La France a pris la tête du groupe D, samedi en dominant la Roumanie en fin de match (2-0). Grâce à des réalisations de Rémy et Gourcuff, les Bleus se sont imposés au stade de France, une première depuis le 14 octobre 2009 (contre l'Autriche, 3-1).
C’est au moment où l’espoir s’était évaporé dans la douce nuit francilienne que tout a changé. Alors que le partage des points devenait une conclusion décente devant des Roumains qui commençaient à se montrer légèrement pressant et même dangereux avec Sapunaru qui renvoya un mois en arrière en profitant d’une erreur de Clichy pour expédier sa frappe sur le poteau intérieur de Lloris, bien heureux de se retourner avec le cuir en offrande (70e). Florescu avait obligé Lloris à se détendre plus tôt (48e).
Mais l’histoire ne s’est pas répétée. Le traumatisme biélorusse (0-1) est resté enfoui au profond des têtes françaises. Un premier effet du « profileur » peut-être qui aurait déjà fait naître des nouveaux leaders. En tout cas, Loïc Rémy a bien expliqué ne pas avoir besoin d’un préparateur mental et a bien prouvé que pour lui tout allait bien. Le neo-marseillais a démarré sa saison ce samedi soir en sortant du banc et en profitant d’une longue ouverture de son capitaine, reconduit dans ce rôle, Alou Diarra. Hors-jeu, Loïc Rémy d’un plat du pied débloqua une situation non pas sans rappeler un certain Thierry Henry dans l’attitude (83e). Il n’est plus qu’à 50 buts de son « modèle ».
Le banc change tout
Libérés, les Bleus ont très bien terminé la rencontre avec les remplaçants comme éléments définitivement décisifs. Dimitri Payet, pour sa première sélection, fit un petit festival sur la droite avant de servir Gourcuff dans la surface (90e+2). Outre le but de la délivrance, l’exécution du successeur de Nasri est tout un symbole. Celui d’un homme enlisé dans une certaine médiocrité depuis dix mois, qui n’avait plus marqué toutes compétitions confondues depuis le 21 mars 2010 (Bordeaux - Lille, 3-1, Ligue 1) et qui n’avait surtout pas fait trembler les filets en équipe de France depuis un Roumanie-France (2-2, 11 octobre 2008), ce qui était son unique réalisation jusqu’alors. Mais promis, un jour il marquera contre un autre pays.
Finalement, ce succès obtenu en fin de partie, comme en Bosnie (2-0), est mérité. Si la France a dominé, parfois sans contestation et avec facilité, les réelles occasions n’ont pas vraiment fourmillé, tant le double rideau défensif concocté par Lucescu était en place et propre (9 fautes contre 11). Il fallut attendre 40 minutes avant que Pantilimon, le portier roumain, ne procède à un arrêt, sur une frappe en pivot de Valbuena, très remuant par ailleurs. Dès la minute suivante, Karim Benzema toucha le poteau gauche de la cage roumaine pour l’une des huit frappes non cadrées du premier acte français.
Pour le reste, le milieu français, bien amené par Alou Diarra qui se révèle en sélection avec le brassard, avait le dessus mais un manque de spontanéité dans la dernière passe bloquait toute offensive. Malouda étant le symbole de ce qui ne fonctionnait pas. S'il s'est promené sur toute la largeur du terrain, il a surtout traversé la partie sans pesé ni même défendre.
Les secondes précédentes l’heure de jeu auraient pu tout changer, sans le show Pantilimon, reléguant bien loin le débat de sa titularisation au détriment du coéquipier de Mexès en club, Lobont. Valbuena vit sa frappe détourner par le gardien roumain sur sa transversale, son capitaine, Chivu, devançant Benzema à la retombée. Puis Nasri, sur le côté droit, profita d’un désert constant en deuxième mi-temps dans cette zone pour se présenter devant Pantilimon qui évita le petit pont de justesse. Une attaque roumaine calma néanmoins les ardeurs tricolores. Benzema se montra également dans ce laps de temps en enchaînant un double hors-jeu en trente secondes. Et avec cette baisse de régime qui accompagna les imprécisions du meilleur buteur du groupe France, le constat d’avoir un avant-centre titulaire indiscutable en sélection qui est remplaçant tout aussi indiscutable en club, le Real Madrid, pose problème, si le scénario persistait à l’avenir.
Le Stade de France redevient Bleu de plaisirAvec ce succès qui place la France en tête de son groupe de qualification à l’Euro 2012 c’est toute une histoire qui recommence. Une histoire où la Roumanie n’est plus un coriace cauchemar (trois matches nuls en deux ans). Une histoire où le stade de France est une maison douillette et pas un lieu où la victoire (deux défaites et un nul depuis octobre 2009) et l’enthousiasme sont bannis. Surtout, le public ne demande qu’à y croire, chaque temps fort de son équipe étant escorté par des acclamations voire des olas.
