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Yohan Cabaye (à gauche, félicité par son ancien coéquipier à Lille, Mathieu Debuchy) a inscrit son premier but en bleu. |
Ce Ukraine - France a déjà marqué l’histoire de l’Euro 2012.
Parce que la cinquième minute de jeu a commencé à 18h04 et s’est terminée à
19h02. Cinquante huit minutes à regarder la pluie tomber et surtout l’orage
s’éloigner. Face au déluge vertical et aux éclairs de plus en plus violents,
l’arbitre, M. Kuipers, a préféré renvoyer les vingt-deux acteurs à l’abri et
les spectateurs s’abriter.
Laurent Blanc avait laissé planer le mystère, ne fermant
aucune porte. Reconduire les onze joueurs alignés d’entrée contre l’Angleterre
(1-1) ou apporter des modifications. Lors du dernier entraînement, à huis-clos,
il avait testé Ménez à droite, Martin en milieu relayeur et M’vila en
sentinelle. Seul le premier essai a été transformé.
Car le sélectionneur a changé, un peu. Deux
changements de joueurs concernant trois postes. Ménez et Clichy entrants et
Nasri revenant dans l’axe. Les deux victimes furent Evra et Malouda. Peut-être
à cause de leur prestation quatre jours plus tôt, discrète au mieux. Décisive
même pour Évra, auteur d’une faute inutile amenant le but de Lescott. Or, le
côté droit ukrainien avec Gusev et Yarmolenko était considéré comme le point
fort de l’équipe locale. Peut-être juste pour les préserver. À respectivement
31 et 32 ans, Evra et Malouda sont les deux joueurs les plus âgés du groupe et
dans une compétition où les rencontres s’enchaînent tous les quatre jours,
parfois à plus de 30°C, la fraîcheur physique compte. Or, le dernier match face
à la Suède sera décisif pour la qualification, qu’importe le résultat de ce
second match.
Les droitiers marquent du gauche
L’entame des Bleus était particulièrement attendue. Timorés
face aux Anglais durant vingt minutes au point d’être menés, ils ont réussi la
première et surtout la seconde, après l’orage. Avec un duo Ribéry - Ménez à
l’œuvre dans des rôles définis. Le premier à la passe, le second à la frappe. Ménez
pensant même ouvrir la marque, en partant avec un bon mètre d’avance sur la
défense lorsqu’il fut servi par Ribéry (17e). Pas de hors-jeu
forcément, quand le Munichois trouva en retrait le Parisien qui tira au-dessus
(26e). Ni sur ce service à ras de terre repris par Ménez et repoussé
par Piatov (29e). Le gardien ukrainien également auteur d’un arrêt
sublime sur une tête de Mexès (39e). Après ses trois échecs, Ménez
frôla l’expulsion pour une faute sur Shevchenko annihilant un contre (40e)
et un pied appuyé sur la jambe de Selin (44e). Seule la première
intervention lui valut un avertissement.
Heureusement pour la France. D’autant que l’entame de la
seconde période fut aussi réussie dans les intentions. Et Ménez, lancé par le discret
Nasri, buta encore sur le gardien (49e). De quoi se résigner ? Au
contraire. Ribéry accéléra encore et Benzema trouva Ménez sur la droite. La
cinquième fut la bonne pour le Français qui effaça Selin avant de revenir vers
l’axe et de tirer du gauche (1-0, 53e).
Privé d’occasion franche et régulièrement sur les côtés ou à
la hauteur des milieux, Benzema se mua en passeur de la soirée. Il lança en
profondeur Cabaye. Le milieu ouvrit son compteur but chez les Bleus d’une
frappe du gauche (56e). Il fut proche du doublé en fracassant le
poteau droit (65e) avant de sortir pour regarder ses partenaires
gérer leur avance. Sans forcer, ni être trop inquiété.
Premier succès à l’Euro depuis le 21 juin 2004
Alors, oui, les Tricolores méritent ce succès. La marge
est même minimale. Seulement, supérieurs dans le jeu face à des Ukrainiens émoussés
après leur grosse performance contre la Suède (2-1), les Bleus se sont fait
peur défensivement avec des mésententes, une fébrilité constante à l’image d’un
mauvais alignement permettant à Shevchenko de s’échapper sur le côté gauche, de
frapper et de trouver Lloris (34e). Le capitaine ukrainien, après
avoir effacé Rami, vit aussi le ballon effleurer la lucarne gauche française (50e). Un accrochage avec Rami, encore lui, aurait pu donner un penalty à Sheva (52e). À côté d'un Rami encore inquiétant, Mexès, à part une passe en retrait délicate pour Lloris (2e), a une nouvelle fois rassuré. Comme Clichy, propre dans son positionnement défensif et n'hésitant pas à apporter son écho offensif.
Bref, pas de quoi remettre en questions le vingt-troisième match
sans défaite de cette équipe. La première victoire après quatre défaites et
trois nuls en phase finale, Euro et Mondial confondus. Pour le seul Euro, il
s’agit du premier succès depuis Suisse-France, le 21 juin 2004.
Et puis, ce Ukraine-France a marqué l'histoire de l’Équipe
de France. Après quatre nuls et six défaites, elle s’est enfin imposée en phase
finale de l’Euro sans Platini ou Zidane sur le terrain. Reste à savoir si le
numéro dix actuel, Karim Benzema, rejoindra ses illustres compatriotes au
palmarès de la compétition. Lui et ses camarades en sont à quatre parties. Et la première contre
la Suède, dès mardi, conditionnera la possible suite. Une défaite par un but d'écart suffira à entrevoir les quarts de finale.
Le prochain Euro 2016 est également organisé en France,
RépondreSupprimerBienvenue à un événement merveilleux!