en seconde période face au bon pressing français. Le seul bon point de la soirée, avec la défense centrale, une nouvelle fois rassurante, à part une frayeur de Mexès dépossédé du ballon par Perisic, obligeant Lloris à un bel arrêt réflexe de la main droite (42e).

Ribéry sifflé, Gourcuff aussi

Mis à part cela, les Bleus sont devenus experts pour soigner l’insomnie. Encore plus efficace qu’un documentaire d’Arte sur la seconde guerre mondiale en allemand non sous-titré. Le ballon roule de pied en pied sans que des mouvements intéressants ne se dessinent réellement. Les courses et les appels sont prévisibles et les prises de risque limitées. D’ailleurs, le costume de meneur de jeu est encore trop ample pour Samir Nasri. Malgré quelques gestes de classe, il n’a pas pesé dans le jeu en 178 minutes. Un repositionnement à droite, comme à Arsenal, pourrait lui être profitable, le temps d’émerger en sélection. Et ce, alors que Ménez a été l’élément offensif le plus intéressant en première période, à droite justement. Il a même offert à Benzema un but presque tout fait, d’un centre à ras du sol, comme face au Brésil. Mais l’avant-centre du Real a beaucoup trop enlevé sa reprise, à cause d’un rebond et d’un mauvais positionnement de sa part, surtout (36e). A part ce raté, il a montré qu'il était en jambes, mais pour le deuxième match il n'a pas marqué.
En fait, le seul joueur offensif ayant créé un peu de folie fut Franck Ribéry. Il se doutait qu’il allait être sifflé et l'avait prédit. Se doutait-il qu’une majorité du stade de France allait lui signifier sa réprobation. Mais l’autre partie des spectateurs, principalement issue du kop des supporters, l’a applaudi et a même scandé son nom lors de ses envolées balle au pied. Ses prestations régleront certainement une partie du débat, même si le plus dur est fait avec ce retour au Stade de France.
Des prestations qui pourraient être principalement à gauche. Là où il veut jouer. Là où il est le plus performant. Et là, donc, où il devient le concurrent de Florent Malouda, une nouvelle fois inexistant durant une heure. En tout cas, ce mardi, Ribéry a montré plus (trop ?) d’envie mais n’a pas été décisif, ratant à chaque fois son dernier geste. Et puis Gourcuff aussi a été largement sifflé par le public du stade de France à son entrée en jeu, comme à sa sortie face au Brésil. Comme quoi, personne n’est à l’abri. Ni le caïd de Knysna, ni le gendre idéal.

Le retour des deux récupérateurs

D’ailleurs, l’absence de Gourcuff fut la seule surprise du onze de départ. Blanc lui a préféré Matuidi à coté de Diarra, une nouvelle fois capitaine. Le retour des deux milieux exclusivement récupérateurs, durant tout le match, comme sous l’ère Domenech ou plus récemment en Bosnie (0-2) et face à la Roumanie (2-0) avec Diarra et M'vila les deux fois.
Dominés durant les 20 premières minutes, les Bleus ont terminé plus fort que les Croates et se sont créés deux occasions franches en fin de match. Rami, d’une frappe soudaine des 30 mètres, a trouvé le poteau de Pletikosa (76e) et Rémy, bien servi par Ribéry et oublié par la défense croate, a trop poussé son ballon devant le gardien (85e).
Le chantier n’a pas énormément progressé en deux matches, sauf derrière. La tournée à l’Est, début juin, alors que tous les joueurs seront lessivés par une longue saison, risque de ne pas le faire davantage avancer. Toutefois, cette équipe en est à sept rencontres sans défaite - dont six sans encaisser de but - mais n’a pas marqué pour la première fois depuis le début de cette série qui ne comptait, d’ailleurs, que des victoires avant ce nul face à la Croatie. Après, c’est la sempiternelle question du verre est à moitié vide ou moitié plein.

vendredi 25 mars 2011

Rien à retenir

La sixième victoire consécutive des Bleus a été décrochée au terme d'une partie insipide au Luxembourg (0-2). Mais l'essentiel est assuré avec une première place qui est plus que jamais en leur possession.

