
Oui mais voila, Javier Hernandez est décidément le destructeur des rêves français. Déjà déclencheur du succès du Mexique face à la France lors de la dernière coupe du monde (0-2), un certain 17 juin, jour d’insulte et de naufrage, il a récidivé ce mardi à Old Trafford. D’un plat du pied, sur un centre de Giggs, prolongé par Rooney déjà au début de l’action. Hernandez, Giggs, Rooney mais aussi Nani, de retour après une blessure au tibia, pour un quatuor offensif plus souvent sorti pour les joutes domestiques, quand le 4-3-3 est réservé aux grandes affiches. De là à en conclure que ce huitième de finale de Ligue des Champions n’était pas si inquiétant pour Fergusson…
Hernandez, futur très grand
Une rapide ouverture du score logique tant les Mancuniens rentrèrent dans la partie avec abnégation, imposant leur puissance physique et leur qualité technique. En face, les attitudes laissaient craindre un bis repetita de la leçon reçue à Londres face à Chelsea, en phase de poule (2-0, le 27 septembre). Pas de pressing, un bloc-équipe bas, un déchet technique incroyable, aucune velléité. Autant de maux rappelant que seuls Heinze et Lucho avaient déjà disputé un huitième de finale de C1. Mais après vingt minutes, les Marseillais sortirent de leur coquille, commencèrent à rendre les coups, à construire des semblants de mouvements offensifs. Jusqu’à se créer de belles occasions en fin de première période. Mais ni Diawara de la tête (36e), ni Cheyrou du gauche (44e) ne trouvèrent le cadre. Un état d’esprit qui survivait à la mi-temps. Plus hauts, plus entreprenants, les Marseillais insufflaient le sentiment que l’exploit était possible, que la fêlure causée par Chicharito était peut-être bénéfique, d’autant que les Mancuniens manquaient de sérénité, rendaient les ballons rapidement et épuisaient leur stock de latéraux droits avec les blessures de O’Shea et Rafael.
Il manquait le réalisme. Le condiment déterminant. Benoît Cheyrou n’appuya pas suffisamment sa reprise et sur le contre, Giggs, tel un esturgeon, à la limite du hors-jeu, offrit un nouveau caviar à Hernandez pour un doublé (75e). Le même but qu’en début de match, seul le centre venait de l’autre côté. La défense olympienne, en revanche, fut aussi statique.
Une belle leçon de réalisme. Les Marseillais, en réponse, eurent le mérite de ne pas baisser la tête. Et de pousser Brown à placer la sienne de tête sur la trajectoire d’un corner pour relancer la partie (83e). Une erreur, mais pas deux. Ensuite, les Mancuniens ont géré, à l’expérience, ne laissant aucune nouvelle occasion aux hommes de Didier Deschamps, qui quittent la Ligue des Champions sans avoir à rougir mais en n'ayant cadré que trois tirs.
Lucho transparent
Malheureusement pour le football français, c’est à peu près tout ce qu’il peut espérer : de belles débauches d’énergie. Pour aller jusqu’à la qualification il faut que tout soit optimisé, avec un supplément de réussite, comme Lyon face au Real Madrid l’an dernier (1-0, 1-1) et peut-être ce mercredi. Or, encore une fois, Marseille n’avait pas un avant-centre digne de ce nom - Gignac a été transparent -, pas plus qu’un meneur de jeu décisif - Lucho n’a pas pesé - ni même une défense solide - sur les deux buts, un pas vers l’avant aurait mis hors jeu Hernandez puis Giggs. Surtout, l’OM n’a pas un patron. Un Scholes par exemple qui a réussi 93% de ses passes (62/67). Les Marseillais n’ont que des regrets et l'état des lieux de leurs limites au niveau continental, alors que le « clasico » made in Ligue 1 se profile dès dimanche. Un rapide retour sur terre. Une planète où ils sont les géants.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire