jeudi 28 avril 2011

Messi et les autres

Barcelone a fait un grand vers la finale de la Ligue des Champion, le 27 mai à Wembley, ce mercredi en battant le Real Madrid (0-2) au terme d'une partie irrespirable.

Heureusement, Lionel Messi existe. En inscrivant ses 51e et 52e buts de la saison, il a rendu un peu de lustre à une demi finale aller de Ligue des Champions honteuse. Le Real Madrid a, une nouvelle fois, refusé le jeu. On s’y attendait et même si laisser Benzema, Higuain, Adebayor et Kaka sur le banc est un non sens, surtout à domicile, surtout pour sacrifier Ozil en faux numéro neuf, Mourinho a décidé d’être frileux, et c’est son droit. En revanche, qu’un tel déversement de haine s’abatte sur et autour du terrain est la plus belle contre publicité pour le football.
Mourinho a placé le curseur trop loin. Il a oublié qu’il était au Real. Il pensait que sa stratégie éprouvée à Chelsea et à Milan allait se greffer à Madrid, sans heurt. Seulement, ce club est le recordman de titres en C1 et, pour revenir à l’époque actuelle, il est l’un des plus riches au Monde. Devant le Barça, même. Et puis l’an dernier il a joué à San Siro (3-1) avant de subir au Camp Nou (1-0). Là, avec au mieux un 0-0, il aurait dû attaquer en Catalogne. Les buts comptent double à l’extérieur, certes, mais le Barça lui en a collé cinq il y a six mois.

Le Real peut faire autre chose

Avec le succès arraché en Coupe du Roi, mercredi dernier en prolongation (1-0), le Real avait immiscé le doute dans le camp catalan, rendant même Guardiola agressif en conférence de presse. Et puis, avec les forfaits de Maxwell, Adriano, Bojan, Iniesta et Abidal, Barcelone était amoindrie. C’était une chance unique. A condition de jouer et faire douter cette équipe qui avait décidé de bloquer les couloirs et de se montrer prudente pour ne pas s’exposer aux contres des Madrilènes, leur seule arme.
Mais surtout, l’agressivité a été trop loin. La pelouse de Bernabeu était électrique. Vicente Del Bosque, le sélectionneur de l’Espagne doit se demander ce matin comment Ramos, Alonso, Arbeloa, Casillas, Xavi, Piqué, Pedro, Busquets and co vont pouvoir se retrouver dans le même hôtel. Tout ce qui fut construit pendant des années pour résorber l’antagonisme entre Madrilènes et Catalans est parti en éclat en l’espace de trois rencontres.
Et ce ne sont pas les déclarations d’après match de Mourinho qui vont arranger les choses. Soit il a disjoncté, soit, et c’est pire, sa sortie est calculée. Car, après tout, rejeter la faute sur l’arbitre et sur les tricheries des Barcelonais lui permet de ne pas évoquer sa tactique et son absence totale de plan de jeu offensif. En fait, Pepe en écrasant avec violence ses crampons sur la jambe d’Alves a sauvé son entraîneur, en quelque sorte.
Le milieu portugais aurait du être exclu eu mois trois fois en finale de Coupe du Roi, hier, si son curseur violence était en deçà, son carton rouge directe n’est vraiment pas un scandale. Le match était en train de dégénérer et le geste est aussi inutile que dangereux. Alors bien sûr, avec cette polémique, la probable qualification du Barça sera entachée.
Seulement, ce mercredi, pendant que tout foutait le camp sur la planète football ; que le plus match de l’année devenait une purge irrespirable ; que Marseille au jeu si pauvre dépassait le beau joueur lillois au sommet de la Ligue 1, un joueur a fait brillé les yeux de millions d’enfants et même d’adultes.
Leo Messi est double ballon d’or, à 23 ans. Mais surtout, c’est un homme sain. Il n’est pas tombé dans les provocations adverses. Il n’en a pas rajouté. Il a juste inscrit un doublé en étant au départ des deux actions à chaque fois en infériorité numérique. Ce n’est pas l’absence de Pepe qui a laissé centrer Afellay, c’est la glissade de Marcelo et c’est Ramos qui a laissé filer Messi au premier poteau pour reprendre le centre. Et ce n’est pas non plus l’absence de Pepe qui a permis à Messi de passer en revue toute la défense du Real. Rien ne dit que le Barça se serait imposé 2-0 en égalité numérique. Mais rien ne le contredit. La meilleure équipe a gagné. Ce n’est pas toujours le cas et c’est tant mieux pour le suspense. Mais certains soirs, ça fait vraiment du bien, pour oublier.

vendredi 8 avril 2011

Vivement les demies

Le Real Madrid, Barcelone, Manchester United et Schalke 04 devraient se retrouver en demi-finale de la Ligue des Champions. A moins que les quarts retours n’inversent des tendances lourdes la semaine prochaine.