Seule une "non'victoire" aurait été catastrophique. Donc, l’équipe de France n’a pas vraiment déçu. Elle a même assuré l’essentiel. En s’imposant 2-0, comme à l’aller, face au Luxembourg elle a fait un nouveau pas vers une qualification directe pour l’Euro 2012. Elle a aussi ajouté une sixième victoire à sa série en cours. Que de bonnes nouvelles au terme d’une soirée tellement ennuyeuse. Car il faut bien le reconnaître, les Bleus ont livré une prestation d’une langueur mortelle. D’une lenteur accablante et d’une imagination défaillante, le quintette offensif qui faisait frémir presque tout le monde a considérablement déçu. La preuve que ce n’est pas en empilant les créateurs que l’on crée, justement. Gourcuff transparent, sauvant son match par un but (son quatrième en Bleu, le troisième en cinq matchs), Malouda peu concerné, Nasri partout sauf en soutien de Benzema et Ribéry d’une faiblesse technique incroyable durant 65 minutes, avant, comme par miracle, de se réveiller lorsqu’il passa à gauche. Il fut même à l’origine du but de Gourcuff en éliminant pour la seule fois de la soirée un luxembourgeois dans la zone décisive. Même si le centre n’était pas destiné au Lyonnais, et que c'est Hoffmann qui l'a involontairement servi, c’est toujours intéressant à noter. Il est difficile de savoir si Ribéry a délibérément déjoué à droite pour prouver qu’il ne peut évoluer qu’à gauche ou s’il n’a réellement plus de repère sur le côté droit et qu’il convient de l’imaginer comme la doublure ou le concurrent de Florent Malouda et ainsi laisser Rémy, Valbuena ou Ménez s’installer sur l’aile déserte. Voire Nasri, habitué à ce côté à Arsenal et cinquième capitaine de l’ère Blanc, face au Luxembourg. Le Gunner a profité de cette première pour délivrer, sur coup franc, la passe décisive sur l’ouverture du score, signée de la tête par Mexès. Le grand blond qui s’impose match après match comme le taulier de l’arrière garde tricolore avec Rami à ses côtés, même si ce test fut léger, tant les luxembourgeois se désintéressaient de toute construction offensive, annihilant trop rapidement leur très bon travail de pressing. Mais leur plan était de ne pas prendre une raclée et écouter le public les ovationner à la fin conforte la thèse. Comme voir Benzema isolé au sein du double coffre fort du Grand-Duché, encore plus étanche que ceux de la banque d’affaire Clearstream.

Le chantier offensif n'avance pas

Dans ce genre de rencontre, il faut rapidement marquer pour ensuite dérouler jusqu’à un score flirtant avec le set de tennis. Comme à l’aller, les Bleus ont patiné mais ont réussi à lézarder le mur luxembourgeois en première période, sur un coup de pied arrêté. Comme l’aller ils n’ont pas su enchaîner. Le chantier offensif est toujours ouvert. Si Benzema est seul au monde en pointe, son entourage proche sur le terrain n’est pas défini. C'est certainement pour cela que Blanc n'a pas effectué de changement. Il a essayé de faire naître des automatismes qui sont clairement absents. Il pourrait vouloir continuer à travailler avec ces hommes-là dès mardi face à la Croatie, à moins que d'autres options ne soient envisagées avec Rémy à droite, Ménez à gauche et Gameiro dans l'axe par exemple. Et dire que toute la semaine, Ribéry et Evra ont occupé toute l’attention, promettant d’être des solutions et non des problèmes, pour sortir des prestations dignes de jeunes novices impressionnés par le stade Barthel et ses 8 000 âmes. Pour Abidal, dont les joueurs ont exprimé leur soutien à l'échauffement en portant des tee-shirts « Abi on pense à toi, courage », le retour d’Evra n’est clairement pas un problème. Celui de Ribéry pourrait le devenir rapidement si le débat du positionnement de l’ailier ressurgissait comme sous l'époque Domenech. Le premier petit problème émerge donc pour le sélectionneur. Mais il a le temps pour réfléchir et trancher. Il a au moins jusqu’au 4 juin et le déplacement au Bélarus qui sera décisif pour valider la première place de ce groupe D. Et surtout, il a les victoires avec lui, le meilleur allié. A confirmer dès mardi en amical au Stade de France. Avec la manière si possible, cette fois.

jeudi 24 mars 2011

Et si on passait à autre chose?

La France livre son premier match officiel en 2011 au Luxembourg, ce vendredi à 21 heures. Si un succès est probable, les retours de Ribéry et Evra concentrent les attentions.

