Heureusement, Lionel Messi existe. En inscrivant ses 51e et 52e buts de la saison, il a rendu un peu de lustre à une demi finale aller de Ligue des Champions honteuse. Le Real Madrid a, une nouvelle fois, refusé le jeu. On s’y attendait et même si laisser Benzema, Higuain, Adebayor et Kaka sur le banc est un non sens, surtout à domicile, surtout pour sacrifier Ozil en faux numéro neuf, Mourinho a décidé d’être frileux, et c’est son droit. En revanche, qu’un tel déversement de haine s’abatte sur et autour du terrain est la plus belle contre publicité pour le football.
Mourinho a placé le curseur trop loin. Il a oublié qu’il était au Real. Il pensait que sa stratégie éprouvée à Chelsea et à Milan allait se greffer à Madrid, sans heurt. Seulement, ce club est le recordman de titres en C1 et, pour revenir à l’époque actuelle, il est l’un des plus riches au Monde. Devant le Barça, même. Et puis l’an dernier il a joué à San Siro (3-1) avant de subir au Camp Nou (1-0). Là, avec au mieux un 0-0, il aurait dû attaquer en Catalogne. Les buts comptent double à l’extérieur, certes, mais le Barça lui en a collé cinq il y a six mois.
Le Real peut faire autre chose
Avec le succès arraché en Coupe du Roi, mercredi dernier en prolongation (1-0), le Real avait immiscé le doute dans le camp catalan, rendant même Guardiola agressif en conférence de presse. Et puis, avec les forfaits de Maxwell, Adriano, Bojan, Iniesta et Abidal, Barcelone était amoindrie. C’était une chance unique. A condition de jouer et faire douter cette équipe qui avait décidé de bloquer les couloirs et de se montrer prudente pour ne pas s’exposer aux contres des Madrilènes, leur seule arme.
Mais surtout, l’agressivité a été trop loin. La pelouse de Bernabeu était électrique. Vicente Del Bosque, le sélectionneur de l’Espagne doit se demander ce matin comment Ramos, Alonso, Arbeloa, Casillas, Xavi, Piqué, Pedro, Busquets and co vont pouvoir se retrouver dans le même hôtel. Tout ce qui fut construit pendant des années pour résorber l’antagonisme entre Madrilènes et Catalans est parti en éclat en l’espace de trois rencontres.
Et ce ne sont pas les déclarations d’après match de Mourinho qui vont arranger les choses. Soit il a disjoncté, soit, et c’est pire, sa sortie est calculée. Car, après tout, rejeter la faute sur l’arbitre et sur les tricheries des Barcelonais lui permet de ne pas évoquer sa tactique et son absence totale de plan de jeu offensif. En fait, Pepe en écrasant avec violence ses crampons sur la jambe d’Alves a sauvé son entraîneur, en quelque sorte.
Le milieu portugais aurait du être exclu eu mois trois fois en finale de Coupe du Roi, hier, si son curseur violence était en deçà, son carton rouge directe n’est vraiment pas un scandale. Le match était en train de dégénérer et le geste est aussi inutile que dangereux. Alors bien sûr, avec cette polémique, la probable qualification du Barça sera entachée.
Seulement, ce mercredi, pendant que tout foutait le camp sur la planète football ; que le plus match de l’année devenait une purge irrespirable ; que Marseille au jeu si pauvre dépassait le beau joueur lillois au sommet de la Ligue 1, un joueur a fait brillé les yeux de millions d’enfants et même d’adultes.
Leo Messi est double ballon d’or, à 23 ans. Mais surtout, c’est un homme sain. Il n’est pas tombé dans les provocations adverses. Il n’en a pas rajouté. Il a juste inscrit un doublé en étant au départ des deux actions à chaque fois en infériorité numérique. Ce n’est pas l’absence de Pepe qui a laissé centrer Afellay, c’est la glissade de Marcelo et c’est Ramos qui a laissé filer Messi au premier poteau pour reprendre le centre. Et ce n’est pas non plus l’absence de Pepe qui a permis à Messi de passer en revue toute la défense du Real. Rien ne dit que le Barça se serait imposé 2-0 en égalité numérique. Mais rien ne le contredit. La meilleure équipe a gagné. Ce n’est pas toujours le cas et c’est tant mieux pour le suspense. Mais certains soirs, ça fait vraiment du bien, pour oublier.
