jeudi 17 juin 2010

L’enterrement est proche

Les Bleus sont proches de l'élimination après un revers cinglant mais logique face au Mexique (2-0).

Et la France tomba. De pas bien haut certes. Mais la chute fut douloureuse, surtout quand on tombe sans la volonté de l'éviter dans un trou dont la profondeur s'accentue continuellement. Un trou qui n’attend que le caveau accompagnant des obsèques en catimini, à la fin d’un premier tour déjà désastreux. Comme à l’Euro 2008. Comme à la Coupe du Monde 2002. Le Mexique et l’Uruguay n’ont besoin que d’un point chacun pour se qualifier. Même un succès minimal de l’Uruguay obligerait la France à battre l’Afrique du Sud 4-0, sans Toulalan, suspendu après deux avertissements en autant de rencontres. Compliqué pour une équipe qui n’a marqué qu’une fois sur 563 minutes reparties en trois compétitions officielles.

Gourcuff victime

Domenech avait choisi une certaine continuité. La seule victime du médiocre France - Uruguay (0-0) étant Yoann Gourcuff. Le meneur de jeu Girondins payant à lui seul les décrochages continus d’Anelka, la passivité offensive de Govou et l’absence totale de sens collectif de Ribéry.
Govou n’est pas contester en interne. Normal, Ribéry, le nouveau petit caïd, autoproclamé roi d’un château hanté de tout talent et trop heureux que quelqu’un ai pris possession de ce satané côté droit qu’on lui confie depuis quatre ans, soit deux de trop, au moins, à son goût. Gourcuff, lui, est contesté. Ce n’est pas nouveau. Mais que Domenech le lâche, si. D’autant que la triplette inoffensive ayant survécu a continué dans le même registre.
Confier les clés du jeu à Ribéry ne change rien à son implication collective. Il joue pour lui et non pour l’équipe de France. Et lorsqu’il cherche un coéquipier, près d’une fois sur deux le ballon n’arrive pas (24 passes réussis sur 45). Même à la course il fut le plus lent sur le terrain à la vitesse de pointe. Domenech a juste craqué à la mi-temps face au manque criard de volonté d’Anelka de se comporter comme un avant-centre. Gignac l’a remplacé. Pas Henry. Et Gignac n’a rien changé. Pas plus que Valbuena qui a succédé à Govou sur l’aile droite. C’était après que Hernandez, à la limite du hors-jeu, ne se joue de Lloris, gardien abandonné par une défense à la dérive (0-1, 64e). Mais c’était avant qu’Abidal, ne tacle Barrera dans la surface, annihilant une action de but sans recevoir de carton rouge. Alors que Khune, le gardien sud-africain fut exclu 24 heures plus tôt dans des circonstances comparables. Forcément ce penalty renvoyait deux ans plus tôt, quand le même Abidal fauchait Toni et que Pirlo ouvrait la porte de sortie aux Bleus en trompant Coupet (0-2).

Comme en 2008

Le 17 juin 2008 fut la fin d'un désastreux Euro. Le 17 juin 2010 l'éclatante mais terrible confirmation que rien n'a changé. Aucun esprit d'équipe n'a émergé en deux années. Blanco, le vétéran mexicain connu pour son coup du crapeau lors du Mondial en France, après dix bon mètres d’élan trompa Lloris sur sa droite (79e). 2-0, logique. Et même clément car la France n'a même pas eu un petit sentiment de révolte.
Statistiquement, la France a eu le ballon (53%), a réussi davantage de passes (68% contre 66%), a eu plus de corners (sept contre un), mais n’a pas joué. Le jeu en mouvement, fait de passes courtes, était mexicain et les actions allaient avec. Comme les intentions quand Aguirre a fait entrer deux attaquants en seconde période, buteurs en plus, alors que la France n'en faisait que deux, postes pour postes. Comme un symbole, ce limpide succès est historique. Le premier de l'histoire de la Tricolor contre la France. Le match contre l'Afrique du Sud pourrait (va?) revetir un autre symbole : l'enterrement un brin précoce de l'ère Domenech en équipe de France et de quelques joueurs (Gallas, Henry, Anelka, Govou) avec lui, face à la nation contre qui l'aventure de 1998 avait débuté. Une si lointaine époque où la France gagnait et allait faire rever un peuple entier. Aujourd'hui la France du football n'est plus qu'un cadavre qui attend une dernière poussé, même infime, pour tomber à la renverse.