C’est un retour à la réalité bien rêche. Le passage de l’autoroute dorée des matches de gala à la sinueuse route de campagne (de qualification pour l’Euro 2012). D’une victoire de prestige en amical face au Brésil (1-0) à un déplacement au Luxembourg il s’est passé six semaines. Six semaines paisibles pour Laurent Blanc. Et ce n’est pas ce match qui devrait changer la situation. Ni même le prochain, au Belarus, le 4 juin. La France a acquis des certitudes ces derniers mois dans le jeu et dans les hommes. Des certitudes suffisantes pour traverser ces deux côtes sans craindre de caler et ainsi envisager une qualification sereine dans ce groupe de la vie facile. Forts de six succès consécutifs, avec un seul but encaissé en Angleterre, les Tricolores se rendent chez le voisin luxembourgeois tranquilles, donc. Et ce n'est pas le seul revers pour quatorze victoires, le 8 février 1914(5-4 en match amical avec à un quadruplé de Jean Massard) qui devrait bouleverser l'optimisme général.

Des retours utiles?

Alors c’est au sein même du groupe que seront guettées les possibles difficultés. Louée pour son état d’esprit irréprochable depuis l’arrivée de Laurent Blanc, la sélection française va devoir prouver que le retour des mutins en chef est normal. Que le capitaine et le vice-capitaine de la dernière coupe du monde, respectivement suspendus 5 et 3 matches après le fiasco sud-africain, n’altèrent pas ce vent de fraicheur aperçu à Clairefontaine. Que Blanc a eu raison de rappeler Evra et Ribéry contre l’avis de sa ministre de tutelle, Chantal Jouanno, qui n’avait fait que donner une opinion que ne semble guère respecter Franck Ribéry, puisqu’il a jugé, plein d’orgueil, que Blanc est le « sélectionneur donc c'est lui commande. » Ce qui est vrai, bien sûr.
Alors, contre l’avis d’une ministre mais aussi de la majorité des Français lui et Evra ont redécouvert Clairefontaine. Ils devraient même redécouvrir les joies d’une titularisation sous la tunique bleue, face au Luxembourg. Pour connaître la réaction du public, il faudra attendre la partie amicale contre la Croatie le 29 mars au Stade de France. Ces deux fantômes de retour devront se fondre dans un collectif désormais commandé par Mexès, Rami, Nasri et Benzema. Que des joueurs n’ayant pas connu le bus sud-africain. Les autres cadres issus de Knysna, en revanche, sont en souffrance. Florent Malouda et Alou Diarra sont devenus quelconques à Chelsea et Bordeaux et Yoann Gourcuff l’est resté à Lyon, sans remettre en cause sa sélection, pour l’instant. Seul Hugo Lloris confirme, comme toujours. De quoi en faire un capitaine potentiel.

Enfin clore le chapitre Knysna

C’est peut-être même davantage la fermeture du trop long chapitre de l’après-mondial qui va se jouer. Il paraît que Ribéry et Gourcuff se sont expliqués avec un membre du staff comme arbitre et que tout est apaisé. Il paraît qu’ils pourraient même jouer ensemble, comme fin 2008 quand une complémentarité technique semblait émerger. Il paraît qu’Evra est une solution, alors qu’Abidal ne reviendra pas avant le mois d’août et non un problème. Il paraît que Benzema est devenu un buteur exceptionnel en l’espace de 12 rencontres achevées par autant de buts avec le Real Madrid. Il paraît que la France, 18e nation mondiale peut infliger une raclée oh combien plus géante que celle du match aller (2-0) à la 114e nation au classement FIFA, le Luxembourg.
Il paraît surtout que Blanc ne s’exprimera pas sur M6, car son ancien patron à Bordeaux, Nicolas de Tavernost, refuse qu’il y ait cet inutile panneau publicitaire derrière lui. Et donc, alors qu’aucune règle n’oblige la présence dudit panneau, le président de la FFF, Fernand Duchaussoy, lui a interdit, ainsi qu’aux joueurs, de répondre aux questions de la chaîne qui retransmet le match. Restera aux téléspectateurs de changer de chaîne - s’ils ont le câble - et d’attendre la conférence de presse avec les panneaux derrière, forcément. Un beau symbole… Qui a dit que tout était résolu ?

mardi 22 mars 2011

Carlier douche Ribéry et les Marseillais

Ce mardi 22 mars, Guy Carlier a analysé à sa façon la conférence de presse de Franck Ribéry. Dur Carlier? A vous de vous faire un avis. Pas pour moi.

Ribéry et l'amorti de poitrine... de pute par Europe1fr

Le chroniqueur d'Europe 1, passionné de football, qui a déjà repris de volée le comportement des footballeurs récemment. Car l'avantage avec les footballeurs, c'est qu'ils ne sont pas à une marque d'indécence près. Une indécence marseillaise, cette fois, vendredi dernier lors de Rennes - Marseille (0-2), un peu passée inaperçue mais croquée par Guy Carlier lors de son billet d'humeur, le 15 mars, à 7h50 sur Europe 1 (à partir d'1 minute sur l'OM).