A peine les matches allers des quarts de finale de la Ligue des Champions achevés qu’il nous tarde les demi-finales. Car, franchement, les équipes auraient pu au moins penser aux spectateurs qui ont acheté leur place pour les matches retours il y a plusieurs jours déjà. Parce que niveau suspense haletant, on a connu mieux. Pire, tout est joué, ou presque, pour les optimistes. Le choc « fratricide » Real Madrid – FC Barcelone aura bien lieu, sauf cataclysme. Les quatrième et cinquième classicos de la saison (un record) auront donc un accent européen. Avec quatre oppositions en 18 jours, ce sera surtout l’occasion pour José Mourinho de sauver sa première saison en terre madrilène. Le Championnat étant hors de portée (malgré le classico retour le 16 mai) et la coupe du Roi, une récompense mineure, même face à Barcelone en finale (le 20 avril, à Valence). Alors il reste la Coupe aux grandes oreilles. Et écarter le Barça en demies, ça aurait de la "gueule".

Car, franchement, qui miserait, ne serait-ce qu’un cents sur une demi-finale Tottenham - Shakhtar Donetsk. Les deux formations ont explosé devant les grands d’Espagne, certainement les deux meilleures équipes du continent actuellement. Tottenham a même facilité la tâche au Real Madrid craintif après son revers à Bernabeu face à Gijon (0-1) et amoindri par l’absence de Benzema et les retours avancés de Di Maria, Ronaldo et Marcelo. Mais le géant Crouch, en l’espace de cinq minutes, a commis deux fautes inutiles et spectaculaires afin de laisser ses camarades à dix, dès la 15e minute, sans attaquant. Alors, forcément le plan de Redknapp a moins bien marché. Il a essayé de maintenir sa stratégie en place, avec Van der Vaart plus haut, mais il a eu des problèmes. 4-0, le score est un peu lourd. Comme le 5-1 distribué par la Barça aux Ukrainiens, sans que Messi et Villa ne s’illustrent. D’ailleurs, les deux attaquants paraissent un peu fatigués et la défense est inquiétante. Vivement que Puyol revienne car l’association Busquets – Piqué suffit contre Donetsk, mais face au Real, c’est discutable, surtout qu’Abidal ne devrait pas rejoué cette saison, laissant à Adriano ou Maxwell le côté gauche.

Schalke crée la grosse surprise

Dans l’autre partie du tableau, on feint de croire, ou d’espérer à un reste, un zeste même, de suspense. Bien qu’amorphe chez lui, Chelsea pourrait bien se réveiller à Old Trafford et ainsi dominer Manchester United, cette équipe peu brillante mais terriblement et froidement efficace. Pour cela, il faudra que Fernando Torres sorte d’une léthargie qui dure depuis presque un an. Entre une blessure avant la coupe du monde, un mondial raté (0 but, remplaçant en finale), une phase aller hachée par les pépins physiques à Liverpool et un transfert surprise fin janvier à Londres qui n’est pas encore digéré. Ni par lui (54 millions d’euros, 0 but), ni par le club.

Le cadeau personnel de Roman Abramovitch a déréglé une formation qui n’avait pas besoin de cela. L’arrivée du grand blond (plutôt châtain, d’ailleurs depuis quelques semaines) a obligé Carlo Ancelotti à réorganiser toute son équipe. Or, Chelsea n’a pas les joueurs pour évoluer en 4-4-2. Lampard est mal à l’aise à la récupération, Malouda, dans une forme précaire, est trop bas à gauche et surtout, Torres ne semble pas compatible aux jeux de Drogba et Anelka. D’autant que les deux francophones, auteurs d’une saison fade, paraissent peu enclins à aider el « niño » à s’intégrer. De fait, avec un Rooney retrouvé depuis quelques semaines et auteur du seul but de ce quart aller, un Giggs encore et toujours capable de coups d’éclats, un Hernandez grandissant et un axe central (peut-être le meilleur au monde) Ferdinand-Vidic enfin reconstitué, Manchester paraît filer tout droit vers les demies, en attendant un possible triplé, comme en 1999.

Il faudra alors se débarrasser de Schalke 04. Si Jean-Michel Aulas s’était étonné de la densité physique des Allemands en phase de poule, un soir de déculotté (3-0, le 24 novembre), il a dû s’apercevoir d’un certain talent, aussi, durant la correction reçue par l’Inter Milan à San Siro (2-5). Le problème pour Leonardo, c’est qu’il s’agit de sa deuxième en quatre jours. Après la gifle infligée par Milan en Serie A (3-0), signifiant la perte du scudetto par l’Inter, voilà les Interistes en passe de dire adieu à leur autre trophée, la Ligue des Champions. Entamé à la fin décembre, le règne de Leonardo a peut-être déjà touché à sa fin en voulant proposer un jeu beaucoup trop offensif.