La France a engrangé une bonne dose de confiance pour la suite de l'année 2011 en battant le Brésil, réduit à 10 en fin de première période.
Comme un fil ininterrompu, Laurent Blanc avait appelé les hommes forts de l’automne 2010 pour débuter l’année 2011 de l’équipe de France. L’état de forme étant relégué à un critère transitoire, sauf pour le rebelle de Saint-Etienne, Payet. Comme un fil ininterrompu, neuf des onze titulaires du succès du 1è novemlbre 2010 à Wembley face à l’Angleterre (1-2) étaient au coup d’envoi face au Brésil, ce mercredi. Les absents, Valbuena et Nasri, étant blessés et remplacés par Ménez et Diarra. Comme un fil ininterrompu, Alou Diarra était capitaine. Ce qu'il est automatiquement quand il est titulaire, même s’il la fonction n’est pas officiellement la sienne, cela y ressemble.
Tant de certitudes nouvelles, après des années de floues, venant se heurter à deux certitudes d’un passé plus ou moins récent ayant trouvé des confirmations, ce mercredi, au Stade de France. D’abord, la France est bien la bête noire du Brésil. Pour la sixième fois consécutive, elle ne s’est pas inclinée face aux quintuples champions du monde. Des Brésiliens frustrés depuis le 26 août 1992 qui, en plus, n’ont toujours pas inscrit le moindre but au Stade de France, en trois tentatives face aux Bleus. Heureusement, un soir de match d’ouverture de Coupe du monde 1998, le Brésil avait battu l’Ecosse (2-1, le 10 juin) dans l’enceinte dionysienne. Sans quoi une malédiction aurait certainement été évoquée par les hommes de Mano Menezes. Et toute nouvelle proposition de joute amicale rejetée sur le champ.
Autre fait qui s'encre, Karim Benzema est bien le meilleur attaquant français. Ce qui veut tout et rien dire à la fois, tant Gameiro, Rémy ou Hoarau ne sont pas des ballons d’or en puissance. Et tant mieux pour eux, si le futur vient infirmer cette affirmation. En sept parties depuis l’intronisation de Laurent Blanc à la tête de l’équipe de France, le joueur du Real Madrid a inscrit quatre des dix buts des Tricolores. Face au Brésil, il fut l’unique vecteur de danger dans une deuxième période dominée par les Bleus, à défaut d’avoir été survolée. Logiquement, il a marqué sur un service parfait de Ménez.
Un rouge qui tue le matchMais en réalité, le match aura duré 40 minutes. Et de s’apercevoir qu’il était autorisé de s’essuyer ses crampons sur le torse de son adversaire en finale de coupe du monde (De Jong sur Xabi Alonso en 2010) mais pas en match amical. L’arbitrage anglais illustré par M.Webb en Afrique du Sud doit être à ce point plus clément que l’allemand, représenté par M. Stark, ce mercredi. Ou alors, l’un des deux s’est trompé. A moins que ce ne soit les deux… Hernanes fut ainsi exclu pour ce geste, tout sauf excusable, sur Karim Benzema.
Jusqu’à ce fait majeur, les Bleus jouèrent en mode mineur. Comme des enfants, aurait dit le capitaine de l’ère Knysna, Patrice Evra, malgré une entame intéressante, distinguée par une frappe de Benzema, bien servi par Gourcuff. Mais ce dernier n’est pas sorti de son profond puits. Ou par intermittence. Juste pour humer l’air de Saint-Denis et entendre les sifflets à sa sortie. Malgré une activité louable, il a subi dans un cœur du jeu dépassé pendant 40 minutes. Ses compères, M’Vila et Diarra, dans des formes passables, au mieux, ont aussi été en souffrance, multipliant les pertes de balle. Le plus rassurant se situa certainement derrière avec une paire Rami - Mexès complémentaire et autoritaire face aux trublions Robinho et Pato.
