Les semaines se suivent et les mots restent inchangés. Après
chaque nouvelle désillusion, les joueurs passent devant la presse pour affirmer
le désir collectif de remonter la pente. Et après les rares soubresauts, pas de doute, le match du déclic, c’est
reparti. Depuis près de deux ans, le constant est invariable. Cet effectif a de
la qualité, n’est pas à sa place. Alors, les excuses s’enchaînent. La finale de
la Coupe de la Ligue, d’abord, où les habituels titulaires avaient été préférés
aux remplaçants, à trois jours du quart de finale aller de la Ligue des
Champions, ce qui aurait cassé le groupe en deux au printemps 2010 (1-3 contre
Marseille). Puis le départ de Laurent Blanc à la fin de la saison 2009/2010,
tellement prévisible qu’il n’a pas été anticipé. Ensuite, c’était la faute de Jean
Tigana, trop rigide au point de sanctionner financièrement les retards à
l’entraînement ou d'obliger ses internationaux à revenir le lendemain du dernier jour du rassemblement, comme dans tous les clubs. Un coach accusé de ne pas être assez chaleureux avec ses joueurs et de
ne pas s’entendre avec son adjoint, Michel Pavon, qui lui s’entendait trop bien
avec certains cadres du vestiaire.
Et maintenant que l’équipe est relégable depuis deux
journées dans une indifférence presque générale, quelles sont les excuses ? Des défaillances individuelles, un manque de chance, des erreurs
arbitrales, un moral touché… Tout y passe, avec mauvaise foi, dans les bouches
de ceux qui acceptent encore de parler plus de 48 secondes en conférence de presse.
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Chamakh, Gourcuff et Cavenaghi le trio offensif du titre de 2009, ont été remplacé par Modeste, Ben Khalfallah et Diabaté... |
Sauf une, que Francis Gillot ose suggérer depuis sa prise de
fonction. Cette équipe est peut-être juste à sa place. Que Lamine Sané, malgré
des premiers matches encourageants en 2010 dans une défense qui fonctionnait
encore bien, n’a pas le niveau. Ni en défense centrale, ni à droite ni au
milieu. Que Michaël Ciani, malgré des atouts physiques indéniables, a des
difficultés de concentration trop fréquentes pour être un cadre de la défense.
Il doit avoir un « cerveau » à côté de lui. Que Marc Planus, ce
cerveau libéro, n’a plus réalisé deux bons matches de rang depuis deux ans
parce que son corps le lâche trop souvent. Et qu’en plus, il accumule les
fautes grossières, handicapant lourdement son équipe (contre Marseille l'an dernier, Montpellier récemment), quand l'arbitre le voit. Que Mathieu Chalmé
livre des matches d’une telle indigence
que Gillot a préféré utiliser le jeune Krychowiak au poste de latéral droit à Nice (0-3) alors qu’il est milieu défensif,
voire défenseur central de formation. Que Fahid Ben Khalfallah et Anthony
Modeste, les deux « remplaçants » de Marouane Chamakh et Yohan
Gourcuff étaient bons à Angers, en Ligue 2. Mais, que c’était de la Ligue 2,
justement. Que la cellule de recrutement, depuis le départ de Charles Camporo
en 2006, remplacé par Michel Pavon puis Jérôme Bonnissel, n’a pas un trouvé un
bon joueur, laissant les entraîneurs utiliser leurs propres réseaux pour sauver
les apparences (Fernando, Alonso et Wendel par Ricardo ; Gourcuff et
Plasil par Blanc ; Maurice-Belay et Nguemo par Gillot) ou se tromper.
Que la formation bordelaise, depuis le départ de Guy Hillion,
est incapable de sortir un bon joueur au point que les deux plus grands espoirs
au Haillan se nomment Sala et Castro, issus du Proyecto Crecer, club filial des
Girondins en Argentine. Que l'entraîneur essaye un peu tout et n'importe quoi à force, comme Krychowiak latéral alors qu'il n'était pas à l'entraînement les deux semaines précédentes ou Modeste et Diabaté associés devant, le tout à Nice. Gillot a déjà utilisé 25 joueurs dont 21 comme titulaires (seuls Ciani et Sané n'ont raté aucune minute) mais n'a dégagé que peu de certititudes. Sauf Nguemo, déjà indispensable à la récupération.
Alors, le stade se vide. Face à Brest, Chaban-Delmas n’a
même pas affiché 50% de taux de remplissage. 16000 personnes se déplacent
encore pour voir Bordeaux ne jamais gagner et rarement convaincre, si ce n’est
par bribes de matches, quant il y avait 16000 abonnés pour contempler le FCGB,
il y a deux ans. Et en plus, les joueurs prennet mal les reproches des plus fidèles. Bellion a critiqué la banderole du virage sud ("Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB
ou dégagez"), signalant « qu’une supporter devait
supporter son équipe » samedi soir.