Tsunami sur l’OM par Europe1fr

Un thème apprécié par la station de la rue François 1er puisque Mathieu Noël l'a aussi évoqué dans sa chronique "temps de cerveau disponible" dans la même matinale de Guillaume Cahour, le 15 mars.

Ce soir, on vous met le feu ! par Europe1fr

mercredi 16 mars 2011

Lyon coule, la France se noie

Malgré une bonne entame de match, Lyon n'a jamais réellement existé face au Real Madrid, impressionnant en seconde période.
Le football français est à quai dès la fin des huitièmes de finale de la Ligue des Champions, comme en 2007, 2008 et 2009. Trois saisons où l’OL était le seul représentant hexagonal à l’entrée de la phase à élimination directe. Et encore, le Paris Saint-Germain peut sauver l’honneur de la patrie sur la scène continentale en arrachant sa qualification pour les quarts de finale de l’Europa League, ce jeudi, au Parc des Princes, face à Benfica (2-1 à l’aller).
Une compétition plus en rapport avec le niveau des équipes françaises, si jamais elles souhaitaient toutes la jouer à fond pour qu’un jour, qui sait, la France inscrive son nom au palmarès de la C3.
Mais revenons à la grande coupe d’Europe. Après les manques de l’OM face à un fade et diminué Manchester United, la veille, il ne restait que Lyon, dernier demi-finaliste de la Ligue des Champions et auteur de l’exploit de sortir le Real Madrid il y a tout juste un an. Mais les miracles, c’est comme la foudre, ils ne frappent pas toujours au même endroit. Lors de ces huitièmes de finale, c’est à Munich que le miracle s’est établi pour sauver le tenant du titre, l’Inter Milan, d’une élimination presque assurée.

Le pressing asphyxiant du Real

Pourtant Lyon est bien entré dans la partie, a inquiété par moments une défense du Real Madrid fébrile (Pepe et Carvalho avertis dans les 30 premières minutes) mais a connu un peu trop de déchet technique en phase offensive. Surtout, les Lyonnais ont donné aux Madrilènes trop de liberté pour mener des contres dangereux. Même si Ronaldo était diminué, cela ne pardonne pas car les Merengue se retournent et jaillissent à une vitesse folle, ce qui n’est pas nouveau. Alors Lloris sortit toute la panoplie des arrêts décisifs : dans les pieds d’Ozil (4e), au premier poteau sur une tentative de Marcelo (5e) et devant sa lucarne gauche sur une volée de Benzema (42e). Le portier lyonnais qui toucha aussi la frappe de Marcelo, mais insuffisamment pour empêcher le latéral gauche d’ouvrir la marque au terme d’un festival sur son côté, bien aidé par un une-deux avec Ronaldo avant de déposer Cris puis Lovren de deux crochets magnifiques (37e). Une action rappelant typiquement les envolées de son compatriote Dani Alves, le latéral droit du Barça. Et dire que pour les grands matches, Mourinho préfère au Brésilien le plus prudent Arbeloa. Question d’équilibre et de mentalité.
Déjà éliminés au coup d’envoi, les Lyonnais étaient désormais obligés de marquer une fois pour aller en prolongation et deux fois pour se qualifier. Du coup, ils changèrent de visage après la pause. Exit le 4-2-3-1 avec Gourcuff à la baguette, Lisandro esseulé au milieu des déménageurs madrilènes et Delgado et Briand sur les côtés. Gomis remplaça ce dernier pour faire évoluer les Rhodaniens en 4-3-3 avec Lisandro à gauche. Mais cette réorganisation plutôt offensive ne changea rien. Le Real, bien discipliné, accentua sa domination et bloqua le cœur du jeu avec les très présents Alonso, Khedira et Ozil. Les Lyonnais, perdus et étouffés, enchaînaient les erreurs de relance, dans l’axe qui plus est.

