
Les Bleus ont achevé trente huit années de cohabitation avec Adidas par une victoire. La 222e en 391 parties. Un succès avec trois buts, c’était la moindre des choses pour remercier l’équipementier aux trois bandes de tous les titres et de toutes les galères, notamment récentes, pour sa fidélité. Un beau point final, avant d’ouvrir une nouvelle ère par une virgule.
Sportivement, pour établir une comparaison, cette rencontre tombait à pic. Encore davantage lorsque l’on confrontait le nombre de sélections des deux équipes au coup d’envoi. 271 capes côté Anglais et 271 capes côté Français. Une égalité parfaite, avec tout de même 62 % des sélections détenues par deux hommes en Angleterre (80 pour Ferdinand et 89 pour Gerard) pour trois joueurs à deux sélections ou moins (deuxième pour Gibbs, première pour Henderson et Carroll). C’est le principal enseignement. L’équipe de France en configuration optimale, moins Alou Diarra et Diaby, peut-être, est bien meilleure que cette Angleterre. Mais qu’en serait-il avec Terry, Ashley Cole, Lampard, Defoe, Rooney, Bent et Hart ? Les bases de l’actuel sixième au classement FIFA. On ne le saura jamais. Ou alors durant l’Euro 2012. Qui sait, si les deux nations venaient à se croiser.
D’ailleurs, la disposition bleue à Wembley pourrait être un tournant dans la récente chronique française. Nasri et Gourcuff ont été associés au départ. Une première intéressante. Dans une situation de contrôle comme le fut la France, leurs qualités conjointes permettent de maîtriser de façon ostentatoire la balle et de proposer de beaux enchaînements avec Malouda et Benzema, surtout. En revanche, sur les rares pertes de balles, l'équilibre est assez précaire avec le seul M'Vila devant la défense. L’avant-centre parfois contesté et contestable a clos le peu de débat qui existait sur l’identité du numéro 9 par son but (le 3e en quatre matches) et sa prestation dans l'ensemble. Quant à Abidal, il a repris sa place comme si Clichy ne l’avait jamais convoitée.
Benzema confirme sa place, Nasri aussi
En ce sens, la France a présenté une copie plus que propre. Elle avait besoin d’un match référence. Elle ne l’a pas forcément réalisé intégralement mais les progrès et surtout les enseignements sont plus fournis que lors des quatre matches éliminatoires réunis.
Ainsi, l’entrée, pied au planché des Bleus a noyé des Anglais sous les trombes d’eau qui tombaient depuis la fin de l’après-midi sur Londres, n’améliorant pas l’état déjà terne de la pelouse. Si la frappe de Gourcuff se heurta à un arrêt approximatif de Foster (12e), le une-deux Benzema - Malouda conclut, du gauche et dans un angle fermé, par le Madrilène ouvrit rapidement la marque (16e), permettant à ses coéquipiers de contrôler, sans être réellement inquiétés. Car si le talent manquait dans l’équipe de Capello, l’agressivité faisait aussi défaut, surtout en première période, ce qui est sûrement plus inquiétant pour le coach italien.
La sortie des deux hommes de base des défenses n’allait pas être favorable aux Anglais. Sans Ferdinand dans un camp et Mexès de l’autre, Sakho chipait le cuir à Gerard à l’entrée de la surface (52e) et Valbuena était seul à la réception d’un centre de Sagna qu’il envoya, d’une volée du droit, dans les filets de Foster (2-0, 55e).
Même si les dernières minutes étaient en dedans et les Anglais présentaient un brin de pressing et d’envie, seul Gerard se montrait dangereux, en trouvant le haut de la transversale (63e) et en dévissant (81e), dans un premier temps.
Petit sursaut anglais en fin de match
Laurent Blanc offrait même des miettes à Alou Diarra qui purge depuis cinq semaines une suspension avec Bordeaux. Une idée contestable. Pas au niveau de l’éthique. Juste de la compétitivité, puisque le grand bordelais lâcha le marquage de Peter Crouch sur un corner, laissant le géant (2m01) marquer un 22e but en blanc, vingt secondes après son entrée en jeu, à la place de Gerard, blessé (1-2, 87e). Bothroyd, le première joueur de Cardiff (D2) à honorer une sélection anglaise, avait même la balle d’égalisation sur son crâne (90e+2), bien captée par Lloris, quatrième capitaine sous Blanc. La France a donc tremblé, la faute aux six changements notamment, à la fin d’un match qu’elle maîtrisait.
De quoi apporter un léger bémol au moment d’entrer dans une longue période sans matches. Près de trois mois durant lesquels Laurent Blanc aura à dresser un premier bilan de son action et de ses hommes, avant la réception, le 9 février, d’un Brésil défait à Doha par l’Argentine de Leo Messi sur une frappe croisée dont il a le secret, dans le temps additionnel, hier après-midi (1-0). C’est ainsi. À défaut de véritables adversaires dans son groupe, la France en est réduit à se rassurer, voire à se tester lors d’oppositions amicales. De là à ce qu'avec ce groupe, dans quelques mois, tout (re)devienne possible...

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