Le Brésil encore tendrePour le reste, le premier acte fut dominé par les Brésiliens, trop éteints par le carton rouge. Sans être très percutants, ni même outrageusement dangereux, ils manoeuvraient avec calme la partie. Santos démontrait qu’encore aujourd’hui au Brésil les termes latéral et ailier ont une origine consanguine, André Luiz qu’un défenseur est le premier attaquant, Julio César qu'un gardien brésilien peut être bon et régulier et Robinho qu’il pouvait être le capitaine crédible de ce jeune Brésil tourné vers 2014 et le mondial qu’il organisera. Ainsi, six joueurs ne dépassaient pas les 25 ans au coup d’envoi (quatre pour la France) alors que Ganso et Neymar, les prodiges de Santos, sont actuellement avec le Brésil pour la Copa America des moins de 20 ans…
Mais tout cela n’a pas d’importance. Le seul souvenir de ce 14e France - Brésil restera ce but victorieux de Karim Benzema dans un stade de France plein. Même l’état de la pelouse, indigne pour des footeux mais normale après le passage des rugbymen de la France victorieux de l’Ecosse.
Surtout, comme un fil ininterrompu, cette équipe de France en reconstruction sait gagner face aux nations de son rang, même sans démontrer une assurance extraordinaire. Certes les succès contre une Angleterre décimée et le Brésil étaient en amical. Et alors ? Dans le passé, l’Espagne était ralliée pour briller lors de ces rencontres sans enjeux et craquer dans les matches décisifs. Actuellement, elle est en tête du classement FIFA avec les derniers Championnat d’Europe et Coupe du monde dans sa vitrine. Il y a des modèles moins enthousiasmants.
Film du match.-
9e : Énorme occasion pour Benzema suite à une déviation de Gourcuff. Il place un bon tir à ras de terre croisé qui passe à quelques centimètres du poteau droit de César.
13e : Pato hérite d'un bon ballon aux abords de la surface. Il s'emmène le ballon du pied droit jusqu'aux 16 m avant d'enrouler une frappe en cherchant la lucarne opposée. Mais le ballon s'envole de peu au dessus de la transversale.
36e : Rami manque une intervention de la tête, profitant à Robinho, seul aux 16 mètres, qui manque le cadre de très peu.
40e : Hernanes est expulsé directement pour avoir laissé traîner ses crampons sur la poitrine de Benzema.
48e : Centre de Malouda pour Benzema au point de penalty. Le Madrilène réussit son contrôle de la poitrine avant d'enchaîner sur une reprise du gauche mais Thiago Silva se jette et contre le ballon du dos.
54e : Ménez s'infiltre entre trois adversaires sur le côté droit. Le Romain fait la différence et offre un caviar à Benzema qui n'a plus qu'à pousser le ballon au fond des filets du gauche, seul aux six mètres.
1-0
58e : Superbe intervention réflexe de Julio César sur une tête à bout portant de Benzema. Sagna centre de son aile droite, Gourcuff est au duel aérien avec Thiago Silva mais c'est Benzema qui est à l'affût et qui catapulte du crâne le ballon qui traîne.
61e : Benzema est intenable et oblige une nouvelle fois Julio César à s’employer sur une frappe puissante à ras de terre.
90e : Belle intervention de Lloris dans les pieds de Hulk qui avait échappé à la vigilance de la charnière centrale en partant à la limite du hors jeu.
Réactions.-
Laurent Blanc (sélectionneur de l'équipe de France):
Qu'avez-vous pensé de cette rencontre ?
Quand tu gagnes, tu es satisfait. Le fait d'avoir joué à onze contre dix a été plus facile pour nous. Après, dans le contenu, j'ai aimé ce que j'ai vu. Il y avait une intention de jeu, on a voulu rivaliser avec les Brésiliens, notamment dans la possession du ballon. Je retiens beaucoup de positif.
L'équipe de France a battu l'Angleterre et le Brésil. Cela a quelle valeur pour vous ?