Cris et Lovren ont explosé

Et Benzema dans tout ça ? Il a été bon, à l’image de ses dernières sorties. Il pesait sur l’axe défensif par son activité jusqu’à clore le peu de suspense restant sur une ouverture de Marcelo, alors que Lovren fut obnubilé par Ozil et Cris à la ramasse. Il resta au Français à conclure du pied droit, entre les jambes de Lloris - comme à l’aller -, à la 66e minute - soit une minute après son but à Gerland. En réponse, Claude Puel tenta le tout pour le tout en passant en 4-4-2 avec l’entrée de Pied à la place de Gourcuff, qui s’est éteint au fil de la partie, jusqu’à devenir transparent.
Cette mutation eut le même effet que le changement précédent. Il fit s’enfoncer un peu plus les Lyonnais. Preuve que tout était joué, Mourinho rappela Ronaldo sur le banc mais en faisant entrer un avant-centre, Adebayor. La démonstration continua par le stakhanoviste Di Maria, parti dans le dos d’une défense à l’agonie, pour lober Lloris d’une pichenette (76e).
Lyon n’a pas pu (su ?) se mettre au niveau du Real Madrid, phénoménal de facilité en seconde période. Ainsi, les Espagnols annihilassent la malédiction qui les frappait face à Lyon. Après sept tentatives, ils ont enfin gagné, avec la manière en sus. Surtout, après six éliminations de rang en huitièmes de finale, ils reviennent parmi les cadors continentaux.
Il y a un an, l’OL avait résisté à la furie madrilène en première mi-temps avant d’aller chercher sa qualification grâce à Pjanic (1-0 à l'aller, 1-1 en Espagne). A l’époque, avant le match, Sergio Ramos avait pronostiqué un succès merengue 3 à 0. Cette année, ni Mourinho, ni personne ne s’était aventuré sur le terrain de l’orgueil. Mais Sergio Ramos est un visionnaire. Il avait raison, avec douze mois d’avance.

mardi 15 mars 2011

Des regrets et des limites

Marseille n'a pas démérité mais a été dominé et éliminé par un Manchester expérimenté à défaut d'être flamboyant.Et tout vola en éclat en cinq minutes. Tous les efforts consentis au match aller pour ne surtout pas encaisser un but, quitte à ne pas en marquer un lors d’une parodie de football. Tous les plans élaborés par Didier Deschamps depuis trois semaines et minutieusement inculqués aux joueurs afin de marquer ce petit but décisif en contre ou, au pire, de passer par les tirs au but. Tous les espoirs de revoir un Manchester United amorphe, alors que Ferdinand, Anderson, Park et Owen étaient toujours forfaits et que leur capitaine, Vidic, jeta l’éponge avant la partie.
Oui mais voila, Javier Hernandez est décidément le destructeur des rêves français. Déjà déclencheur du succès du Mexique face à la France lors de la dernière coupe du monde (0-2), un certain 17 juin, jour d’insulte et de naufrage, il a récidivé ce mardi à Old Trafford. D’un plat du pied, sur un centre de Giggs, prolongé par Rooney déjà au début de l’action. Hernandez, Giggs, Rooney mais aussi Nani, de retour après une blessure au tibia, pour un quatuor offensif plus souvent sorti pour les joutes domestiques, quand le 4-3-3 est réservé aux grandes affiches. De là à en conclure que ce huitième de finale de Ligue des Champions n’était pas si inquiétant pour Fergusson…

Hernandez, futur très grand

Une rapide ouverture du score logique tant les Mancuniens rentrèrent dans la partie avec abnégation, imposant leur puissance physique et leur qualité technique. En face, les attitudes laissaient craindre un bis repetita de la leçon reçue à Londres face à Chelsea, en phase de poule (2-0, le 27 septembre). Pas de pressing, un bloc-équipe bas, un déchet technique incroyable, aucune velléité. Autant de maux rappelant que seuls Heinze et Lucho avaient déjà disputé un huitième de finale de C1. Mais après vingt minutes, les Marseillais sortirent de leur coquille, commencèrent à rendre les coups, à construire des semblants de mouvements offensifs. Jusqu’à se créer de belles occasions en fin de première période. Mais ni Diawara de la tête (36e), ni Cheyrou du gauche (44e) ne trouvèrent le cadre. Un état d’esprit qui survivait à la mi-temps. Plus hauts, plus entreprenants, les Marseillais insufflaient le sentiment que l’exploit était possible, que la fêlure causée par Chicharito était peut-être bénéfique, d’autant que les Mancuniens manquaient de sérénité, rendaient les ballons rapidement et épuisaient leur stock de latéraux droits avec les blessures de O’Shea et Rafael.
Il manquait le réalisme. Le condiment déterminant. Benoît Cheyrou n’appuya pas suffisamment sa reprise et sur le contre, Giggs, tel un esturgeon, à la limite du hors-jeu, offrit un nouveau caviar à Hernandez pour un doublé (75e). Le même but qu’en début de match, seul le centre venait de l’autre côté. La défense olympienne, en revanche, fut aussi statique.
Une belle leçon de réalisme. Les Marseillais, en réponse, eurent le mérite de ne pas baisser la tête. Et de pousser Brown à placer la sienne de tête sur la trajectoire d’un corner pour relancer la partie (83e). Une erreur, mais pas deux. Ensuite, les Mancuniens ont géré, à l’expérience, ne laissant aucune nouvelle occasion aux hommes de Didier Deschamps, qui quittent la Ligue des Champions sans avoir à rougir mais en n'ayant cadré que trois tirs.