Désormais, alors qu’un début de série se forme avec ce second succès de rang 2 à 0 après celui en Bosnie, les esprits vont se tourner vers le Luxembourg, dès mardi à Metz. L'adversaire le plus faible du groupe, l'un des plus faible d'Europe, même. Alors que dans le même temps, la Biélorussie et l'Albanie, respectivement troisième et deuxième s'affronteront. Idéal pour continuer la spirale positive et définitivement remettre les têtes à l'endroit.
Réactions:
«Laurent Blanc, si le match s'était arrêté à la 75e minute, que nous auriez-vous raconté ce soir ?
Je ne vais pas réfléchir à ce que j'aurais éventuellement pu raconter. Un match s'arrête à la 95e minute. Beaucoup de choses peuvent se passer d'ici-là, on est bien placés pour le savoir... Ça montre que l'équipe ne s'est pas découragée et qu'elle a toujours cru en la victoire. Cet état d'esprit me plaît beaucoup. Vendredi, vous me demandiez si c'était le onze de départ le plus difficile que j'avais à faire. La chose la plus difficile, ça a été de choisir 5 joueurs pour aller en tribunes. Vu la qualité des entraînements cette semaine, tout le monde aurait mérité d'être sur la feuille de match.
Même après le poteau roumain, votre équipe n'a jamais semblé paniquer. Est-ce une preuve de maturité?
Sur l'instant, oui. Sur l'avenir, nous verrons. Avant le match, j'avais dit que cette équipe manquait d'expérience. Un seul match ne peut pas combler ça. On a vécu une première période difficile contre une équipe rigoureuse, qui n'a pas pris de risques et qui nous a empêchés de se créer d'occasions franches. A la mi-temps, j'ai demandé aux joueurs d'être patients, de ne pas s'énerver. Je leur ai dit qu'il n'était pas interdit de gagner dans les 10 dernières minutes. Après la pause, le match s'est débridé. Eux comme nous, avons eu l'occasion d'ouvrir score. Ce qui a fait la différence, c'est la fraîcheur physique de ceux qui sont rentrés. C'est une très bonne chose.
Pourquoi avoir attendu la deuxième période pour prendre plus de risques ?
En première période aussi, les joueurs ont tenté, mais les espaces étaient très réduits, les lignes roumaines très serrées. Ça a été un match difficile. Les joueurs ont tout donné. Ils ont été récompensés, mais tout le monde est très fatigué.
Rémy et Gourcuff buteurs, Payet passeur décisif... C'est une victoire venue du banc ?
Oui, les matches, il faut les jouer à 14. C'est ce que j'ai dit aux joueurs. Ceux qui sont sortis ont fait ce que l'on attendait d'eux. Leurs remplaçants ont profité de leur travail. Je vous avais dit qu'on avait réalisé une belle semaine de travail. Avec la victoire, vous serez tous d'accord avec moi, mais je sais très bien que si on avait perdu, vous en auriez douté... C'est pourtant bien réel. Quelque chose est en train de se créer. A nous de garder cet état d'esprit parce que des périodes délicates, il y en aura. Pour l'instant, on savoure.
Grâce à ce succès, les Bleus prennent la première place du groupe. Comment percevez-vous cette position nouvelle ?
On est preneurs, même si on sait que les éliminatoires durent un certains temps. On va affronter le Luxembourg, ensuite il y aura deux matches amicaux, puis une longue coupure... Il faudra faire ce qu'il faut pour passer l'hiver au chaud.
Des changements sont-ils à attendre contre le Luxembourg ?
On verra. Il faudra prendre en considération la fraîcheur physique des uns et des autres. Si on sélectionne 23 joueurs, c'est dans cette optique. On va bien réfléchir à tout ça, mais ce n'est pas impossible qu'il y ait de nouveaux joueurs sur la pelouse mardi soir».(L'équipe.fr)
Razvan Lucescu (sélectionneur de la Roumanie) : «On peut séparer le match en deux périodes. Une première où la France a dominé et durant laquelle on a su bien les bloquer. Une deuxième plus intéressante, avec des occasions de part et d'autre. Les Bleus en ont eu plus, mais c'est normal. Leur aisance technique a été incroyable. Si on est frustrés, c'est surtout parce qu'on se prend ce premier but au moment où on contrôlait le jeu. Nous avons perdu un ballon dans leur surface et on ne l'a jamais récupéré. Ça a scellé le sort du match. Rémy était hors jeu ? Même si la France nous était supérieure, c'est difficile à accepter. Mais je ne veux pas chercher d'excuses...» (L'équipe.fr)