
Pourtant, le Real Madrid s’est équipé cet été pour ne plus revivre pareille humiliation. Mais que les Khedira, Carvalho, Ozil ou Di Maria ont semblé petits. Aussi petits que tous leurs coéquipiers en somme. Aussi petits que José Mourinho sur son banc. Un siège en cuir qu’il n’a que rarement quitté pour ce qui est sa première défaite avec le Real. Le visage grave et le regard dans le vide. Comme tous les Merengues. Mais plus que toutes les recrues, plus que Ronaldo, le « special one », devenu le « Mou » en juin était attendu. Après son braquage à la milanaise au printemps dernier avec l’Inter sur cette même pelouse du Camp Nou, en demi-finales de la Ligue des Champions (3-1, 0-1) qu’allait sortir de son tableau le messie pour bloquer Messi and co? Et bien rien. Une composition classique en 4-2-3-1. Comme pour confirmer qu’il tenait compte de la fameuse culture du club. Le Real est offensif et n’a pas peur du Barça, surtout. Seule modification, Benzema étant en pointe à la place de Higuain, diminué par une lombalgie. Le Français qui n’a pas saisi sa chance. S’il a eu très peu d’opportunités, il n’a pas su les bonifier par une technique souvent approximative, se heurtant à un Puyol déchaîné qui n’a pas lâché Ronaldo non plus, réalisant des courses de 50 mètres, juste pour tamponner le grand Cristiano.
Si le Real était classique, Barcelone l’était aussi avec Messi en électron libre, revenant souvent au niveau de Xavi et Inesta associés au milieu devant Busquets, Villa étant à gauche. Barcelone avait comme toujours le ballon dans les pieds, allant jusqu'à 77% de possession avant la mi-temps. Un jeu de passe enivrant que le Real n’a que modérément contesté au début, préférant une défense parfois à 5 avec Di Maria qui suivait Alves sur son aile à la trace. Car Mourinho a finalement tout tenté pour contrecarrer la marche triomphale catalane. Mais laisser la balle au Barça lorsqu’il est dans un grand soir s’avère punitif. Ainsi, Xavi était à la conclusion d’une fluide construction en reprenant de volée, devant Casillas, un service parfait d’Iniesta (10e). Puis, au terme d’une minute ininterrompue de jeu à une touche de balle, Villa, seul sur l’aile gauche, trouvait d’un centre tendu devant le but Pedro (18e, 2-0).
Autre solution testée, le pressing tout terrain, expérimentée en début de deuxième période avec Lass Diarra qui avait remplacé Ozil pour calquer le schéma madrilène sur celui de son adversaire. Pour un constat identique : Deux buts rapides. Les deux sur des offrandes de Messi pour Villa à chaque fois à la limite du hors-jeu (3-0, 58e). Juste avant, Xavi avait « gâché » une offrande de l’actuel Ballon d’Or en ne redressant pas suffisamment sa frappe.
Une démonstration "fantastica"
La seule réponse des madrilènes fut physique, dans le moment sens du terme. Apathiques sur le terrain, ils perdaient leur sang froid. Ronaldo poussait Guardiola, le grand gagnant de la soirée, qui s'est toujours imposé dans le clasico depuis qu'il entraîne les Blaugrana, en première période parce que le coach catalan ne lui avait pas donné la balle sortie en touche (36e). S'en suivit un ton agressif dans les deux camps puis presque dans l'instant Ronado s'écroulait dans la surface lors d'un contact avec Valdes. Mais l'arbitre ne bronchait pas, jugeant que le Portugais avait amplifié sa chute et qu'il avait poussé le ballon pour provoquer ce contact (39e). Fermant l'unique période de légère domination madrilène de 3 minutes...
En fin de partie, Ramos allumait la cheville gauche de Messi par pure méchanceté. Un geste sanctionné d’une expulsion qui complétait l’addition des cartons jaunes (7 pour le Real et 5 pour le Barça). C’était après la cinquième réalisation de la soirée, signée Jeffren sur un service de Bojan (5-0, 90e+1). Un but 100% sorti du banc et de la masia, le centre de formation du Barça. Comme un symbole. Face à la très chère formation de la capitale, les petits jeunes ont offert « la manita » tant espérée (8 joueurs formés à Barcelone au coup d'envoi contre 1 au Real, Casillas). Mais davantage que le score signé en sept frappes cadrées, la manière interpelle. Les deux tiers de possession du Barça en sont l’illustration. Si cette statistique est généralement à prendre avec des pincettes, ce lundi soir, elle révélait la totale domination catalane.
Il n’aura manqué qu’un petit but du monstrueux Messi, qui l’a pourtant cherché par moments, trouvant le poteau en début de match (6e), pour que la soirée barcelonaise soit encore plus parfaite et que la défense du Real encaisse autant de buts en un match que depuis le début de la saison en Liga - six. Mais au lendemain des élections législatives dans la région durant lesquelles l’ancien président du Barça, Laporta, a été élu, les 98 000 socios s’en sont contentés en tendant haut les mains vers le ciel, au terme d’un « clasico » écrit en blaugrana et en majuscule.
Le retour à Madrid, le 17 avril 2011, sera forcément électrique avec un record à égaler pour le Barça qui visera un sixième succès de rang face à son pire ennemi. Un record détenu par le Real entre 1962 et 1965 qui ne tient plus qu'à un fil. Comme pas mal de certitudes à Madrid qui a même abandonné son fauteuil de leader de la Liga à son bourreau.
