lundi 29 mars 2010

Les gros ont peur

C’est reparti ! La fronde anti Frédéric Thiriez revient au cœur de l’actualité footballistique. Cette fois-ci le toujours optimiste président de la ligue de football professionnelle (LFP) se voit reprocher de mal gérer le calendrier, ne pas suffisamment protéger les équipes évoluant en coupe d’Europe ou encore de ne pas se montrer suffisamment généreux financièrement avec les locomotives de la Ligue 1, à savoir Marseille, Lyon, Bordeaux et… Paris. Ainsi, les quatre hommes forts de ces clubs (Jean-Michel Aulas, Lyon, Jean-Claude Dassier, Marseille, Robin Leproux, Paris et Nicolas de Tavernost, Bordeaux) se réunissent à l’occasion au Bristol, une très bonne et très chère table parisienne (231 euros chacun avec des châtaignes de mer à 72€, du homard bleu à 95€, du fromage affiné à 30€, un pamplemousse rose à 25€ et un café à 9€) pour régurgiter tout le mal qu’ils pensent de Thiriez et organiser leur riposte. Pas étonnant que, pendant qu’ils se livraient un duel devant les commissions de la ligue et du CNOSF, Nicolas de Tavernost (réel patron du club, président de M6, actionnaire majoritaire de Bordeaux) et Jean-Michel Aulas, trinquaient à tout le mal qu’ils faisaient à la Ligue. Mais dans cette affaire, il est bien difficile de savoir qui s’est mis à la faute le premier. L’œuf Thiriez ou la poule « Gros Quatre » ? Car les reproches des clubs sont légitimes. Le calendrier est un grand n’importe quoi, à en rendre les anglais jaloux. Une finale de coupe de la ligue - compétition illégitime car instaurée sur le mensonge d’une ligue 1 à 18 clubs - pendant une journée de championnat, à neuf matchs de la fin, et à trois jours d’un quart de finale de ligue des champions. Il fallait y penser. Comme la possibilité qu’au moins un club soit concerné par ce tour d’Europe. Donner 19% des droits TV de la Ligue 1 à la Ligue 2, sans que les diffuseurs ne puissent diffuser de match. Original. Se battre contre le sponsoring des sites de paris sportifs qui offrent de belles rémunérations aux clubs étrangers (Milan, Real Madrid, Seville…), tout en passant un accord avec la Française des Jeux. Courageux. Et on passe les échanges verbaux allant du « pas fair-play Aulas » dixit Thiriez au « manque de décence » de Thiriez pour Aulas, en passant par « la ligue ne sert à rien » de Triaud.

Une fronde contre Thiriez

Bref, après six ans à la tête de la ligue, le comédien Frédéric Thiriez laisse apparaître, jour après jour, sa méconnaissance du football. Les clubs populaires, eux, laissent apparaître leur sens de l’égoïsme. Donnez-nous de l’argent que l’on soit mieux en Europe et en championnat et débrouillez-vous. Même Canal+, par la voix de son président Bertrand Méheut, se place dans le camp des locomotives, qu’il diffuse tous les dimanches ou presque. Il promet de ne pas baisser sa contribution annuelle, lors du prochain appel, alors qu’Orange pourrait ne pas postuler. A savoir, 460 millions d’euros pour un match sur Canal+, huit sur Foot +, quatre multiplex et trois magazines (Canal Football Club, Jour de Foot et Les Spécialistes). Mais en échange, Meheut souhaiterait que les gros aient une part plus importante du gâteau qu’il offre à la Ligue. Comme chez nos voisins Anglais, Espagnols et Italiens où les clubs les plus puissants ont au minimum 100 millions d'€, contre 47,4 millions pour l'OM, 43,5 pour l'OL et 41,2 pour Bordeaux pour la saison 2008-2009.
Alors place au communisme, tous les clubs doivent avoir pareil, quitte à conserver ce championnat homogène, donc intéressant mais sans réelles puissances la scène européenne ou à l’ultra libéralisme économique, tout pour les puissants, qui deviendront visibles en Europe, donnant une bonne image de la Ligue 1 et les miettes pour les autres ? Comme l’a écrit Montesquieu dans L’esprit des lois « La démocratie à deux excès à éviter : L’esprit d’inégalité, qui la mène à l’aristocratie, ou au gouvernement d’un seul ; et l’esprit d’égalité extrême, qui la mène au despotisme d’un seul. »

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