

Après trois semaines d’absence, Yoann Gourcuff a fait son retour dans le groupe de Laurent Blanc. Sans surprise, avec une semaine d’entraînement collectif dans les jambes, ce dernier a inclut son atout majeur dans son équipe dès le départ. Mais oh surprise, dès le coup d’envoi c’était Jaroslav Plasil qui accompagnait Marouane Chamakh dans le rond central. Une simple stratégie puisque le tchèque passait à Gourcuff qui lançait la première offensive Girondine ? Et bien non. Plus le temps passait et plus il se confirmait que Yoann Gourcuff était utilisé comme milieu relayeur, à la droite d’Alou Diarra. Parfois un peu devant, parfois sur la même ligne. Pendant ce temps Jaroslav Plasil faisait admirer sa technique, son sens du harcèlement sur le porteur du ballon et ses déplacements en diagonale. Un rayonnement qui trouvait son apogée lorsqu’il coupa le centre de Trémoulinas pour inscrire l’unique but de la rencontre. Il aurait même pu doubler la mise avant la mi-temps au terme d’une très belle action collective qu’il initia et qu’il aurait pu conclure. Il fallait même un retour in extremis de Ceara pour l’éviter de se présenter devant Edel, après une belle ouverture de Sertic. Bref, Plasil confirmait ce qu’il avait fait depuis deux rencontres (contre la Juventus (2-0) et Nancy (3-0) avec une passe décisive à chaque match), dans le costume habituel de Gourcuff.
Pendant ce temps, le meneur des bleus s’attelait à un travail plus obscur, en duel avec Jeremy Clément et Claude Makelele à la récupération, il bloquait le couloir droit laissé vacant par Gouffran et jouait plus simple. Les quelques gestes techniques, qu’il affectionne tant, finissant par un large déchet.
Après 70 minutes à ce poste, il remontait derrière Chamakh, lorsque Laurent Blanc fit entrer Traoré pour épauler Diarra, replaçant Plasil à droite. Il aurait pu tuer le match si sa reprise aux six mètres n’était pas partie dans la tribune. Le principal concerné, après le match confiait ne pas être gêné par ce poste : « En bas comme en haut, il faut avoir beaucoup de volume de jeu. Il faut être toujours disponible pour le porteur de balle. Je n’ai pas ressenti beaucoup de différence au niveau du volume de jeu. Il faut être plus attentif au ballon car il ne faut pas le perdre. Il y a peu de place pour la créativité mais il y en a plus pour les relais et pour jouer avec nos coéquipiers. »
Un rôle différent
Alors bien sûr, se priver de Gourcuff en meneur peut paraitre aberrant lorsque l’on connait les qualités du garçon. Seulement depuis deux saisons maintenant qu’il est aux girondins, Yoann Gourcuff excelle derrière deux attaquants mais souffre derrière le seul Chamakh. Pour ne revenir que quelques semaines en arrière, lors de la double confrontation contre le Bayern Munich, malgré un but au retour (2-0) et un penalty manqué à l’aller (2-1), il n’avait pas réellement pesé sur le jeu. En effet, il est trop haut sur le terrain pour être au sommet de son art. Face au manque de poids offensif en soutient de Chamakh, il a tendance à jouer comme un second attaquant, se coupant de son milieu et s’embourbant dans le rideau défensif adverse. Or dans un 4-2-3-1 le rôle que lui a confié Blanc, contre Paris, lui permet d’être au cœur du jeu, de décrocher près de ses défenseurs pour relancer le jeu, de créer le surnombre en venant s’intercaler dans la ligne des milieux offensifs. Bref, comme Fernando, qui occupe habituellement ce poste mais qui était suspendu, avec sa palette technique, inégalable en L1, en sus.
Une stratégie qui pourrait (devrait ?) faire réfléchir le sélectionneur national. En effet, en bleu Gourcuff souffre dans le 4-2-3-1 Domenechien. Seulement le mal est plus profond qu’en Gironde puisque le jeune meneur est bloqué entre Henry et Anelka sur les côtés, quand ce n’est pas Ribery, qui dézonent jusqu’à marcher sur les pieds du Breton. Et comme avec Lassana Diarra et Jérémy Toulalan qui restent bien sagement derrière lui, il ne peut guère reculer d’un cran, sous peine de placer les bleus en sous nombre devant, il est inhibé, perdu. Il n’a même pas le droit de tirer les coups de pieds arrêtés, puisqu’Henry s’est découvert un talent caché et une passion pour les corners à 32 ans, un rôle qu’a récupéré Gourcuff hier soir à Bordeaux, malgré le bon intermède de Plasil.
Une option pour les bleus ?

Alors peut-on imaginé Gourcuff s’installer durablement à ce poste à Bordeaux ou en équipe de France ? La réponse est non. A Bordeaux il est la star et récupérera son rôle derrière deux attaquants, où il excelle, face aux formations de second plan de la Ligue 1. Et en Ligue des champions ou face aux formations européennes de L1, il y a Fernando au profil également technique mais un brin plus défensif et plus physique qui pourrait lui être préféré, même s’il ne serait pas étonnant de voir Blanc replacer son joyau à ce poste, peut être même dès dimanche à Lyon. Voire dans un 4-3-3 devant Diarra et à côté de Plasil. En équipe de France, Raymond Domenech ne sacrifiera pas ses deux milieux de terrains défensifs, sur une même ligne. Même en infériorité numérique (France - Italie (0-2), Euro 2008, Serbie - France (1-1), qualification au mondial), il a gardé ses deux défensifs. Même face aux Iles Féroé (1-0) ou pire face à la Lituanie (1-0) lorsque le score était vierge à vingt minutes de la fin il n’a pas changé, alors pourquoi maintenant. Pourtant, à l’image de l’Italie avec Pirlo, de l’Espagne avec Xavi, de l’Angleterre avec Lampard et/ou Gerrard ou de l’Allemagne avec Ballack une paire Diarra (voire Lassana Diarra ou Toulalan) – Gourcuff aurait l’avantage de la force physique et du talent technique. En position de huit (son numéro en club et en sélection), il pourrait ainsi alimenter un quatuor Henry (à gauche), Ribéry (à droite), Anelka (en soutient) et Benzema ou Gignac (en pointe). Mais cinq joueurs offensifs dans une équipe de France made in Domenech ce n’est jamais arrivé, sous le prétexte d’un équilibre qui ne saute pas aux yeux. Et c’est connu, on ne change pas une équipe qui gagne si peu et qui joue si mal... en tout cas chez Domenech.
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