Lucho transparent

Malheureusement pour le football français, c’est à peu près tout ce qu’il peut espérer : de belles débauches d’énergie. Pour aller jusqu’à la qualification il faut que tout soit optimisé, avec un supplément de réussite, comme Lyon face au Real Madrid l’an dernier (1-0, 1-1) et peut-être ce mercredi. Or, encore une fois, Marseille n’avait pas un avant-centre digne de ce nom - Gignac a été transparent -, pas plus qu’un meneur de jeu décisif - Lucho n’a pas pesé - ni même une défense solide - sur les deux buts, un pas vers l’avant aurait mis hors jeu Hernandez puis Giggs. Surtout, l’OM n’a pas un patron. Un Scholes par exemple qui a réussi 93% de ses passes (62/67). Les Marseillais n’ont que des regrets et l'état des lieux de leurs limites au niveau continental, alors que le « clasico » made in Ligue 1 se profile dès dimanche. Un rapide retour sur terre. Une planète où ils sont les géants.

mardi 8 mars 2011

Le Barça a tremblé

Un temps éliminé par une très défensive équipe d'Arsenal, Barcelone a réussi à se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des Champions grâce à un doublé de Messi, un but de Xavi et l’expulsion sévère de Van Persie.
La meilleure équipe a gagné, ce mardi au Camp Nou. La meilleure équipe d’Espagne, d’Europe, du monde, peut-être même de l’histoire du football, poursuit sa route dans une Ligue des Champions dont elle est plus que jamais la grandissime favorite. Comme dans un Championnat domestique qu’elle domine outrageusement. Mais cette équipe a eu peur. Très peur même de revivre le scénario d’avril dernier. Un soir de démonstration collective soldée par une courte victoire face à l’Inter Milan de Mourinho à l'organisation défensive incroyablement solide (1-0), insuffisante pour accéder à la finale de la grande Coupe d’Europe.
Cette fois, le Barça, puisqu’il s’agit bien sûr du Barça, a tout fait pour rendre cette double confrontation face à Arsenal plus équilibrée qu’elle n’aurait dû l’être. Déjà, en Angleterre, les Catalans s’étaient écroulés dans le dernier quart d’heure, après avoir ouvert la marque par Villa et vendangé des occasions à la pelle, notamment par Messi (2-1), lors d’un récital non égalé au retour. Cette fois, ils ont maintenu le suspense jusqu’au bout, sans subir la moindre frappe des Gunners ! Il fallut même que Mascherano s’arrache d’un tacle somptueux pour enlever à Bendtner une balle de qualification alors qu’il était face à Valdes au bout du temps réglementaire.
L’ingrédient final pour rendre la soirée plus inoubliable encore et pousser le public, d’habitude avare d’encouragements, à se lâcher frénétiquement. D’autant qu’à la 52e minute, Busquets avait catapulté la balle dans ses propres filets sur un corner de Nasri, très présent. A cet instant, Arsenal était de nouveau qualifié, effaçant l’ouverture du score de Messi dans le temps additionnel d’un premier acte tout blaugrana mais aux imprécisions techniques inhabituelles. Comme souvent, l’Argentin usa d’un exploit pour décanter une partie qui se tendait. Un sombrero sur Almunia à faire entrer un peu plus le double Ballon d’Or dans la légende.