Des rumeurs, relayées par France 3 Aquitaine, annoncent un
bilan des dirigeants sur l’action de Francis Gillot dans deux matches, après la
réception du Paris Saint-Germain, un soir de grève annoncée par les supporters,
quant ces mêmes dirigeants oublient de faire leur propre bilan. Jean-Louis Triaud a prolongé les contrats, avec augmentation salariale (Planus, Bellion, Henrique, Jussiê, Chalmé) pour ne pas revivre l'épisode Chamakh, parti librement (comme Trémoulinas en 2013?). Il a certifié que son équipe avait du talent, puis a critiqué encore et encore ces jeunes gens. Désormais, il s'efface, comme s'il était totalement dépassé par ce football peut être trop professionnel pour lui.
L’hiver dernier, l’actionnaire principal, M6, avait accordé
12 millions d’euros pour recruter un attaquant, si possible Gameiro et atteindre le podium final. Le
Lorientais de l’époque voulait aller à Valence et avait poliment décliné
l’offre girondine. Mais Bordeaux a insisté sur cette piste, n’en a creusé
aucune autre avant de s’en prendre publiquement à l’attaquant international et
d’obtenir dans l’urgence le prêt payant (2 millions d’euros) du jeune Brésilien
André, certainement très bon, mais hors de forme.
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Maillot souillé, honneur bafoué. Sauvez le FCGB ou dégagez, tel est le dernier message de protestation des supporters girondins, samedi. |
Et voilà que l’histoire se répète. Après un mercato estival
historique (0 euro dépensé, seul club de Ligue 1 dans ce cas), 10 millions
d’euros sont murmurés pour renforcer dans l’urgence une équipe à la dérive et
ainsi sauver le club de la relégation.
Seulement, pour obtenir un attaquant, un latéral droit voire
un milieu, la somme pourrait être un peu étriquée. Surtout que Diabaté, Sané et Traoré seront absents plus d'un mois à cause de la CAN (Coupe d'Afrique des Nations).
Car c’est connu, le marché d’hiver est plus cher. Les bons joueurs son installés dans leurs clubs et les autres, à court de forme et de confiance n’ont pas forcément le profil pour lutter pour le maintien. Il faut des cadres, des battants autant que de bons joueurs. Un latéral ? Pourquoi pas Jeunechamp. On plaisante bien sûr. Sauf que si Bordeaux prend des cartons (21 jaunes et 3 rouges), elle manque de caractère, comme l'atteste son incapacité à conserver un score. Si les matches s'arrêtaient à la mi-temps, Bordeaux serait septième. Mais ils durent 94 minutes et Bordeaux est dix-huitième, avec une seule victoire arrachée avec chance à Valenciennes (2-1, le 27 août), en plus. Costa, Smertin, Jemmali, Jurietti, Fernando voire Diarra ces dernières années étaient ces cadres prêts à insuffler l’envie de se battre aux autres. Même Plasil s’efface, après avoir forcé sa nature. Il parle moins sur le terrain, est moins décisif, comme résigné par tant d’efforts inutiles depuis des mois. La résignation. Le mal qui peut être fatal aux Girondins. Il reste 27 matches. C’est largement suffisant pour se sauver et même terminer au milieu d’un Championnat très moyen où Dijon, Ajaccio, Brest, Valenciennes, Nancy, Evian, Nice et Caen n'ont pas beaucoup plus de talents que Bordeaux. Sauf que le maintien est dans les gènes de ces équipes et de leurs joueurs. Ils ne pensent qu'à cela depuis début juillet. Or il ne l’était pas dans ceux de Nantes, Lens ou Monaco. Et il n’est pas à Bordeaux qui parlait encore d'Europe cet été...
Car c’est connu, le marché d’hiver est plus cher. Les bons joueurs son installés dans leurs clubs et les autres, à court de forme et de confiance n’ont pas forcément le profil pour lutter pour le maintien. Il faut des cadres, des battants autant que de bons joueurs. Un latéral ? Pourquoi pas Jeunechamp. On plaisante bien sûr. Sauf que si Bordeaux prend des cartons (21 jaunes et 3 rouges), elle manque de caractère, comme l'atteste son incapacité à conserver un score. Si les matches s'arrêtaient à la mi-temps, Bordeaux serait septième. Mais ils durent 94 minutes et Bordeaux est dix-huitième, avec une seule victoire arrachée avec chance à Valenciennes (2-1, le 27 août), en plus. Costa, Smertin, Jemmali, Jurietti, Fernando voire Diarra ces dernières années étaient ces cadres prêts à insuffler l’envie de se battre aux autres. Même Plasil s’efface, après avoir forcé sa nature. Il parle moins sur le terrain, est moins décisif, comme résigné par tant d’efforts inutiles depuis des mois. La résignation. Le mal qui peut être fatal aux Girondins. Il reste 27 matches. C’est largement suffisant pour se sauver et même terminer au milieu d’un Championnat très moyen où Dijon, Ajaccio, Brest, Valenciennes, Nancy, Evian, Nice et Caen n'ont pas beaucoup plus de talents que Bordeaux. Sauf que le maintien est dans les gènes de ces équipes et de leurs joueurs. Ils ne pensent qu'à cela depuis début juillet. Or il ne l’était pas dans ceux de Nantes, Lens ou Monaco. Et il n’est pas à Bordeaux qui parlait encore d'Europe cet été...