Pour notre objectif, la qualification à l'Euro 2012, ces deux victoires ne rapportent rien. Mais ces deux matches doivent nous permettre de capitaliser de la confiance pour les joueurs et le collectif. La suite, ce sont des matches de qualification et il faudra qu'on s'en serve énormément.
Que retenez-vous de la prestation de Karim Benzema ?
Il a marqué un but qui nous a fait gagner. Et il aurait pu en marquer plus. Chaque fois qu'il touche le ballon, il est dangereux, très dangereux même. Karim a réalisé un grand match ce soir.
Philippe Mexès a été élu homme du match. Comment l'avez-vous trouvé ?
Forcément quand la victoire est au bout, les productions individuelles sont meilleures. Le bloc défensif a été solide. La défense a réalisé un grand match. Adil (Rami) aussi a été bon. Et Hugo (Lloris) a réussi la parade qu'il fallait.
Jérémy Ménez a été actif et plus efficace que d'habitude. Est-ce aussi votre avis ?
Il a été décisif sur le but. Il est capable de grandes choses et on le sait. Je l'ai senti un peu timoré en début de match. Je tiens à dire que ce n'était pas sa seconde chance, contrairement à ce qui a été dit ou écrit. C'est un garçon de talent, il joue dans un grand club et il a un potentiel énorme. Mais il doit s'améliorer.
Quant à Yoann Gourcuff, il est sorti sous les sifflets. Ils étaient justes ou sévères ?
Sa prestation m'a plu, il a été au diapason de l'équipe. Il s'est rendu disponible, a montré de l'envie mais il a raté des choses. Le niveau qui est le sien à la base ne va pas revenir d'un coup de baguette magique. Il doit faire plus. Il travaille.» (L'Equipe.fr)
Mano Menezes (sélectionneur de l'équipe du Brésil):
Votre équipe vient de perdre contre la France après s'être inclinée face à l'Argentine (0-1). Etes-vous inquiet ?
Les défaites sont toujours difficiles à vivre mais il faut séparer chaque match. Là, nous avons été privés d'un joueur pour une grande partie de le rencontre. Il était alors compliqué de trouver ses marques après ça. Mais les joueurs ont su réagir et nous avons eu deux ou trois occasions pour égaliser. Cependant, il nous manque un peu d'habitude. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour préparer ces matches. Pour les grandes compétitions, comme la Copa America, j'aurais plus de temps pour choisir mes joueurs et alors nous verrons.
Pensez-vous que l'expulsion de Hernanes a faussé la partie ?
Cette expulsion a influencé les choses, c'est certain. Dans un premier temps, la Seleçao a bien joué. Nous avons récupéré pas mal de ballons et lancé plusieurs offensives. En seconde période, il a fallu se sacrifier. C'était une erreur mais ça arrive. Nous aurions dû gérer la partie avec plus de calme.
Cette défaire remet-elle en cause votre stratégie, qui est de faire confiance à de très jeunes joueurs ?
Non, je n'ai pas de doute quant à la stratégie employée. Nous sommes dans une phase de risques. Des joueurs comme Kaka ou Ronaldinho pourraient résoudre certains problèmes, mais ce n'est pas ce que je recherche. Nous sommes en train de travailler pour le futur et je veux voir ces joueurs là. Certains ont commis des erreurs, mais nous n'allons pas abandonner après ce genre de matches. C'est bon pour leur expérience et cela va leur forger un esprit plus fort.» (L'Equipe.fr)
Karim Benzema (buteur de l'équipe de France):
"On est très content. De la manière aussi parce qu’on a fait un très beau match. Je pense que tout le monde est satisfait sur le terrain et également les supporters qui sont venus voir un très beau match de football. C’est toujours un grand plaisir (ndlr : de marquer face au Brésil). C’est une grande équipe du football. Je suis super content comme tous les joueurs de l’équipe de France." (TF1)