La loi et l'esprit de la loi

Mais si Barcelone avait outrageusement le ballon (67% sur l’ensemble du match), grâce à une circulation habituellement rapide, un mouvement perpétuel, un pressing parfait et un nombre plus que décent d’occasions (19 tirs), il ne se serait peut-être jamais qualifié sans l’aide involontaire de l’arbitre. M. Busacca appliqua le règlement à la lettre à la 56e minute, lorsqu’il avertit Robin Van Persie pour avoir frappé la balle après le coup de sifflet, alors qu'il était hors-jeu. Mais il s’agissait du second avertissement du Néerlandais, jusque là très discret et coupable d'un mauvais geste sur Alves lui ayant valu le premiert avertissement. Déjà qu’Arsenal avait perdu son gardien, le jeune Szczesny sur blessure, et avait couru dans tous les sens, avec brio et un sacrifice de chacun, depuis une heure pour freiner la circulation diabolique du ballon, l’infériorité numérique était certainement le handicap de trop.
Pourtant, Arsenal sembla résister dans un premier temps, avec une organisation identique à celle entrevue en première période poursuivant le stéréotype absolu d'un attaque-défense. Une soumission sûrement supérieure à celle imaginée par Wenger qui avait choisi Rosicky comme milieu droit pour sa qualité technique plutôt qu'Eboué, meilleur défenseur et contre-attaquant. Mais tous les Gunners étaient encore et toujours dans leur camp, en deux lignes compactes, alternants entre des positions très basses et moyennes, sans aligner trois passes de rang. Un modèle de catenaccio. Quant aux Catalans, ils étaient tous dans le camp anglais à tenter des passes improbables pour trouver une solution qui l'était tout autant. Les défenseurs centraux de fortunes oubliant même leur fonction première, Busquets se prenant pour un latéral droit et Abidal, encore auteur d’un match monstrueux, pour un milieu gauche. Quant au latéral droit Dani Alves, il était juste normal. Avant centre, donc.
Malgré une tension palpable, Xavi et Inesta continuèrent à organiser le jeu blaugrana, sans s’affoler, alors qu’il fallait marquer une fois pour éviter l'élimination et deux fois pour éviter la prolongation. Les catalans choisissaient cette dernière option en l’espace de deux minutes. Xavi fissura l’édifice anglais d’un plat du pied (69e). Messi l’explosa sur un penalty, consécutif à une faute de Koscielny sur Pedro (71e). Et l’écart aurait pu enfler sans un très bon Almunia.
C’est incontestable, Arsenal a un peu grandi depuis le quart de finale de la saison passée et la leçon infligée par ce même Barça et ce même Messi (4-1 au retour, le 6 avril). Mais un monde le sépare encore de Barcelone. Arsène Wenger a un an pour le combler. Remporter un trophée, n’importe lequel, ce qui n’est pas arrivé au club depuis 2005 serait certainement un premier pas, psychologique surtout. Loin de ces soucis et de ces regrets, Barcelone pourrait en gagner trois en autant de mois (Liga, Coupe du Roi, C1). A moins qu’un nouveau combattant n’ose contester son hégémonie. Mais encore une fois, après trois semaines où de légers doutes s'étaient immiscés, le Barça a été impressionnant et a marché sur les londoniens. Avant de marcher sur Londres, le 28 mai, lors de la finale de la C1, disputée à Wembley ?


Le film du match.-
19e : Alves cadre un coup franc. Szczesny se blesse à la main droite sur l’arrêt et cède sa place à Almunia.
33e : Iniesta voit l'appel de Villa. L'avant-centre espagnol résiste au retour de Djourou et parvient à frapper du gauche. Son tir, trop mou, n'inquiète pas Almunia.
36e : Villa temporise et sert Adriano, lancé à sa gauche. Sur la ligne de sortie de but, il centre fort et trouve le poteau d’Almunia, resté immobile.
45e+3 : A l’entrée de la surface Iniesta sert Messi d'une mini louche. L'Argentin, à la limite du hors jeu, se présente seul face à Almunia et le mystifie d'un somptueux sombrero avant de conclure d’une volée du gauche. Splendide ! 1-0
53e: Après un énorme travail de Nasri, les Gunners obtiennent un corner. Le Français le frappe et vise le premier poteau. Busquets, dévie le ballon de la tête et le met contre son camp. 1-1
56e: Van Persie continue son action alors que M. Busacca a sifflé un hors-jeu. L'arbitre lui donne un carton jaune. Le second du néerlandais. Arsenal est réduit à 10.
67e:Passe magique de Messi vers Villa qui se présente seul face à Almunia dans la surface. Le tir de l'attaquant est parfaitement repoussé grâce à la bonne sortie du gardien des Gunners.
69e: Aux trente mètres, Iniesta part seul en dribbles. Il élimine Diaby et met sur les fesses Djourou avant de servir Villa. Sans regarder, ce dernier transmet à Xavi qui, d'un plat du pied, trompe Almunia. 2-1
71e: Dans la surface, Pedro fausse compagnie à Clichy et Koscielny en passant entre les deux. L'ancien Lorientais met sa jambe et fait tomber le jeune Espagnol. Messi transforme le penalty. 3-1
85e:Superbe travail de fixation côté droit. Messi repique finalement dans l'axe et joue en remise avec Xavi et Iniesta. L'Argentin pénètre dans la surface, mais perd le ballon. Afellay, à l'affût, le récupère et frappe en angle fermé. Almunia s'interpose encore.
88e: Contre-attaque éclair d'Arsenal. Wilshere s'enfuit sur l'aile droite et attire deux joueurs. D'un extérieur du gauche, il sert sur un plateau Bendtner dans l'axe. A cause d'un contrôle raté, le Scandinave permet à Mascherano de revenir.

