vendredi 18 juin 2010

Ou sont les favoris ?

Cette deuxième journée de phase de poules est étrange, comme ce Mondial hivernal dans son ensemble. Les grosses nations patinent, après le Brésil, l'Italie ou l'Espagne lors des premiers matches, c'est au tour de l'Angleterre et de l'Allemagne de coincer. Si le lieu commun veut qu’il vaille mieux être prêt à partir des huitièmes de finale, les faiblesses constatées inquiètent. La France n’y est vraiment pas, n’y revenons pas. En revanche l’Angleterre subjugue. Après avoir survolé les qualifications (neuf victoires en dix matches) plein de certitudes le peuple de la rose doute. Pourtant il a le sélectionneur, Fabio Capello, au talent reconnu et au palmarès garni. Il a les cadres Rooney, Lampard, Terry et Gerrard - tous décevants. Alors il n’a pas de gardien, ce n’est pas nouveau, mais à ce stade ce n’est pas rédhibitoire. C’est dans le jeu que le bas blesse. A tel point qu’une élimination au premier tour commence à prendre corps. Après les Etats-Unis (1-1), l’Algérie lui a posé des problèmes. Une Algérie solide, équilibrée et parfois joueuse. Tout ce jouera lors de la dernière journée. Peu probable vue la supposée supériorité de british qui devront battre la Slovénie pour éviter toute désillusion. Il conviendra de livrer une autre prestation. Pour l’Algérie, la qualification est aussi simple. Dominer les USA et viva l’Algérie. Des Américains renversants contre la Slovénie. Menés 2-0 ils sont revenus et auraient même pu l’emporter.
Autre favori en souffrance, l’Allemagne. Mais son cas est différent. Suite à une entrée en matière tonitruante contre l’Australie (4-0), le sort, en sa faveur, s’est retourné. Une expulsion sévère de Klose en première période, un but de Jovanovic quelques minutes plus tard. Une barre transversale de Khedira, un penalty de Podolski repoussé. Alors, certes la Serbie a glané son premier succès en coupe du Monde, mais l’Allemagne n’est pas en danger, pas encore. Seulement une nouvelle contre-performance face au Ghana pourrait être fatale. Et un jour sans collectif est toujours possible. C’est à ce cas de figure que les Allemands et les Anglais ne se sont pas protégés. L’Argentine si.
Mais dans l’histoire de la coupe du Monde les exemples de nations démarrant au petit trop pour finir la coupe entre les mains sont légions. Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.



Le lièvre et la tortue de Jean de La Fontaine :

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Etes-vous sage ?
Repartit l'animal léger.
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore.
- Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
J'entends de ceux qu'il fait lorsque prêt d'être atteint
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la Tortue
Aller son train de Sénateur.
Elle part, elle s'évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. A la fin quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l'emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?

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