Le film du match :
9’ : Vela part dans le dos de Sagna pour ensuite frapper lourdement à l'entrée gauche de la surface. Son tir passe légèrement au-dessus de la transversale.
27’ : Belle parade de Lloris sur un nouveau tir de Salcido qui avait échappé à Sagna sur le côté gauche. La frappe en angle fermé du latéral mexicain est boxée par le portier lyonnais.
54’ : Malouda crochète Marquez pour s'ouvrir le chemin du but mais son tir flottant est bien détourné par Perez en corner.
64’ : Lancé dans le dos de la défense française et à la limite du hors-jeu, Hernandez dribble Lloris sur sa sortie et marque tranquillement dans le but vide. 1-0
79’ : Penalty sifflé en faveur du Mexique, Abidal accroche Barrera. Blanco transforme d'un tir précis sur la droite de Lloris pourtant parti du bon côté. 2-0

Réactions :
Raymond Domenech (L'équipe.fr)
«Aviez-vous senti venir cette défaite pendant la semaine ou bien tombez-vous de l'armoire ?
Je ne fais jamais de projection sur les possibilités, sur le résultat. Avec le staff, on essaie toujours de mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Après, il y a ce qui se passe sur le terrain... Quand on perd un match avec l'équipe de France, on est toujours déçu. Quand on sait que la qualification ne dépend plus de nous directement, c'est encore plus décevant. C'est pour ça qu'on est triste ce soir.
Quelles chances de vous qualifier vous reste-il ?
Ça ne dépend pas de nous. A partir de là... C'est plus par orgueil et pour la fierté qu'on se doit de jouer ce dernier match. On se doit de montrer quelque chose.
Craignez-vous que l'Uruguay et le Mexique s'entendent pour faire un nul ?
Ce n'est pas mon problème, je n'en m'en préoccupe pas. Je ne fais pas de supputations sur ce qu'ils vont faire.
Comment votre équipe en est-elle arrivée à cette situation ?
Pour le moment, je n'ai pas d'explication à ça. J'ai un état d'esprit, une déception, une grosse tristesse. On a deux ou trois jours pour reprendre sur d'autres bases mais avant de reconstruire, il faut faire l'état des lieux. Il nous reste une infime chance. Il faut au moins la jouer. Pour le moment, la Coupe du monde n'est pas terminée. On ne fera les bilans qu'après.
A titre personnel, avez-vous quelque chose à vous reprochez ce soir ?
Certainement, oui.
Quoi ?
Ça m'appartient»

Javier Aguirre (sélectionneur du Mexique):
« Ça a été un match très équilibré, dans lequel le premier qui allait marquer devait gagner. Ça a été une victoire très difficile, très dure pour nous. Les Français nous ont pressés dès le début du match et la première période a été très difficile pour nous. Ça a été plus facile en deuxième période. Ça fait trois mois que nous sommes ensemble, l'équipe est bien rodée, et avec le potentiel offensif qui est le nôtre, on essaie toujours de bousculer l'adversaire. Il nous reste maintenant 90 minutes, contre l'Uruguay, pour atteindre notre premier objectif, la qualification pour les 8es de finale.»

Javier Hernandez (auteur du premier but du Mexique):
«Je suis surtout content de cette victoire, plus que pour mon but ou pour le titre de meilleur joueur du match. On voulait donner de la joie à notre pays ce soir. Mais cette victoire est un premier pas, il nous reste un long chemin à faire. Pour l'instant, on ne pense pas au match contre l'Uruguay, on veut profiter de cet instant». (AFP)

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