Les réactions.-
Josep Guardiola, entraîneur de Barcelone
Arsène Wenger s'est plaint de l'exclusion, qu'en pensez-vous ?
La réalité, c'est qu'ils n'ont pas aligné trois passes de suite, ils n'ont pas tiré au but. Ils ont pourtant des joueurs de classe comme Van Persie, Nasri, Rosicky... C'est parce qu'on a fait un match extraordinaire, on a joué très bien à onze contre onze, et à onze contre dix on a joué encore mieux. Peut-être qu'ils voulaient garder le résultat, je ne sais pas. Mais sa réaction, je peux la comprendre, je suis entraîneur. Je peux entendre les plaintes, mais si un jour on se rencontre autour d'un verre de vin, on pourra parler foot. Je ne sais pas quelle analyse ils vont faire. Il peuvent dire qu'ils sont éliminés parce qu'ils ont joué à 10 contre 11, s'ils croient cela, si c'est leur manière d'analyser, d'accord. Il est arrivé beaucoup de choses au match aller, beaucoup. On a regardé le match, on a vu qu'on avait bien joué mais fait quelques erreurs, on a essayé de les corriger. C'est comme ça que nous, on fonctionne.

Méritiez-vous de l'emporter avec un score plus ample?
Beaucoup plus ! Mais les occasions, il faut se les créer et il faut les mettre. A la fin, si "Masche" (Mascherano) n'est pas plus rapide que Bendtner, on est éliminés. En Coupe d'Europe, ça se joue là-dessus aussi.

Qu'est-ce que cela vous fait de vous qualifier pour la troisième fois consécutive pour les quarts de finale?
Revenir en quart, c'est fantastique, parce que ça se joue sur des détails. Peu importe qui entraîne, ce qui importe c'est les joueurs et qu'ils y ait de la continuité. Un jour, quand vous passerez en revue les meilleurs buts de Messi, vous n'aurez jamais assez le temps : il en met tellement que cela en devient normal. Andres Iniesta a aussi été très bon, avec cette manière de lever la tête au bon moment.» (AFP)

Eric Abidal (défenseur du FC Barcelone, au micro de Canal Plus) : «L'objectif était de passer en quarts. Ce n'était pas un match facile. On est très bien rentré dans la partie et on a fait une bonne première mi-temps. C'est sûr qu'après l'égalisation, c'est devenu compliqué. (Le Barça moins à l'aise qu'en novembre ?) Je ne sais pas si c'est l'impression qu'on donne. Maintenant voilà on sait que à chaque fois l'étau se resserre et le niveau devient plus élevé. Sur le match aller, si on regarde bien la première partie de la première mi-temps on a eu des occasions, on aurait pu en mettre deux et peut-être que le match aurait été tout autre. Mais voilà les années ne se ressemblent pas et il faut faire encore plus d'efforts même quand on est au Barça. (Carton rouge justifié ou sévère pou Van Persie?) Un peu des deux, il y a des règles à respecter : quand l'arbitre siffle il ne faut pas toucher le ballon, maintenant lui n'avait pas entendu le coup de sifflet. Ce sont des choses qui arrivent, mais voilà, le haut niveau ça se joue sur des détails. Malheureusement ils ont fini le match à 10. Peut-être que pour nous ça a été plus facile à 11 contre 10. Maintenant ça nous servira à nous aussi de leçon. A partir du moment où on a perdu le ballon et le ballon est pas pour nous, il faut le laisser.»

Arsène Wenger, entraîneur d'Arsenal
«J'éprouve de la colère et des regrets. La décision de l'arbitre est incroyable. Franchement, dans un match de cette importance, c'est incroyable. Vous entendez le bruit qu'il y a derrière... C'est le regret de la soirée, pour moi bien sûr mais aussi pour tous ceux qui aiment le foot. Je regrette que l'arbitre n'ait pas pris un peu plus de distance sur cette décision. Il a tué le match. Je suis convaincu qu'après la pause, on pouvait gagner ce match. Le Barça est assez bon pour gagner d'une autre manière, tout le monde a les mêmes regrets dans le vestiaire. Une fois qu'on était dix, ça a été vraiment difficile.» (AFP)